On commence à y voir plus clair dans l’affaire de la bagarre de Burleigh Heads entre un surfeur local et deux surfeurs professionnels. Mais alors que l’implication de Jérémy Florès et de Sunny Garcia dans cette échauffourée ne semble plus faire de doute, il se pourrait qu’ils s’en tirent à très bon compte. Peut-on pour autant tolérer ces actes de la part de champions de surf ?

La rixe se serait déclenchée après une anicroche entre Adam Clarke, 21 ans, surfeur local de Burleigh Heads, et Stone Garcia, 16 ans, le fils aîné de Sunny Garcia. Stone est débutant en surf et il serait passé un peu trop près du local qui aurait pris la mouche (à mettre au conditionnel). Jérémy Florès a déclaré sur son blog avoir agi pour prendre la défense du fils de Sunny Garcia, soi-disant menacé par ce même local. A un détail près que Stone Garcia est tout sauf un freluquet ; cet ancien espoir du football américain est même un sacré gaillard pour son âge. En le voyant, on imagine mal qu’il ait eu besoin d’un grand frère pour se défendre ; c’est d’ailleurs le seul à rester cool pendant que les autres se battent (le plus à droite sur la photo).

C’est cette séquence photo publiée hier par Australia’s Surfing Life qui a relancé les commentaires sur cette affaire. Sur les images, Sunny Garcia intervient clairement pour prêter main forte à son ami Jérémy Florès qui est en train de se battre avec le local. Mais malgré la violence de la scène, malgré le fait qu’elle ait été filmée, photographiée et visionnée par des dizaines de milliers d’internautes, il se pourrait que ni Garcia ni Florès ne soient inquiétés dans cette affaire.

Compte-tenu de ses antécédents, Sunny Garcia risquait très gros sur cette affaire où il aurait violenté non pas une mais deux personnes (le surfeur local puis une autre personne qu’il aurait poursuivie sur un parking). Pour se sortir de ce mauvais pas, il a engagé l’un des avocats les plus réputés d’Australie, Chris Nyst. Un « arrangement à l’amiable » aurait été trouvé avec le surfeur local qui n’a finalement pas porté plainte.

L’autre personne agressée qui avait porté plainte l’a retirée dès le lundi. Cet homme de 37 ans aurait eu peur pour sa sécurité et celle de sa famille suite à des menaces qu’il aurait reçues suite à ses déclarations à la télé australienne. Il a déclaré avoir peur de représailles si Garcia allait en prison. Il a donc quitté l’Australie pour le Brésil pour se mettre en sécurité… Qui a parlé de loi du silence ?

Les deux victimes de ces violences ont renoncé à porter plainte. Plus grave, on n’a même pas entendu la version des faits du local Adam Clarke alors que plusieurs medias australiens ont tenté de l’interviewer, sans succès… On s’en tiendra donc à la version des faits de Jérémy Florès et de l’avocat de Sunny Garcia. La police risque donc de classer cette affaire alors que des violences ont bien été commises.

Reste à savoir ce que va décider l’ASP. Déjà taxée de laxisme par rapport au dopage, elle pourrait se voir reprocher de fermer les yeux sur la violence pendant les compétitions (Sunny Garcia avait déjà eu maille à partir avec Neco Padaratz à Pipeline en 2007). L’ASP, qui tarde à faire connaître sa décision, risquerait de fâcher certains surfeurs hawaiiens si elle sanctionnait sévèrement Sunny Garcia, et on sait qu’Hawaii est une étape clé du circuit professionnel de surf.

Le sponsor de Florès ne semble pas s’émouvoir plus que ça de cet événement. Le manager Steven Bell a déclaré à The Australian que Quiksilver soutenait totalement Jérémy.

Le plus inquiétant dans cette histoire est qu’elle risque de normaliser la violence sur les spots. Combien de témoignages a-t-on pu lire sur Internet cautionnant ce geste « parce que le surfeur local était un blaireau », « parce qu’il avait embêté Stone Garcia et/ou Jérémy Florès », « parce qu’il avait protesté après une vague taxée »… Non les mecs, RIEN ne justifie la violence dans ces cas-là. Et on tombe des nues quand on lit Jérémy Florès écrire sur son blog : « Je ne regrette rien de ce que j’ai fait… ».

Au départ, il s’agissait juste d’un conflit banal pour un motif dérisoire, comme on peut tous malheureusement en connaître quand on va surfer. Quand tu t’embrouilles avec quelqu’un dans l’eau, tu as deux solutions : calmer le jeu et lâcher l’affaire en ramant dans une autre direction ou accepter la bagarre. C’est apparemment la deuxième solution que les surfeurs ont choisi. Peu importe de savoir qui a cherché qui. Même si le local s’est montré agressif en premier, Florès n’avait pas à se lancer dans un combat contre lui.

