Ce qu’il y a de bien avec les champions de surf, c’est qu’ils sont beaucoup plus accessibles que les stars du football par exemple (si l’on excepte le surfeur Bixente Lizarazu et le néo-bodyboardeur Cristiano Ronaldo  😉 ). On peut par exemple les approcher à l’occasion d’une session et discuter avec eux sans problème. On a beaucoup plus de chances de se retrouver un jour à l’eau avec Kelly Slater que de taper un foot avec Zinedine Zidane… J’ai eu l’occasion aujourd’hui de rencontrer le nouveau champion du monde de bodyboard Amaury Lavernhe dont nous avions parlé après sa victoire marquante à Pipeline et après son titre obtenu à Sintra au Portugal. Amaury était aujourd’hui présent à la conférence de presse de la société Hoff qui le sponsorise et distribue ses planches de bodyboard Sniper. Sympatique, ouvert et encore sur un petit nuage après son titre qu’il ne réalise pas encore tout à fait, Amaury nous a raconté les coulisses de son authentique exploit et a accepté de répondre à nos questions. Voici quelques morceaux choisis de son intervention.

Amaury Lavernhe - champion du monde de bodyboard IBA 2010

Amaury Lavernhe ne s’attendait pas vraiment à être sacré champion du monde mais à mesure qu’il passait des tours au Portugal, il y a cru de plus en plus fort. Il a d’abord cru être sacré après sa victoire en quarts contre Winchester puis après celle en demie face à Jeff Hubbard avant de se rendre compte qu’il devait battre Guillermo Cobo en finale pour s’assurer son titre. Pendant cette finale justement, il est arrivé une mésaventure assez incroyable à Amaury : au bottom-turn de sa première vague, il a perdu l’une de ses palmes ( il n’avait pas mis d’attache-palmes mais s’est promis d’en mettre dorénavant). Comme il ne pouvait pas s’arrêter en début de vague pour rechercher sa palme dans l’eau, il a continué toute la série avec une seule palme et s’est retrouvé handicapé pour retourner au fond et gagner la priorité sur son adversaire. Mais Amaury avait un bon karma sur cette compétition, Cobo lui a même laissé une vague alors qu’il avait la priorité et il a finalement remporté la victoire qui lui assurait le titre mondial.

Amaury a tenu à remercier ses proches et notamment sa maman Véronique présente à ses côtés lors de la conférence de presse. Il a également eu une pensée émue pour les trois personnes trop tôt disparues à qui il pense systématiquement avant de surfer : son père et ses amis bodyboardeurs David Legleye et Matthieu Walbrou. Il leur a dédié sa victoire. L’ironie du sort veut que David et Matthieu aient trouvé la mort quelques années plus tôt dans un accident de la route en revenant justement de Sintra au Portugal…

Amaury a insisté sur les conditions optimales dans lesquelles il s’est retrouvé sur cette compétition du Portugal. Grâce au soutien de sa famille, de ses amis et de ses sponsors, Amaury a pu se concentrer exclusivement sur la compétition et vers son objectif d’aller le plus loin possible.

Pour devenir champion du monde de bodyboard, Amaury a avant tout adopté une bonne hygiène de vie en mangeant sainement, en évitant de consommer de l’alcool et en ne fumant pas. Au niveau de sa préparation physique, Amaury pratique bien évidemment régulièrement le bodyboard. C’est également un adepte de la plongée sous-marine. Comme sports complémentaires du surf, il pratique le jiu-jitsu brésilien, le vélo. Il pratique également le yoga et le stretching. Tout comme Laird Hamilton, Amaury Lavernhe privilégie la régularité dans son entraînement. Il n’aime pas passer 3 jours d’affilée sans pratiquer une activité physique même si les sollicitations médiatiques, auxquelles il se prête de bonne grâce, vont l’obliger à passer un peu moins de temps dans l’eau et plus de temps à répondre aux interviews.

