C’est une question que de nombreuses personnes se posent en ce moment… J’en connais même qui sortent le moins possible de chez eux depuis le milieu de semaine et l’arrivée supposée du panache radioactif en provenance de Fukushima. Mais ne vous attendez pas à voir un nuage suspect dans le ciel…

Après Tchernobyl, certains se méfient de la communication qui est faite autour de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Inutile cependant pour un particulier d’investir dans un compteur Geiger (prix conséquent à partir de 228 € environ) qui ne détecte pas des taux de faible radioactivité et dont les résultats sont difficiles à interpréter par le profane (ils seraient en rupture de stock).

Il faut dire qu’il y a de quoi être sceptique. On a l’impression que quelle que soit l’étendue de la radioactivité, les autorités se voudront toujours rassurantes, sous caution scientifique. Le climat de suspicion a été renforcé par les révélations de la CRIIRAD qui dénonce la dissimulation de résultats d’analyses de radioactivité de l’air et la sous-évaluation probable de ceux rendus publics.

Une chose est sûre, le panache radioactif a bien commencé à passer au-dessus de la France depuis jeudi 24 mars. L’IRSN (Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire) a détecté des traces d’iode 131 (0,012 mBq/m³ en moyenne) dans l’air prélevé au sommet du Puy de Dôme. La Criirad pense que ce niveau de radioactivité est très probablement sous-évalué car l’air aurait été échantillonné à partir d’un filtre à aérosols qui ne permet pas de piéger l’iode gazeux qui pourrait constituer la part majoritaire de l’iode radioactif présent dans les masses d’air contaminées.

Peut-on se promener en bord de mer sur les côtes françaises sans risque ce week-end ? C’est la question très sérieuse que se sont posés les organisateurs des Initiatives Océanes : sur la home page du site dédié à cet événement, Surfrider Foundation écrit que l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire indique que les concentrations seront sans conséquence sur l’environnement et la santé et qu’il n’y a donc aucun danger pour l’organisation et la participation aux Initiatives Océanes.

L’océan Atlantique étant probablement épargné pour le moment par la pollution radioactive marine (contrairement à l’Océan Pacifique), on pourrait penser que l’air marin est encore pur et que sa teneur naturelle en iode pourrait « protéger » notre thyroïde des particules d’iode radioactive. Celles-ci sont de toute façon moins concentrées qu’au Japon car la demie-vie de l’iode 131 est courte (8 jours), c’est-à-dire qu’il faut huit jours pour que l’iode 131 perde la moitié de son activité (et il a fallu 13 jours pour que le panache radioactif fasse le trajet du Japon à la France).

La radioactivité détectée en France est-elle vraiment sans danger pour la santé ? Même si les concentrations annoncées (sous-évaluées ?) sont très faibles, il est toujours difficile de connaître la dose minimale toxique et d’affirmer à partir de quelle concentration on ne risque vraiment rien pour sa santé. Cette pollution radioactive vient se rajouter à toutes celles que nous subissons déjà au quotidien : la pollution de l’air urbain et de l’air intérieur, l’inhalation active ou passive des produits toxiques du tabac, la pollution chimique omniprésente dans l’eau, dans l’air et les aliments… Sans oublier que nous sommes soumis à une radioactivité naturelle et qu’en ce magnifique week-end de printemps, nous ferions mieux de nous méfier avant tout de la plus énorme centrale thermonucléaire : le soleil, dont les radiations UV menacent directement notre peau.

Bref, dans un environnement déjà fortement pollué, cette micropollution surajoutée pourrait presque passer inaperçue. Mais au lieu de prendre les pollutions individuellement en déclarant pour chacune d’elles que les taux sont dans les normes et qu’il n’y a donc pas de risque pour la santé, les autorités sanitaires feraient mieux de considérer « l’effet cocktail » de ces pollutions qui doit bien avoir un impact négatif sur notre santé.

Il y a une autre question que l’on occulte : celle de l’accumulation de cette pollution radioactive dans le temps. La centrale nucléaire de Fukushima n’a pas fini de cracher son poison et on ne sait pendant combien de temps encore la pollution radioactive va se répandre et s’accumuler dans l’environnement. Plus cela durera, plus le risque augmentera. La pluie pourrait également précipiter des éléments radioactifs au sol.

