Sur Surf Prevention, nous nous intéressons à la préparation optimale pour surfer le plus longtemps possible sans subir plus tard les complications au niveau de nos articulations (rachis, hanches, genoux…) liées à une pratique inadaptée. Même au plus haut niveau, les surfeurs rechignent parfois à prendre soin de leur appareil locomoteur qui les accompagnera peut-être jusqu’à 140 ans 😉 . Fred Verdier, surfeur et ostéopathe, a eu l’occasion d’intervenir auprès de jeunes surfeuses et surfeurs sur plusieurs compétitions. Son témoignage nous apprend que la préparation est encore perfectible, notamment chez les juniors et certaines filles.

« Je suis intervenu comme ostéopathe sur plusieurs compétitions de surf . D’abord sur le Kiwi Surf Festival ( longboard , SUP et tandem ) puis sur le Lacanau Pro Junior en 2009 et le Roxy Jam, devenu Roxy Pro.

Je vais rapidement aborder mon expérience sur le pro junior parce que certaines choses m’ont marqué voire choqué. D’abord j’ai constaté que la préparation physique des juniors laissait particulièrement à désirer. J’en ai vu partir à l’eau au saut du lit, le ventre vide, avec pour seul échauffement la course entre la maison et le spot ! Idem en matière de récupération, le casque sur les oreilles devait détendre les muscles. Et je n’aborderai pas le fait que la seule boisson qui était à volonté sur le site était du Red Bull, pas une seule bouteille d’eau en vue … Idéal donc pour des jeunes sportifs en pleine croissance…

Il semble toutefois que la préparation physique des jeunes soit en évolution et que cet état de fait que j’avais constaté soit en train de changer. C’est souhaitable car à l’époque, j’avais eu entre les mains des jeunes souffrant déjà de pathologies discales et de problèmes ligamentaires du genou… Ce qui laisse présager une carrière écourtée et des blessures fréquentes.

Sur le Roxy Pro, il a fallu montrer patte blanche pour que les filles, non habituées à avoir un ostéo sur un site de compète, viennent petit à petit me rendre visite, comme ici Kassia Meador (photo) . Les motifs de consultations étaient , tout au moins en longboard, essentiellement des douleurs dans les épaules et les cervicales dues à l’effort intense de rame sur une courte période dans une position d’hyper extension. La charnière lombo-sacrée était elle aussi beaucoup sollicitée, d’une part par l’hyperlordose due à la position de rame, et d’autre part par la torsion induite au niveau du bassin par la répétition du take off avec constamment la même jambe devant .

Les rideuses venaient aussi pour favoriser la récupération entre les séries avec un travail de relâchement des tensions musculaires et de libération du diaphragme soumis à rude épreuve d’une part par la pression exercée lorsqu’on est couché sur la planche mais aussi par les apnées fréquentes dans la partie surf de la vague et enfin par les contraintes sur les piliers du diaphragme lors des manœuvres en rotation .

D’une maniére générale , la charnière cervico-thoracique était souvent une zone douloureuse pour les surfeuses par la position en hyper extension mais aussi par les tensions dans les épaules qui se répercutent sur les muscles du cou . La zone lombaire basse est également une zone de souffrance pour les raisons évoquées plus haut , et ce plus fréquemment en shortboard qu’en longboard .

J’ai constaté aussi cette année avec l’arrivée du shortboard sur le Roxy Pro que les shortboardeuses souffraient davantage des genoux que les longboardeuses, sûrement à cause des manœuvres plus explosives et aériennes qui traumatisent énormément les genoux.

La préparation physique et la récupération est plus poussée en shortboard, du moins de ce que j’en ai vu sur les sites de compétition avec davantage de rigueur en shorboard. Certaines rideuses sont coachées lorsqu’elles font partie d’un team comme Sally Fitzgibbons qui passait du temps avant chaque série à se préparer . D’autres font du yoga , comme Leah Dawson mais bien souvent, pour la majorité, cela reste réduit à sa plus simple expression : quelques rotations de tête, de genoux, d’épaules , quelques fentes de jambes , un peu d’étirement des quadriceps et hop à l’eau ! Donc bien insuffisant pour des sportives de haut niveau .

Ce qui en est ressorti de manière flagrante, c’est que celles qui gagnent ou vont le plus loin dans les séries et n’ont eu que rarement recours à mes services , sont celles qui passent du temps à se préparer physiquement …

Ce n’est pas par hasard non plus si à presque 40 ans, Kelly Slater est toujours là… »

Fred Verdier, 38 ans , est ostéopathe depuis 2003 à Bordeaux. Il surfe depuis 25 ans , pratique et a enseigné les arts martiaux. Diplômé d’une école d’ostéopathie, il a également passé des Diplômes Universitaires à la faculté de médecine de Bordeaux et a réalisé un mémoire sur les pathologies du rachis des surfeurs et leur traitement /prévention. Fred est administrateur sur Surfrepotes.fr . Vous pouvez le retrouver sur son site Internet http://www.fredericverdier-osteopathe.fr/

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2 Commentaires

  1. Merci Fred pour ce témoignage. L'exemple du Red Bull est éloquent, mais pas surprenant malheureusement.

    Comment se fait-il que l'on laisse des jeunes surfeurs s'hydrater avec des boissons énergisantes inadaptées à la pratique sportive voire toxiques : http://www.nutritiondusport.fr/sfns/textes-refere… ?

    Sur un site de compétition, tu as le choix entre energy drink et bière à volonté…

    Le business avant tout, la santé de jeunes sportifs passe après…

  2. dahomey dit :

    La traversé de Dune n'est pas un échauffement …c'est dit !

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