La crise a bon dos ! C’est elle qui expliquerait en partie la hausse alarmante du tabagisme selon la Ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot (un chômeur sur deux fumerait). On a beau gesticuler avec des campagnes de prévention à l’impact incertain et des mesures qui font long feu (cf. les images chocs sur les paquets de tabac), le nombre de fumeurs continue d’augmenter inexorablement pour la plus grande satisfaction du lobby du tabac. Voici les derniers chiffres rendus publics aujourd’hui avec une hausse d’au moins 500.000 fumeurs en 5 ans. Chez les personnes qui ont entre 15 et 75 ans, la proportion de fumeurs quotidiens a augmenté de 2% entre 2005 et 2010 en passant de 26,9 % à 28,7 %.

D’après les premiers résultats du Baromètre Santé 2010, les chiffres de l’évolution du tabagisme* révèlent une première hausse significative du tabagisme depuis la Loi Evin. La baisse du tabagisme observée chez les hommes depuis les années 1970 semble terminée et on assiste même à une reprise du tabagisme chez les femmes, en particulier chez celles qui sont nées entre 1945 et 1965. Lire l’article sur les risques spécifiques du tabagisme chez les femmes.

L’augmentation de la prévalence du tabagisme quotidien est forte chez les femmes (de 23,0 % à 25,7 %) mais est moins spectaculaire chez les hommes (de 31,0 % à 31,8 %). Chez les femmes, la hausse apparaît particulièrement forte, de 7%, chez celles âgées de 45 à 64 ans (passant de 16,0 % à 22,5 %) et moins importante dans les autres tranches d’âges.

Chez les hommes jeunes âgés de 20 à 25 ans, la prévalence du tabagisme quotidien a baissé de quasiment 5% en passant de de 47,0 % à 42,2 %. En revanche, elle augmente chez les hommes âgés de 26 à 34 ans, passant de 41,2 % à 46,7 %.

Pour parvenir à inverser la tendance, il faudrait radicaliser la prévention comme le font les Américains ou les Australiens et ne pas crier au scandale quand une association dénonce l’asservissement des jeunes au tabac (cf. campagne choc anti-tabac DNF).

*Source : François Beck, Romain Guignard, Jean-Baptiste Richard, Jean-Louis Wilquin, Evolutions récentes du tabagisme en France, Inpes, à paraître.

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3 Commentaires

  1. Randall dit :

    "Il faudrait radicaliser la prévention" dites-vous : ce n'est pas ce que j'ai compris de l'analyse des spécialistes de l'INPES… Faire comme cette pratique militaire : on tire d'abord à l'aveugle, on regarde ensuite les dégâts ?

    C'est comme moi si je voulais faire diminuer les risques du surf en traitant les surfeurs de fous, d'irresponsables, de moins que rien. On ne pourra réduire le tabagisme sans manifester un profond respect pour les fumeurs. Un jeune se met à fumer parce qu'il a du mal à s'insérer dans la société, parce qu'il souffre : ce n'est pas en le stigmatisant qu'on l'aide.

    La politique passée est en échec complet : désolé, cette vision dogmatique et infondée d'une prévention dure n'est pas convainquante.

  2. Guillaume dit :

    Quand je dis qu'il faudrait "radicaliser" la prévention, je veux dire qu'il faudrait augmenter les efforts en ce sens au lieu de se contenter d'un spot de prévention de temps en temps pour se donner bonne conscience et faire croire que l'on agit.

    Je ne partage pas tout à fait votre raisonnement. Pour réduire le tabagisme, il faudrait surtout intervenir AVANT que les gens ne se mettent à fumer.

    Et arrêtons de faire croire que les personnes qui fument sont mal dans leur peau ou sont au chômage. La plupart des fumeurs que je vois en consultation ne sont absolument pas en souffrance et vivent bien leur tabagisme. Mais il leur manque souvent une connaissance des effets délétères de leur intoxication pour se motiver à arrêter de fumer. Je vois de plus en plus de jeunes patients qui ne savent même pas que le tabagisme est néfaste pour leur santé.

    Je constate par exemple que les femmes fument surtout parce qu'elles croient que la clope leur permet de garder la ligne (ou parce qu'elles ont peur de prendre du poids en arrêtant). Tant qu'on ne luttera pas contre ces arguments de vente fallacieux du tabac, le tabagisme féminin aura de beaux jours devant lui.

  3. Randall dit :

    En faire plus : bien sûr, mais pas en intensifiant ce qui ne marche pas.

    Ce qui marche, ce ne sont pas les campagnes de l'INPES. Celles de Help faites par l'agence Ligaris sont plus pertinentes.

    Mais parler de tabagisme aux jeunes n'est pas évident. On a tout essayé je crois, sans succès notable. La santé, ils s'en foutent pas mal.

    C'est la raison pour laquelle j'imagine que si les parents fumeurs sont aidés à cesser le tabagisme, les enfants seront moins enclins à imiter ce modèle d'adulte fumeur. Pour les anti-tabac, aider les fumeurs n'est pas une tactique valable : à mon avis c'est une erreur…

    Il faudrait diversifier les expériences, les stages de surf pouvant en faire partie : on ne fume pas sur une planche hein ?

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