Pour les autorités sanitaires françaises, comme il ne semble y avoir aucun danger pour le moment, il n’y a pas lieu de prendre de l’iode ou des compléments alimentaires en contenant. La prise d’iode stable avant ou pendant le passage du panache est inutile et déconseillée, car source d’effets indésirables.

N’oublions pas que ce sont les Japonais qui sont en première ligne face à cette catastrophe et qui en subiront les conséquences sanitaires les plus lourdes. Il est tout de même hallucinant de constater qu’un accident nucléaire à l’autre bout du monde a le potentiel pour contaminer la planète entière en quelques jours…

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7 Commentaires

  1. Florent [blog du sur dit :

    Et donc?

  2. Et donc : on manque de données fiables pour quantifier exactement la radioactivité de l'air qui est probablement sous-évaluée. Sans compter qu'il doit bien y avoir des "nuages" plus denses en particules radioactives que d'autres.

    Ceci étant dit, inutile de s'alarmer pour le moment. Ce que j'ai essayé de faire passer dans cet article est que nous vivons de toute manière dans un environnement qui peut s'avérer cancérigène. Cette pollution radioactive vient juste en rajouter une couche, aussi minime soit-elle. Cette radioactivité se cumule à la radioactivité naturelle et aux radiations que nous recevons sans en avoir toujours conscience (radiographies, scanners…)

    Sans le savoir, nous avons été exposés par le passé à d'autres nuages radioactifs (Tchernobyl, essais nucléaires…)et nous n'avons pas tous fait un cancer pour autant. S'il existe bien un risque réel à proximité immédiate de la catastrophe (comme cela s'est vérifié à Tchernobyl), celui-ci n'est pas avéré à distance (et la France est quand même très loin du Japon).

    Conclusion : pas de panique, pas de pastille d'iode pour le moment mais on se donne quand même les moyens de stimuler nos défenses naturelles qui nous permettent de lutter contre les agressions externes (alimentation saine, repos, lutte contre le stress, activité physique régulière…). Cela peut être l'occasion de (re)lire le livre Anticancer par exemple : https://blog.surf-prevention.com/2010/09/01/livre-

  3. miki dit :

    et s'il pleut qu'es qui se passe ????

  4. jb dit :

    La C.R.I.R.A.D n'a même pas eu les chiffres ni personne d'autre d'ailleurs.Comme toujours manipulation et désinformation sont les maitres mots du 21 éme siècle.

  5. Dubitatif dit :

    Merci pour cet article : un peu de logique nous ramène aux vrais tenants des problèmes. Vous posez exactement les bonnes questions !

    Un commentaire personnel sur les informations officielles de l'IRSN. Leur carte est très, très HERMETIQUE… on demande à des non initiés de décrypter une à une des données scientifiques. Les gens VEULENT être informés : une carte présentant les zones concernées plus ou moins grisées serait le minimum acceptable.

    Cela s'appelle de la désinformation, et cela ne fait que nuire plus gravement encore à la réputation du nucléaire.

  6. Solo73 dit :

    Des déclenchements de balises auraient été relevées sur le site de Cadarache.Pourquoi ne peut-on pas dire la vérité si elle n'est pas inquiétante?

  7. DrGonzo dit :

    Transparence et nucléaire… décidément deux terme antagoniste.

    Fukushima fuit toujours dans tous les sens, et dans les pays de l'Est on préfère ne pas trop nous tenir au courant de ce qui se passe, je me permet de coller un lien et quelques lignes d'un autre blog très intéressant : http://fukushima.over-blog.fr/article-nouveau-pro

    "Problème à la centrale de Krsko en Slovénie?
    Plusieurs choses sont étranges :
    – Pourquoi la centrale a-t-elle prévu de réduire de deux tiers sa production en plein hiver, qui plus est dans une période de grand froid, au moment où la consommation électrique est la plus forte ?
    – S’il n’y a aucun risque de fuite radioactive, pourquoi le site de surveillance de la radioactivité en Europe a-t-il choisi justement ce jour-là pour arrêter de communiquer les données concernant la Slovénie et la Croatie ?"

    et en Hongrie:
    "En observant la carte EURDEP, on se rend compte d’un autre problème, cette fois-ci en Hongrie. Dans la semaine qui vient de s’écouler, pas moins de sept points de mesure indiquent une hausse notable de radioactivité …"

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