Alors l’ASP doit-elle sanctionner Garcia et Flores ? Compte-tenu de ce qui s’est passé et du tollé que cela a déclenché, on a du mal à croire que Flores pourrait participer au Quiksilver Pro. Garcia ayant déjà écopé d’une compétition ferme de suspension, il paraîtrait logique que le surfeur français connaisse au moins une suspension symbolique. Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas partisan d’une amende ou d’une suspension de compétition prolongée contre-productives à l’encontre des deux surfeurs. Mais j’aimerais au moins qu’ils fassent publiquement leur mea culpa et s’engagent dans une démarche de prévention de la violence sur les spots. C’est trop facile de dire « je déteste la violence », encore faut-il le prouver par ses actes. Tous les surfeurs pro ont connu des embrouilles dans l’eau, y compris Kelly Slater, ce n’est pas pour autant qu’ils en sont venus aux mains. En tous cas, ils ont évité de le faire en pleine compétition sur une plage bondée devant des caméras. C’est peut-être ça aussi le professionalisme.

Surf Prevention condamne toutes formes de violence dans l’eau. Il y a assez de conflits comme cela dans le monde en ce moment pour souhaiter ardemment que nos spots de surf restent le dernier havre de paix. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas banaliser cet acte de violence.

Plus d’infos : http://www.theaustralian.com.au/news/sport/video-of-fighting-pro-sufers-is-water-off-a-ducks-back/story-e6frg7mf-1226011564309

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29 Commentaires

  1. Pour l'anecdote, des surfeurs, qui n'en ratent pas une pour taquiner les Stand-Up Paddle, ont reproché au SUPer sur la photo de ne pas être intervenu avec sa pagaie pour faire stopper les hostilités…

  2. Raph dit :

    Je ne pense pas que l'ASP puisse vraiment sanctionner Flores. Flores ne s'est pas battu avec un autre competiteur et l'incident s'est passé en dehors de la zone de compétition, donc je ne crois pas que ça rentre dans le cadre du réglement de l'ASP.
    Cependant avant cette baston, Flores avait déjà une belle réputation de merde dans les médias américains et australiens. Je trouvais ça jusqu'alors injustifié, mais je crois que l'incident de BH (que Flores soit en tort ou non, je pense qu'on ne saura jamais) a donné toutes les raisons qu'il fallait à ces médias pour lui donner une mauvaise presse.
    Je crois que c'est une punition largement suffisante. Flores a un long chemin à faire vers sa rédemption médiatique. Les volées de huées qu'il va se prendre par le public australien au Quik Pro vont bien le lui montrer.
    C'est quand même malheureux de commencer un début de saison prometteur comme ça!

  3. Vincent dit :

    "Flores avait déjà une belle réputation de merde dans les médias américains et australiens" …
    C'est à dire?

    • Guillaume dit :

      Il ne faut pas exagérer avec "la mauvaise réputation" de Flores. Il s'est entraîné pendant des années sur la Gold Coast et y compte de nombreux amis. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde mais il ne faut pas prendre les commentaires de quelques internautes "jaloux" pour une généralité. Ce qui est sûr, c'est que même parmi ses amis, tout le monde n'a pas applaudi des deux mains après ce qui s'est passé comme on peut le lire dans les commentaires de son blog.

  4. jul dit :

    surf prévention condamne toute forme de violence dans l'eau mais aime bien entretenir la polémique en tout cas ! vive les cachets roses et les nounours tout va bien on peu se recoucher…

  5. Ce n'est pas une polémique mais plutôt un débat autour de ce que vous pensez de cette histoire. "Surf Prevention" aime bien suivre un dossier jusqu'au bout plutôt que de s'en tenir à la dépêche tronquée du début de l'affaire puis de passer à autre chose comme le font la plupart des médias.

  6. steph dit :

    Je trouve cet article exagéré dans ses conclusions:

    "Cet homme de 37 ans aurait eu peur pour sa sécurité et celle de sa famille suite à des menaces qu’il aurait reçues suite à ses déclarations à la télé australienne. Il a déclaré avoir peur de représailles si Garcia allait en prison. Il a donc quitté l’Australie pour le Brésil pour se mettre en sécurité… Qui a parlé de loi du silence ?"

    Ben, personne, le conditionnel est de mise, et jusqu'à plus ample informé, il ne s'agit pas de faits avérés. Donc, des suppositions, basées notamment sur la réputation de Garcia. cela ne suffit pas à évoquer la "loi du silence".

    "Les deux victimes de ces violences ont renoncé à porter plainte. Plus grave (…)"

    Les deux victimes n'ont peut être pas "renoncé", mais "décidé"…De ce fait, l'adjectif "grave" n'est pas approprié dans la phrase suivante.

