Aujourd’hui s’ouvraient les 8e Assises de l’économie maritime et du littoral à Biarritz. J’ai pu assister à la conférence thématique sur les énergies marines renouvelables auxquelles nous nous intéressons de près sur Surf-prevention.com .

Ces énergies marines sont véritablement en train de passer de la promesse à la réalité industrielle, et cela fait plaisir de voir les plus gros acteurs de l’énergie s’engager dans cette voie.

Il faut dire que développer des alternatives aux énergies carbonées devient urgentissime, surtout quand on apprend aujourd’hui que le réchauffement climatique pourrait atteindre +4°C avant la fin du siècle

L’Océan est une source inépuisable d’énergies, à condition de savoir les exploiter. Peu de personnes le savent mais la ville de Biarritz avait été pionnière dans le domaine des énergies marines avec la construction au début des années 30 d’une centrale houlomotrice au niveau du Cap Saint-Martin du Phare de Biarritz, dont le fonctionnement devait se faire selon le principe d’un « bélier-siphon barométrique » pensé par l’inventeur Paul Grasset.

Pendant la conférence, un tour d’horizon a d’abord été fait par Yann-Hervé DE ROECK, directeur de France Energies Marines sur les différents types d’énergies marines existantes: éolien offshore posé, éolien offshore flottant (Windflow, Vertiwind), marémoteur (marées), houlomoteur (vagues), hydrolienne (courants ; cf. projet d’hydrolien estuarien de Bordeaux), énergie thermique des mers (ETM) comme ce projet sur l’île de La Réunion, énergie osmotique, et même climatisation par l’eau des profondeurs dans un Resort & Thalasso Spa de Bora-Bora

S’il existe une diversité de technologies pour exploiter les énergie marines, toutes n’en sont pas à un stade d’exploitation à grande échelle et relèvent encore de la sphère expérimentale.

En France, c’est surtout l’éolien offshore posé qui est en train de se développer suite aux appels d’offres, avec pour objectif d’atteindre 6 GigaWatts en 2020.

Pour Yvon Andre d’EDF Energies Nouvelles, l’exploitation ne pourra se faire qu’après la période de levée des risques avec la réalisation d’études géo-techniques onéreuses et la tenue de débats publics en 2013 pour les projets de Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-mer (Calvados) et de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

Pour Bernard PLANCHAIS de DCNS qui travaille notamment sur les hydroliennes, les éoliennes flottantes et l’ETM, il est urgent d’investir dans les énergies renouvelables car la mer monte (+ 0,5 à 1 m d’ici à 2100 selon les dernières estimations). Pour ce faire, la volonté politique d’un « état stratège » avec une vision à long terme est nécessaire. La réduction du temps de décision politique est nécessaire. Il faudrait arriver à mettre en place une ferme pré-industrielle d’hydroliennes.

Louis-Francois DURRET, directeur d’Areva Renouvelables, a parlé des turbines M5000 puissantes de 5 MW destinées au parc éolien offshore et a fait part de l’objectif de l’installation à terme d’une turbine par jour. Il a parlé de l’implantation d’AREVA au Havre (en plus de ses sites industriels en Allemagne et en Ecosse) avec pour but de fabriquer des éoliennes 100% made in France comme ils s’y sont engagés. L’idée est de produire et d’assembler sur place (turbines, pales, pièces…) pour des raisons logistiques que l’on comprend aisément quand on voit la lourdeur des installations.

Alain LE GUILLARD, directeur général du Groupe Louis Dreyfus Armateurs, est venu rappeler le rôle essentiel des armateurs pour l’éolien posé qui nécessite le transport de colis lourds ou spéciaux, la pose et la protection de câbles sous-marins, et également la maintenance préventive et curative des installations. La connaissance des armateurs de la gestion du risque en mer en fait des interlocuteurs privilégiés. On imagine bien qu’intervenir sur une éolienne en mer est autrement plus complexe que sur une éolienne terrestre.

