Les surfeurs ont une fâcheuse tendance à développer des excroissances au contact de leur environnement (eau, vent, soleil…). C’est le cas pour l’oreille avec l’exostose (surnommée « surfer’s ear » ou « oreille du surfeur »), c’est également le cas pour l’œil avec une lésion superficielle connue sous le nom de ptérygion (« surfer’s eye« ). Nous avons demandé à un ophtalmologiste plus d’informations sur cette pathologie souvent asymptomatique mais qui peut s’avérer gênante dans les formes évoluées et nécessiter un recours à la chirurgie.

Surf PreventionPouvez-vous nous expliquer ce qu’est le ptérygion ?
– Dr Nicolas Mesplié*: Le pterygion est une tumeur bénigne de la conjonctive qui envahit la cornée. Cette lésion est le plus souvent située au niveau du limbe nasal (plus rarement au niveau du limbe temporal) dans la fente interpalpébrale. Elle fait le plus souvent suite à une pinguecula, lésion conjonctivale qui n’envahit pas la cornée. Pour rappel, la cornée est le « petit hublot transparent a la surface de l’œil » et le limbe correspond à la jonction cornée-conjonctive (le limbe nasal se trouve au niveau de l’angle interne de l’œil du côté du nez, le limbe temporal du côté de la tempe NDLR).

Pourquoi les surfeurs sont-ils susceptibles d’en développer ?
La pinguecula, le pterygion, et la kératose actinique (analogue cornéen de la pinguecula) sont les maladies des marins. Elles correspondent à des dommages actiniques, en d’autres termes, elles sont secondaires à une exposition solaire prolongée. Le vent jouerait aussi un rôle important dans l’apparition de ces maladies.

Y a-t-il des moyens de les prévenir ou de ralentir leur évolution ?
La meilleure prévention pour éviter ces pathologies est de ne pas s’exposer au soleil, ce qui est difficile en surfant. Les lunettes de soleil sont bien entendu préconisées lorsqu’on est sur le sable. Les lubrifiants, larmes artificielles et anti-inflammatoires en collyres peuvent ralentir l’évolution de ces maladies, surtout après une activité favorisant leur développement (le surf par exemple…).

Quand faut-il opérer ?
Concernant le pterygion, on peut retenir 3 indications opératoires où l’intervention ne se discute pas :
– si le pterygion menace l’axe visuel, et que la vision est en danger;
– si le pterygion entraîne un astigmatisme irrégulier susceptible d’altérer la qualité de vision;
– si le pterygion est le siège d’une inflammation chronique douloureuse;
Concernant la pinguecula, l’intervention peut être discutée si la lésion est le siège d’une inflammation chronique douloureuse résistante aux traitements médicaux. La kératose actinique est le plus souvent traitée pour améliorer une vision souvent altérée. Lorsque les patients ont une gêne esthétique, une chirurgie peut être pratiquée en sachant que le risque de récidive n’est pas négligeable.

En quoi consiste l’intervention ?
Les interventions se pratiquent sous anesthésie locale en chirurgie ambulatoire. Différentes techniques chirurgicales peuvent être préconisées suivant la gravité du tableau clinique. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’une chirurgie peu risquée pour la vision.
Dans le ptérygion et la pinguecula, le premier temps opératoire consiste à réséquer la totalité de la lésion tout en conservant le maximum de conjonctive. Afin de diminuer le risque de récidive qui reste la principale complication post-opératoire, des substances antimétaboliques et antiangiogéniques, ainsi que des greffes de conjonctive, de limbe ou de membrane amniotique peuvent être nécessaires.
La kératose actinique se traite quant à elle le plus souvent par un traitement de surface cornéen au laser excimère.

Au bout de combien de temps peut-on retourner à l’eau ?
On peut retourner à l’eau au bout de 3 semaines quand les fils sont résorbés. Une protection solaire et des collyres anti-inflammatoires sont néanmoins indispensables pendant 3 mois pour éviter le risque de récidive.

Une fois opéré, quels sont les risques de récidive ?
Lorsque la chirurgie est une résection simple des lésions, le risque de récidive est important entre 30 et 50% des cas. Avec les techniques les plus modernes, ce risque chute entre 5 et 15% des cas suivant les études. L’exposition au soleil et au vent en post-opératoire augmente de manière non négligeable le risque de récidive.

*Docteur Nicolas Mesplié
Surfeur, skieur
Ancien Chef de Clinique à l’Université Victor Segalen et assistant des Hôpitaux de Bordeaux ;
Praticien à l’Espace Hélios Ophtalmologie à Saint-Jean-de-Luz.

A propos de l'auteur :

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5 Commentaires

  1. poret thibault dit :

    le port de lunettes de Soleil réduit enormement les risque, mais en surfant c’est pas le top, alors les grandes marques, pourraient-elles proposer des produits (lunettes de soleil) pratique pour surfer ?

  2. sebastien dit :

    je porte toujours des lunettes de soleil

  3. remi dit :

    Il existe des petite lunette de natation dont les verres sont fumés. je pense que le soleil n’est pas seul responsable car en surfant, les projections d’eau salée sont presque continues et ces lunettes sont réellement protectrices. Soleil, vent et poussières mais ici plutôt micro gouttes d’eau salée.

  4. Laurent dit :

    Je surfe depuis seulement 5 ans mais j’ai déjà développé un bon petit ptérygion (j’habite au Costa Rica…). Question : est-ce que le ptérygion se résorbe seul si on prend ttes les précautions nécessaires ? Pr l’instant j’avoue ne pas avoir fait particulièrement d’effort…

  5. gerard mavinga dit :

    nous, clinique ophtalmologique saint gérard de Muanda en RDC vous félicite de toutes vos informations fournies autour de maladies oculaires.

    pour votre information notre clinique ophtalmologique saint gérard est aussi là en République Démocratique du Congo dans la côte Atlantique, Ville de muanda.

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