    " (L'ASP) pourrait se voir reprocher de fermer les yeux sur la violence pendant les compétitions"

    Ce qui n'était pas le cas en l'espèce.

    "Le plus inquiétant dans cette histoire est qu’elle risque de normaliser la violence sur les spots."

    la violence, sur les spots ou ailleurs, n'est pas du à un évènement isolé, cet évènement ne sera pas la cause d'une quelconque recrudescence de la violence, la violence est un mal bien plus général et global. La société occidentale, de part sa culture et ses actes, encourage une violence quotidienne et globalisée. cela n'excuse en rien les faits, mais met à mal une quelconque théorisation du "mauvais exemple".

    "il paraîtrait logique que le surfeur français connaisse au moins une suspension symbolique"

    Il a été suspendu de la compétition à laquelle il participait.

    "Surf Prevention condamne toutes formes de violence dans l’eau."

    J'ajouterais, "et ailleurs"…Néanmoins, compte tenu du monde dans lequel nous vivons, je paraphraserais un meilleur penseur en disant, "je suis pacifiste, mais je ne suis pas non-violent"…

    • Steph a dit : "il ne s’agit pas de faits avérés. Donc, des suppositions, basées notamment sur la réputation de Garcia. cela ne suffit pas à évoquer la « loi du silence »."

      Ces allégations sont basées sur les déclarations que cette personne a faites à la presse : http://www.couriermail.com.au/news/queensland/cam

      • steph dit :

        Entièrement d'accord! En partant du postulat que cet article rend compte effectivement des déclarations de la police (ce qui n'est pas entièrement clair, en tout cas pas "sourcé")(d'où ton emploi opportun du conditionnel), cela ne voudrait pas pour autant impliquer que Garcia lui même soit l'auteur de ces menaces, voire l'initiateur, même indirect. D'où ma remarque sur le fait que l'on ne pouvait pas parler de "loi du silence".

        je me permets ces réflexions because comme je le disais plus tôt, dans ce genre d'affaires, outre la difficulté de connaître les faits, on a beaucoup de mal à apprécier réellement les implications et à éviter les réflexions personnelles et subjectives.

        Je suppose ton intention de vouloir condamner la violence par ce biais, mais je crains que justement, la subjectivité et la méconnaissance des faits ne permettent pas de discuter le sujet "froidement".

        Mieux vaudrait peut être en faire un sujet global, hors de tout contexte et réactions "à chaud".

  7. Si le cas Sunny GARCIA ne semble plus émouvoir personne sa carrière étant plus derrière lui que devant, il serait dommage que Jeremy ne viennent gâcher la sienne avec ce genre de mauvaise publicité. D'autant que d'anciennes histoires commencent à ressortir comme le jour où il a envoyé promener un jeune fan qui lui demandait un autographe après une série (article sur surf session).

    Des erreurs de com' qui s'accumulent et qui font l'affaire de ses concurrents, car pendant qu'on met la pression sur le jeune français qui faisait parler de lui il y a quelques mois pour sa victoire au Pipe, les autres surfeurs du tour peuvent plus facilement évacuer la pression médiatique.

    Quoiqu'il en soit, le prix du "fair play" ne fait plus rêver les sportifs de haut niveau. C'est bien dommage, car s'il y avait une véritable différence entre un sportif de haut niveau (SHN) et un sportif lambda, c'était bien la capacité du SHN a se maîtriser, à maîtriser son image et à se porter en exemple auprès du jeune public.

    Des valeurs qui semblent s'envoler avec le temps, et avec nos anciens champions qui disparaissent du circuit.

  8. videl dit :

    Le débat serait plûtot:

    Le surf sport doit il être un sport de Bisounours?

  9. Wakfu dit :

    Très bon article, vraiment. Comme vous dites, y'a assez de violence dans le monde et on en gagne absolument rien.

  10. mw dit :

    ils paraissent courageux les 2 australiens qui agressent j.flores!
    2 contre 1 quand meme.

  11. sinue dit :

    c est bien cool; l action c est bon

  12. nico de k6 dit :

    le red bull c est plus fort que toi

  13. David dit :

    eh bien dites j'avais déjà bien décroché du surf pro, mais plus ça va moins je me retrouve dans cette discipline, je dois pratiquer un autre SURF parce-que le mien c'est le partage !!!