Jérôme PECRESSE, vice-président des Energies renouvelables chez Alstom, a parlé de leur investissement dans les énergies marines, notamment aux côtés d’EDF EN pour les parcs éoliens offshore français. Alstom dispose d’une éolienne off-shore  Haliade 150, participe avec AWS Ocean Energy Ltd, société écossaise spécialisée dans l’énergie des vagues, à l’équipement de la plus grande ferme  houlomotrice du monde au large des côtes des Orkney et s’investit dans les hydroliennes avec le rachat à Rolls-Royce de la société Tidal Generation Ltd.

Pierre PUYRIGAUD, Development Manager de l’éolien offshore avec The Crown Estate, est venu faire partager l’expérience du Royaume Uni dans le domaine de l’éolien offshore. Là-bas aussi, le développement de la filière dépend de la compétitivité de l’électricité au kWh, lui-même fonction des investissements et de l’innovation dans le secteur, qui dépendent de la volonté politique. L’introduction de technologies nouvelles et la compétition entre les différents acteurs dans ce domaine devraient contribuer à rendre l’électricité d’origine éolienne plus compétitive.

Il a également été question du stockage des énergies renouvelables caractérisées par leur intermittence. Différentes options qu’il faudra développer s’offrent déjà comme le stockage hydraulique, l’utilisation d’hydrogène ou encore la production d’air comprimé.

On se rend bien compte qu’une vraie dynamique est en train de naître dans les énergies marines en France, mais que les projets n’avanceront qu’avec une volonté politique forte de promouvoir ce secteur d’avenir et source de nombreuses créations d’emplois sur le littoral.

En savoir plus: http://economiedelamer.com

 

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

Tags: , , , , ,

 

2 Commentaires

  1. causse dit :