Amaury Lavernhe s’est bien préparé physiquement mais il a également accordé une grande importance à la préparation mentale avec des techniques d’imagerie mentale qui lui ont permis de s’imaginer sur les vagues et sur le podium au Portugal avant que cela ne devienne réalité.

Amaury n’a pas de coach ou de préparateur physique ou mental mais a néanmoins cité l’influence de Michel Plateau et de Christophe Mattei pour la préparation mentale. Amaury est adepte de la sophrologie et il perfectionne ses connaissances en lisant des livres comme « Préparation Mentale en Sports Individuels ».

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Amaury n’est pas encore reconnu comme champion du monde par le ministère de la Santé et des Sports français. Pour être reconnu, Amaury aurait dû remporter le titre ISA : le hic c’est qu’il n’y a plus de catégorie bodyboard sur les compétitons ISA… Il faut donc impérativement que ce circuit IBA de bodyboard soit reconnu par nos autorités sportives pour qu’Amaury bénéficie de toute la reconnaissance qu’il mérite.

On a enfin appris pourquoi on le surnommait « Mozir » ou « Moz » : il y avait deux Amaury quand il était à l’école et ses camarades de classe à la Réunion avaient pris l’habitude d’appeler l’un d’eux Momir et l’autre Mozir. Ce surnom qui avait presque été oublié pendant ses études à Bordeaux est ressorti récemment et maintenant même les pros du tour IBA l’appellent « Moz ».

Pour l’anecdote, Amaury Lavernhe portait un bracelet magique à la conférence de presse mais il ne nous a pas expliqué le rôle qu’il avait joué sur son équilibre 😉

Amaury rentrera ce jeudi sur son Ile de la Réunion où il devrait être accueilli triomphalement. Il envisage ensuite de revenir sur la Côte Basque pour les Championnats de France qui se dérouleront en octobre à la Grande Plage de Biarritz : il espère y participer comme compétiteur mais également comme encadrant pour les bodyboardeurs réunionnais. De manière plus générale, Amaury est prêt à s’investir pour donner enfin au bodyboard toutes ses lettres de noblesse. Il veut s’impliquer pour qu’il y ait enfin à nouveau une compétition majeure de bodyboard à la Réunion, peut-être à Saint-Pierre, 10 ans après la dernière compétition de haut niveau sur l’île. Il a soulevé ce paradoxe comme quoi la plupart des compétitions de bodyboard avaient lieu dans des destinations de la péninsule ibérique (Espagne, Portugal) et de l’Amérique Latine (Chili, Pérou, Mexique…) alors que des pays « riches » où l’on pratique le bodyboard comme la France ou l’Australie sont peu représentés. Mais cela pourrait changer dès la prochaine édition du tour avec une épreuve prévue à The Box notamment…

Laissons le mot de la fin à Amaury :
« Tout ce que je fais, je ne le fais pas pour moi. C’est d’abord pour le bodyboard, ce sport-passion, qui est toute ma vie. Ces projets sont pour le sport français, pour tous les bodyboarders de mon pays qui ont besoin de reconnaissance et d’encouragements. Et pour mon île, La Réunion, qui a un énorme potentiel tant par ses spots fabuleux, sur lesquels je surfe toujours avec le même bonheur depuis plus de 10 ans que par ses riders d’un excellent niveau. Je ne veux pas porter seul ces lauriers, il faut les faire pousser et porter leurs fruits. Avec ce titre, j’ouvre juste une nouvelle page dans l’histoire de ce sport, je veux créer de nouvelles opportunités, donner envie d’oser. Sinon, ça sert à quoi d’être champion ? »

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1 commentaire

  1. HAYMES Terry dit :

    Bravo a ce Réunionnais!Je fait du bodyboard a Tahiti.J'habites là_bas.Il y a vraiment d'excellents spot de surf et de bodyboard!Merci les champions de France (toutes disciplines) de nous faire rêver de plus en plus. C vraiment dommage qu'il y a pas beaucoup de compétitions pour les jeunes.(Poussins,Benjamin,minimes).Merci.

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