  14. eric dit :

    le pingpong c mieux c plus cool

  15. Benjamin dit :

    Sanction sportive ou pas, Jeremy a de toute façon était "puni" naturellement en se blessant hier…pas de Snapper Rock pour lui…je crois qu'il doit commencer a croire en la punition "divine"…

  16. evergreen dit :

    Au moins il se fera pas huer par le public… La blessure est arivée juste à temps 😉

  17. Pat dit :

    Y'a peut être pas lieu de disserter trente ans parce que 2-3 mecs se sont tapé sur la gueule, même si c'est des pros. Comparé à d'autres disciplines, le surf est vraiment un sport de chochottes sur ce plan. C'est d'ailleurs pour ça qu'ici ou là tu vas trouver le local qui fait le blaireau en terrorisant des jeunots trouillards par nature, jusqu'au jour où il se fait calmer lui-même devant ses potes par plus coriace que lui….Parlons sport plutôt!

  18. Vankie dit :

    Ehhh le journaliste qui écrit "Même si le local s’est montré agressif en premier, Florès n’avait pas à se lancer dans un combat contre lui", donc on s'en prend plein la gueule et on doit la fermer si je comprend bien…. Eh bien viens par là le journaleux, je vais t'en mettre une, et pour respecter ton éthique de journaliste, tu me tendras l'autre joue hein? non, mais ça va pas là!!!!! Le local a voulu faire son chaud, il doit assumer quand même, c'est quoi cette loi de celui qui tape en premier a le dernier mot????

    • souleyman dit :

      S'il vous plait , ce garçon n'a pas eu son traitement…

      Allez mon petit, avale tes pilules et enfile la grande chemise avec les manches dans le dos…allez allez…kikikikiki.

      insulte moi, ca fait du bien!

      MAIS AVALE TES MEDICAMENTS!!

  19. uhaina54 dit :

    on s'en branle de cette histoire . Faites des articles qui ont de l'interet , please !!!!!

  20. david dit :

    ce blog aime bien remuer la merde ! hallucinant !

  21. souleyman dit :

    je suis pour l'etablissement de differentes regles dans le surf:

    les spots ne doivent etre accessibles qu'aux locaux nés dans un perimetre de 2,5km autour du spot, dont la famille est du coin depuis au moins 50 ans, et dont la consanguinité est authentifiée et avérée par certificat medical delivré par un medecin (lui meme local).

    Je propose egalement d'eliminer les surfeurs qui ne rentrent pas dans ces criteres […].

    Oui, les ETRANGERS nous spolient!!! REAGISSEZ amis surfeurs locaux!! AUX ARMES!!

    Portez tous des chemises noires! et n'oubliez pas la petite moustache ticket de metro et le brassard!!

    Amicalement, Jean Marie , l'ami des locaux.

    [Modéré]

  22. OK puisque ce sujet dégénère jusque dans les commentaires, ne seront plus acceptés que ceux qui argumentent de manière constructive le sujet même de l'article : doit-on tolérer une bagarre sur un spot de surf ? Y a-t-il de "bonnes raisons" ou de "mauvaises excuses" pour en venir aux mains quand on surfe ? Les surfeurs professionnels ont-ils un rôle d'exemplarité à jouer ? Une "sanction" sportive aurait-elle été justifiée pour les protagonistes de cette affaire ? De quel type (amende ? suspension ? excuses publiques ? félicitations du jury à l'ASP banquet ?)

  23. Paillette dit :

    UH quand je vois ça je suis content d'avoir un peu lâché le surfing. A deux sur un mec, bravo Jérémy reconverti […] pour scorer peinard au pipe les vagues les plus safes. Moi qui pensait que ce gars était juste à moitié pas finaud. Quant à Garcia, c'est un délinquant cromagnonesque avéré, c'est pas nouveau. Au secours !

    [Commentaire modéré]

  24. zed dit :

    Amis surfers, sachez que parmi les journalistes surf, beaucoup, comme Steph Cohen (ex rédac chef de surf session), sont partis écoeurés des magouilles de l'asp et de l'industrie, notamment les contrôles antidopages à géométrie variable ou encore le titre plus que discutable de Derek Ho en 1993. L'asp ne fait pas toujours bien son job et enterre toutes les affaires de violences ou de dopages. Ce sont eux qui font passer le surf pro pour un truc de bisounours… Rappelez vous aussi l'agression de Garcia sur Padaratz en série il y a quelques années : enterrée à pas cher. Garcia est un […] type absolument indéfendable. Et notre Florès national ne fait rien d'autre que [fayoter] Sunny pour être protégé sur le North Shore. Humain mais passablement médiocre comme attitude. Jérémy Florès a eu un comportement inqualifiable, frappant le local de Burleigh (peut-être un gros con mais là n'est pas la question) alors que Garcia l'entravait. Une petite frappe, tout simplement. Tout ceci est pitoyable, et les nombreuses réactions violentes et infondées contre [l'auteur du blog] sont une honte. J'espère que Florès va corriger le tir et changer de fréquentations, avec l'aide de son papa peut-être ?

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