    L’HOMME SEDENTAIRE sur MER
    Enfin le début de l’énergie éolienne offshore en France !…L’appel d’offre (A.O.) de juillet 2011 et la sélection des entrepreneurs chargés de réaliser les 5 parcs en avril 2012 L’administration finit de reformer la gestion du littoral, suite au Grenelle de la mer, mais ce n’est pas encore « le guichet unique ».Le secteur privé s’est mis en ordre de marche et l’on ne compte plus les Pôles, Technopoles,…Clusters, Consortia, Instituts d’excellence, IEED –
    -La 1eretranche ne concerne que l’énergie éolienne avec exploitation extensive et coloniale des ressources brutes sans aucune valorisation locale, prolongeant en mer le « mitage » terrestre- La 2etranche de l’A.O. (3000 MW aussi) doit modifier le cahier des charges : on devrait y privilégier une vision innovante « écologiquement intensive » .
    – L’énergie en un point donné, en mer, est un mix : vents, houle, courants, solaire, thermodynamique. L’histoire montre qu’elle a toujours accompagné l’évolution de l’homme et ses ruptures : par ex. la vapeur, le charbon .Plus récemment la houille blanche a d’abord fixé les populations montagnardes, puis crée des usines électrochimiques et électrométallurgiques (Savoie, Tarentaise et Maurienne), le tourisme d’été et enfin le tourisme d’hiver (1945) en s’appropriant la haute montagne. Déjà les Plateformes multi-énergies en mer, apparaissent : projet H2Ocean en catalogne, San Diego usa, Malte … Les concepts sont : sobriété, autonomie et stockage de l’énergie, smartgrid, implantation locale de gros consommateurs d’énergie,(data center, froid industriel,…),création systématique d’une valeur ajoutée locale, approche avec mesure d’une économie de pénurie.
    – L’évolution de l’homme en mer sous la pression démographique littorale, doit être pensée au delà du nomadisme et de la cueillette. Des projets (souvent vues d’artistes) présentent des iles artificielles, des navires gigantesques. L’architecte marin, académicien ROUGERIE2 évoque une université de 7000 personnes en 2050 mais aussi des villages de la mer de 50/100 personnes pour des séjours de 3/6 mois. L’industrie pétrolière exploite en mer du nord, depuis 40 ans, des plateformes de vie pour plusieurs centaines de célibataires et séjours de 15/28 jours. Le parc éolien Danois, Horns Rev 2, à 30 km en mer du nord, possède une plateforme d’habitation pour 24 personnes et un poste de transformation électrique. Mais déjà l’axe maritime, Baltique, Mer du nord, Mer celtique est traversé d’éléments du futur réseau européen de transport électrique : Supergrid.
    – Le premier site habité,des énergies en Mer,de l’innovation et du sens (SHEMIS) rassemblerait une collectivité diversifiée (un village triangulaire de 800m) pour200/400 personnes résidentes permanentes à une distance de 7/14 km de la cote , dans un des 5 parcs choisis dans l’A.O. mais aussi à l’ouest Cotentin, du Raz Blanchard au Passage de la Déroute, hors de l’horizon du mont St Michel. Comme tous nos villages ruraux, les liaisons vicinales sont fondatrices. Au delà des navettes maritimes à hydrogène , le télécabine mixte à conteneurs spécialises pour le fret (2,5 tonnes sous crochet permettant, par ex. Le transport du poisson depuis le bateau en mer jusqu’aux marchés nationaux, sans rupture de froid ni de charge)
    – Comment ne pas intégrer la sédentarité sur mer, dans les grandes études en cours : Navire du Futur, réorganisation portuaire, Port du Futur, navire de pèche du futur,loi littoral Natura 2000 , AMP, audit des écoles Hydro et création de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime…comment ne pas intégrer au nouvel enseignement maritime, une pédagogie de l’OBJET REEL équilibrant le monde artificiel ou virtuel des parcs à thèmes, des aquarium et muséification générale : dés les classes sur mer, jusqu’aux écoles d’ingénieurs mais aussi, en associant le grand public des le chantier, comme prévu dans le grenelle de la mer.
    – le pylône éolien naval innovant (P.E.N.I.), au lieu d’être le repoussoir des esthètes de la mer, constitue par sa robustesse la colonne vertébrale sobre des sites en mer. Il sert de support au télécabine intermodal mixte (T.I.M.), associé à la plateforme d’accès et de sante ( P.A.S.) -La Troïka technologique PENI ,TIM, PAS est la voie vicinale de la sédentarisation sur mer (zone 12 mile ) : Passerelle piétonne et chemin de câbles de la liaison terre-mer (tirant d’air variable ) mais aussi ancrage et accès pour les hydroliennes(850 tonnes 2/4 MW ) et autres objets sous-marins. Aucun câble ni tuyau sur le sol marin, ni sur l’estran, ni bande des 100 m, et une écologie du benthos- L’accord franco-britannique du 17.fev.2012 offre une opportunité rare : les hydroliennes entre le Raz Blanchard et l’ile d’Aurigny ainsi qu’une liaison électrique de 1800 MW vers l’Angleterre. La liaison cotentin-Aurigny 16 km (dont 50 % en France) comprendrait avec des portées de 800 m, 19 P.E.N.I.de 6 MW (soit 114 MW +19 hydroliennes 60 MW et le câble standard bon marché de 1800 MW vers l’Angleterre )-
    Conclusion – Rupture historique entre les nomades de la mer,( défense de l’acquis) , et les nouveaux sédentaires Meriens2 . La nouvelle génération Y (18-30 ans) est prête à TRAVAILLER ET VIVRE SUR MER3 et à S’Y REPRODUIRE4. Ecologie de l’admiration contre une écologie vintage de l’accusation. 1er SHEMIS cotentin/iles anglo-normandes, puis ruée des collectivités littorales vers leur SHEMIS chacune .Europe ouest vers mer celtique 500 km /100 m de fond et réseau électrique courant continu SUPERGRID prochaine frontière –
    – la définition du 2e A.O. par la C.R.E.et le débat sur l’énergie fin 2012 sont à venir ivan Causse1 Ingénieur –retraité – 22/03/2012 et 22/10/2012
    – 1-Google, lemonde.fr Ivan Causse offshore 11 mai 2009 – 2 -Jacques ROUGERIE Centre d’architecture de la mer – 3 – Google lemonde.fr Ivan Causse offshore 18 mai 2010 – 4 -Françoise HERITIER anthropologue, ethnologue

  2. Colonel Bigorno dit :

    L’art d’attirer, et de retenir surtout, l’attention de son (ses) lecteur(s)…

Laisser un commentaire