Comme beaucoup de surfeurs, le jeune californien Timmy Turner a connu l’Indonésie et en est tombé amoureux.

Il a vite compris qu’en sortant des sentiers battus en Indo, il augmentait encore ses chances de trouver des vagues vierges et parfaites.

Avec ses compères, il se sont retrouvés sur une île déserte pendant 1 mois, dans des conditions plus que précaires, où ils ont tourné le film « Second Thoughts ».

Mais comme bien des surfeurs qui vont trop loin, Timmy et ses potes ont connu de graves problèmes de santé.

Travis Potter a attrapé un neuropaludisme en Indonésie.

Ryan Turner a été victime d’une dengue hémorragique également en Indo et a dû être hospitalisé 3 semaines dans un hôpital balinais.

Son frère Timmy avait contracté avant eux une grave infection à l’intérieur de son crâne qui s’était déclarée alors qu’il était chez lui en Californie à la fin de l’année 2005.

Mais comment Timmy Turner a-t-il pu attraper une si grave infection ?

COLD THOUGHTS

Flashback en 2005 : après une convalescence suite à une fracture de cheville, Timmy s’était remis à s’entraîner. Il nageait autour d’Huntington Pier et il pense que c’est dans l’eau polluée après les pluies qu’il a contracté cette infection.

Les médecins n’ont pas de preuve de l’hypothèse de Timmy mais il semblerait que l’infection ait commencé par une sinusite avant d’attaquer le lobe frontal de son crâne.

Timmy avait été admis au Hoag Hospital de Newport Beach le 15 décembre 2005 dans un état critique : céphalées intenses, fièvre élevée, troubles du comportement, exophtalmie…

Une suppuration intra-crânienne à staphylocoques dorés a été diagnostiquée (note de Surf Prevention : probablement empyème sous-dural mais il manque des données médicales dans les articles que nous avons pu lire dans les revues de surf qui en ont parlé).

Le Docteur Philip Robinson de l’Infection Control Committee au Hoag Hospital a déclaré que sur une échelle de 1 à 10, le stade infectieux de Timmy pouvait être évalué à 10+.

Timmy Turner a sombré dans le coma en réanimation.

L’opération de la dernière chance consistait en une hémicrâniectomie décompressive (opération pratiquée pour des accidents vasculaires cérébraux massifs). Pour diminuer la pression du pus sur son cerveau, une portion significative de son crâne a donc été enlevée.

C’est le neurochirurgien Richard Kim qui a réalisé l’intervention : il a déclaré avoir été impressionné par la quantité de pus et de tissu inflammatoire qui recouvrait toute la surface du cerveau de Timmy.

Les médecins n’étaient pas optimistes du tout après cette première intervention : ils pensaient que Timmy garderait de lourdes séquelles, si jamais il survivait…

Ses proches se préparaient au pire et un prêtre était venu lui donner l’Extrême-Onction.

Mais après moult complications en réanimation (dont un syndrome de détresse respiratoire aiguë sur infection pulmonaire à staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM)), l’état de Timmy a fini par se stabiliser.

Quand Timmy est sorti du coma au bout de 3 semaines, le miracle s’est produit: il pouvait comprendre ce qu’on lui disait et il pouvait bouger, même s’il restait encore paralysé de l’hémicorps droit.

Timmy avait perdu beaucoup de poids (une vingtaine de kilos) et on lui avait retiré plus de la moitié de son crâne, laissant une dépression concave sous son scalp avec le cerveau à même la peau. Les neurochirurgiens lui ont également mis en place une dérivation ventriculo-péritonéale de son liquide céphalo-rachidien.

Il a progressivement récupéré ses capacités motrices pendant la rééducation.

En avril 2006, le Dr Kim lui a fixé une prothèse sur mesure pour reconstituer sa boîte crânienne à l’aide de 15 vis. Après cette 6e opération, cela faisait presque 4 mois que Timmy n’avait pas surfé…et les médecins lui avaient préconisé de s’abstenir pendant encore 3 mois. Mais Timmy n’en a fait « qu’à sa tête » et est retourné surfer à la mi-mai à Huntington Beach car les conditions étaient bonnes…

Le Dr Robinson a néanmoins convaincu Timmy de ne plus voyager dorénavant vers des destinations tropicales pour éviter une nouvelle maladie infectieuse comme le paludisme par exemple. Les infections à staphylocoques seraient également plus fréquentes chez les surfeurs dont la peau est exposée aux plaies sous les tropiques que chez ceux qui surfent des spots plus froids avec une combinaison.

Timmy Turner a pris ce conseil médical au pied de la lettre : il évitera dorénavant l’Indo mais ira découvrir des destinations plus froides comme l’Islande, le Chili, New York ou encore la Colombie-Britannique en prévision de son prochain film « Cold Thoughts ».

Il a retrouvé un bon niveau de surf et fait partie du team Rip Curl.

L’article de Surfer Magazine qui sert de référence à ce billet a été écrit sur l’île de Vancouver au Canada.

Finalement Timmy continue de vivre sur le fil du rasoir dans des destinations isolées : il a juste remplacé les dangers tropicaux par d’autres risques comme les risques d’attaques de grizzli ou de couguar ou encore d’hypothermie

Mais ce père de famille n’est pas complètement inconscient : il a une vie bien réglée quand il est chez lui à Huntington où il bosse au restaurant familial : le « Sugar Shack ». Il prépare méticuleusement chacun de ses trips et emmène de véritables kits de survie pour parer aux situations les plus graves : il a même pris l’habitude de suturer ses potes en cas de large plaie quand l’hôpital le plus proche se trouve trop loin…

Timmy connaît maintenant les risques, mais il n’a pas peur de les affronter dans sa deuxième vie…

Référence : Article « Second Incarnation » par Alex Wilson (Surfer Mag June 2009).

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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