L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) vient de publier des recommandations pour protéger les usagers des plages, les promeneurs, les riverains mais aussi les travailleurs qui pourraient entrer en contact avec les algues vertes.

Éviter la prolifération des algues vertes :

Les experts rappellent la nécessité de mettre en place des actions visant à limiter la prolifération des algues vertes, telle que la réduction des apports en nitrate dans les bassins versants. Ainsi, les situations à risques dues aux amas d’algues vertes échouées s’en trouveraient de facto limitées.

Éviter l’exposition du public :

Pour atteindre cet objectif, des pistes relatives aux moyens qui pourraient être mis en œuvre sont identifiées ci-dessous.

Ramasser dès que possible les algues vertes échouées sur les plages, reste aujourd’hui la manière la plus sûre de réduire les émissions toxiques liées à leur dégradation et les risques associés. Il est recommandé que, lorsque la situation le permet (en termes d’accès, d’horaires des marées, etc.), le ramassage, le transport et la prise en charge des algues dans les centres de traitement soient effectués aussi rapidement que possible. Il existe des incertitudes sur le délai de ramassage des algues. Les observations disponibles ne permettent pas de connaître précisément le délai à partir duquel les émissions de gaz de fermentation deviennent significatives. Les données indiquent cependant qu’un délai supérieur à 48 heures ne permet pas d’éviter des situations à risque.

Baliser les chantiers de ramassage. La mise en place d’un chantier de ramassage nécessite une appréciation des risques particuliers au site et au moment (géographie, volume échoué, évolution du dépôt, conditions météorologiques) et d’adapter le balisage du chantier à ces conditions. Ce balisage doit non seulement prendre en compte les expositions des employés et l’organisation du chantier, mais aussi les risques pour la population résidente et occasionnelle voisine. Au-delà du balisage de la zone, les chantiers peuvent faire l’objet d’un signalement temporaire durant l’intervention, afin de réduire la fréquentation de la plage pendant leur activité. Le balisage concerne également les éventuelles zones de stockage intermédiaire pour ressuyage avant transport par exemple.

Informer les usagers/promeneurs et les riverains des dangers que présentent les zones à risque résiduel (enrochements, vasières) au moyen d’une signalétique permanente placée sur les accès, en complément d’actions de communication ponctuelles ou saisonnières. Cette signalétique doit également comprendre des éléments sur la conduite à tenir en cas d’accident. Les secouristes des plages doivent également être formés à ce risque particulier.

Privilégier les procédés de ramassage et de traitement qui limitent la production et la diffusion des gaz, comme par exemple le compostage en casier clos.

Il serait utile de renforcer la surveillance environnementale par des vérifications ponctuelles, notamment en période estivale, de la concentration atmosphérique des substances émises par les algues vertes, comme le sulfure d’hydrogène (H2S), autour des sites de traitement accueillant des algues vertes.

Limiter l’exposition des travailleurs :

Pour atteindre cet objectif, des pistes relatives aux moyens qui pourraient être mis en œuvre sont identifiées ci-dessous.

Le port de détecteurs individuels portatifs. Ces détecteurs à cellule électrochimique constituent une technologie qui nécessite des vérifications régulières, dans les conditions des chantiers et après chaque déclenchement d’alerte quelles que soient les prescriptions du fabricant. Les conditions de stockage doivent être impérativement respectées. Par ailleurs, il est recommandé aux fabricants de détecteurs portatifs de sulfure d’hydrogène (H2S) d’indiquer, dans la notice des appareils, les concentrations de sulfure d’hydrogène (H2S) auxquelles ils doivent être vérifiés (en fonction des gammes de concentration) ainsi que des éléments relatifs à de possibles interférences avec d’autres produits.

Le ramassage des algues vertes par des moyens mécaniques. Cette pratique serait à privilégier autant que possible. Les cabines de conduite des équipements mécaniques doivent suffisamment isoler le conducteur des polluants atmosphériques extérieurs.

Lorsque les émissions sont telles qu’un équipement de protection individuelle respiratoire est requis, la pièce filtrante permettant de protéger le plus largement des substances émises par les algues fraîches et en décomposition, est de type ABEKP, de classe 1 pour les gaz et de classe 3 pour les particules (soit A1B1E1K1P3). L’entretien et la vérification de ces dispositifs sont primordiaux.

L’information et la formation. Les règles d’hygiène et de sécurité du travail incluent des dispositions générales sur la formation des agents dont notamment celles liées à l’usage des équipements de protection individuelle. Dans le cas des algues, la variabilité des conditions de dégradation des algues et la multiplicité des risques associés, qui varient au cours du temps, nécessitent de dispenser régulièrement une information et une formation spécifique sur l’appréciation des risques, l’intérêt et les particularités de l’usage des détecteurs, les risques liés à la manipulation des algues vertes en décomposition. Tous les professionnels impliqués dans ce processus sont concernés, quel que soit leur statut, y compris les personnels saisonniers. Cette formation devrait également inclure les procédures d’urgence pour faire face à une intoxication aiguë.

La traçabilité des travaux exposants. Cette traçabilité pourrait être assurée dans le dossier médical des travailleurs concernés, quel que soit leur statut.

Source : Avis de l’ANSES (juin 2011).

Lire aussi l’article « Dépassé, le maire planque les algues vertes sous la pinède » sur Rue89.

Photo : Anne-Kristell Jouan.

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