Ça y est l’eau se refroidit doucement, il est grand temps de ressortir l’intégrale du placard. Ou d’en acheter une nouvelle. Dans votre shop préferé, entre toutes les marques, les matériaux, les couleurs, les innovations, ce n’est pas le choix qui manque. Et à coup sûr vous allez tomber sur des combis estampillées « green », « recyclées » ou « éco », conçues en « limestone-based » néoprène. Plus vert, plus souple, plus chaud, permettant de prendre des tubes 2 fois plus longs, ce nouveau matériau aurait toutes les vertus… Mais qu’en est-il vraiment ? Un internaute de Surf Prevention.com nous propose ces quelques lignes afin d’y voir plus clair.

Pour commencer, on ressort les cours de physique-chimie et on rentre dans le dur : du néoprène à partir de pétrole ou de calcaire ? Où est le truc ?

La suite du process :

Les morceaux de néoprène bruts sont mélangés avec des agents chimiques et des pigments (coloration du néoprène), le tout chauffé à haute température pour dilater le matériau. On obtient les panneaux de néoprène, prêts à être laminés, découpés, assemblés et collés pour former l’intégrale que vous porterez la prochaine session.

Premier constat, la molécule brute de néoprène est donc la même qu’elle soit issue du pétrole ou du calcaire. Le matériau obtenu n’est ni plus souple, ni plus isolant qu’il soit issu de l’une ou l’autre des matières premières.

Modifier les propriétés du néoprène implique l’introduction d’autres produits chimiques, durant l’étape de polymérisation notamment.


Quid de l’impact environnemental ?

L’extraction, le transport et la transformation du pétrole sont clairement polluants. On a encore en tête les images de l’Erika, du Prestige ou plus récemment de la plateforme Deepwater dans le Golfe du Mexique.

Le calcaire (ressource fossile également) n’est cependant pas en reste. Son extraction requièrant d’énormes engins est gourmande en énergie. Le calcaire broyé est ensuite chauffé à près de 2000°C avec d’autres composants chimiques pour obtenir l’acetylène. Là aussi les besoins en énergie sont énormes.

Même si les enjeux géopolitiques et sociaux (conflits, dépendance, etc.) liés au pétrole sont indiscutables et sans mesure avec ceux liés au calcaire, sur le strict plan environnemental l’avantage du caillou n’est peut-être pas si flagrant que l’on pourrait l’imaginer.

 

Quant à la suite du process de fabrication ?

Concernant l’étape de laminage, qui consiste à ajouter une couche fine de matière sur les panneaux de néoprène, on constate des avancées: au nylon et PE habituellement utilisés (à base de pétrole), les marques substituent parfois du PE recyclé, de la laine, des tissus à base de maïs ou de bambou.

Là encore, c’est vert, c’est « issu de la nature », mais il y en a à prendre et à laisser: comme pour le débat sur les bio-carburants, le détournement de surfaces agricoles pour des usages non-alimentaires signifie moins de denrées produites pour nourrir les populations et des prix de matières premières qui augmentent (sans parler de l’impact sur l’environnement des monocultures à échelle industrielle). Une fois le maïs récolté, il faut en extraire l’amidon pour obtenir les fibres voulues, un processus de transformation à faible rendement (nombreux déchets).

Quant à la majorité des tissus issus de bambou, leur création passe par un processus polluant qui voit la cellulose de bambou transformée en fibres de « viscose » grâce à l’utilisation massive de produits chimiques.

Enfin, afin de coller les panneaux de néoprène et cette doublure pendant le laminage, certains fabricants ont commencé à utiliser des colles moins nocives (ne semble pas généralisé pour le moment).

 

Avec tout ça on fait quoi ?

Le moyen le plus simple pour réduire son empreinte et qui ne vaut pas que pour la combi : en prendre soin et la faire durer. Moins de combinaisons achetées, c’est autant de matière première économisée et qui ne sera pas transformée. Donc à tous ceux qui une fois au parking marchent sur leur combi pour en sortir les jambes (nous tous ?)…

A l’achat, si c’est un peu le choix entre la peste et le cholera pour le néoprène, on peut regarder du côté des knee pads sans PVC, des encres et des colles plus propres, des innovations (propres) qui permettent de limiter l’utilisation du néoprène et privilégier un produit de qualité qui vivra plus longtemps.

En fin de vie, sauf erreur, la technologie permettant de recycler du néoprène usagé en néoprène neuf n’existe pas encore. En attendant, les initiatives et les idées pour valoriser sa vieille combi et éviter qu’elle ne finisse à la benne ne manquent pas: semelles de slaps, bracelets néoprène, stubby holders, tapis de gym, housse de portable, etc., etc.

L’Eurosima planche sur le sujet et qui sait, peut-être une fois des solutions satisfaisantes trouvées, un circuit de collecte et une filière de valorisation à grande échelle verront-ils le jour ?


En bref…

Au même titre que le reste du matériel (planches, dérives, wax) la combinaison est donc elle aussi au cœur de la vague verte.

Vu de l’extérieur, en tant que spectateurs et consommateurs, si l’on souhaite participer à la préservation de notre terrain de jeux, on se rend compte qu’il faut parfois faire le tri parmi les messages et argumentaires…Même si nous n’en sommes pas tous au point d’aller surfer en vélo, une planche de surf en fibre de lin sous le bras, waxée avec un pain « bio » et équipée de dérives issues de rejets de moquette, on peut déjà commencer par être mieux informés.

On ne peut en tout cas qu’encourager une saine compétition « verte » entre marques et leur collaboration au sein de structures comme l’Eurosima pour aller plus loin dans la recherche d’innovations durables…Pour enfin avoir des barrel 2 fois plus longs.

Cet article nous a été proposé par David, un internaute de Surf Prevention. David est un bodyboarder qui travaille à Paris, pratiquant divers sports outdoor et pleinement concerné par le développement durable.

Si vous vous y connaissez dans un domaine touchant au surf, à l’environnement ou à la santé, vous pouvez vous aussi devenir contributeur de Surf Prevention.

Lire aussi l’infographie sur l’impact environnemental du matériel nécessaire à la pratique du surf.

 

 

A propos de l'auteur :

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