On me demande souvent si j’ai « un bon ostéopathe » à recommander. Même si j’en connais de très compétents, j’oriente souvent les patients vers le meilleur d’entre eux: l’océan. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’océan possède toutes les qualités pour nous offrir des auto-séances d’ostéopathie de premier choix, gratuites et sans rendez-vous de surcroît.

N’avez-vous jamais ressenti cette sensation d’entrer dans l’eau avec les articulations grippées, et d’en ressortir plus mobile et fluide ?

L’océan peut nous bousculer quand on se fait chahuter dans les vagues, mais il peut aussi nous « remettre en place ». Après une journée intensive de surf, j’apprécie d’aller me délasser dans une mer calme.

La mer nous touche de ses mains invisibles pour nous remettre d’aplomb. Nul besoin de manipulations appuyées ou de cracking dans l’eau de mer qui agit en nous enveloppant de sa pression douce et non traumatisante. La mer nous touche de façon homogène, sans trop appuyer ni pas assez, et elle nous bouge avec délicatesse par son roulis incessant.

L’eau de mer agit à la fois superficiellement, et en profondeur sur notre système musculo-squelettique, nos tissus et nos organes. Comme nous allons le voir, ce sont d’abord les propriétés physiques intrinsèques de l’eau de mer qui expliquent ces effets.

– Propriétés physiques de l’eau de mer:

L’eau de mer nous porte littéralement et favorise notre circulation sanguine et lymphatique. Son action dépend de la profondeur d’immersion, de la salinité, de la température de l’eau, et des pressions qu’elle exerce sur notre corps.

C’est avant tout la poussée hydrostatique d’Archimède qui nous permet de mieux flotter dans l’eau de mer, du fait de sa densité supérieure à l’eau douce.

L’importance de la poussée d’Archimède en eau de mer est proportionnelle à l’immersion du corps. Notre poids apparent dans l’eau devient alors inférieur à notre poids réel à sec:
– immergé jusqu’à la taille, on ne pèse déjà plus que 50% de son poids réel ;
– avec de l’eau jusqu’à la poitrine, le poids n’est que de 30% du poids réel ;
– et avec de l’eau jusqu’au cou, on ne pèse plus que 10% du poids de son corps.

Un sujet de 80 kg ne pèse donc plus que 8 kg dans la mer avec de l’eau jusqu’au cou. Pour la remise en forme d’une personne en surpoids, l’activité physique dans l’eau de mer est donc très intéressante car elle permet de limiter l’impact de la surcharge pondérale sur les articulations.

On imagine les perspectives qu’offre ce milieu – où en évolue quasiment en apesanteur – pour des personnes en rééducation. Comme nous le verrons plus loin, l’eau de mer permet la reverticalisation précoce de grands blessés ou de personnes porteuses de lourds handicaps.

Salinité:
Plus l’eau est salée, plus on flotte. Des exemples extrêmes sont fournis en Mer Morte ou dans les lacs salés comme le Lac Rose au Sénégal où notre corps peut flotter sans effort.

Température:
Que vous vous baigniez dans une eau à 11°C en hiver sur la Côte Basque ou dans une eau à 29°C dans les Caraïbes, chaque température d’eau présente des avantages:
– Une eau de mer chaude est myorelaxante et décontracturante ;
– Une eau de mer froide est tonifiante et antalgique sur certaines douleurs, avec des effets comparables à la cryothérapie.

Pression:
Le gradient de pression sous l’eau favorise la circulation vasculaire, notamment le retour veineux. L’eau chaude a un effet vasodilatateur et l’eau froide a une action vasoconstrictrice. La marche en eau fraîche est même conseillée pour les troubles veineux et lymphatiques des jambes.

– La résistance hydrodynamique est la force contre laquelle on lutte quand on se déplace dans l’eau; elle est proportionnelle au volume d’eau déplacé et à la vitesse de déplacement. On peut augmenter cette résistance en utilisant des accessoires comme des palmes.

Le bain de mer « ostéopathique »:

Nous verrons par la suite plus en détails comment réaliser des exercices dans l’eau, que ce soit pendant un bain de mer ou une séance de marche aquatique. Voici déjà quelques généralités pour effectuer sa séance d' »auto-ostéopathie » en eau de mer:

L’idéal est de choisir un jour où la mer est calme, et d’aller se baigner sans planche de surf.

Le bain doit se faire en maillot, sans combinaison, pour permettre le maximum de contact entre l’eau et la peau.

On avance dans l’eau en s’immergeant progressivement, en se rappelant que plus notre corps est immergé, plus il s’allège.

Il faut se mettre dans une zone où on a de l’eau au moins jusqu’à la poitrine, voire jusqu’à ne plus avoir pied pour ceux qui savent bien nager (inutile de s’éloigner du rivage).

Il n’y a pas vraiment d’exercices-types, mais on peut s’échauffer en alternant nage sur le ventre et sur le dos, des mouvements et des assouplissements, que vous réaliserez au feeling, à l’écoute de votre corps.

Vous pouvez ensuite rester immobile et vous sentir porté par l’eau de mer, en position verticale, ou vous laisser flotter en faisant la planche sur le dos. Faire la planche permet de se décontracter, de se concentrer sur sa respiration, sur l’environnement aquatique, voire même de méditer en contemplant le ciel. Le fait d’avoir les oreilles sous l’eau donne l’impression d’être dans sa bulle et permet de se déconnecter du monde extérieur, pour mieux se connecter à l’océan. Il faut alors rechercher avant tout la décontraction et le relâchement, en se laissant aller entre les mains expertes de la mer. Très vite, on ressent les articulations jouer discrètement les unes par rapport aux autres, se repositionner et reprendre leur amplitude. Un bain de mer peut s’avérer particulièrement efficace pour soulager les douleurs ou les raideurs au niveau de la colonne vertébrale.

Photo Sarah Lee Photography.

N.B.: Tout ceci suppose d’être parfaitement à l’aise dans l’élément aquatique et de ne pas être aquaphobe.

Lire aussi la fiche: Conseils pour nager en Mer.

Remarques:

Au bord de l’eau, vous pouvez compléter agréablement votre bain par une séance de marche aquatique, en profitant de la poussée hydrodynamique offerte par les vagues qui permettent un hydromassage naturel.

Quand vous faites du surf, rien ne vous empêche, entre deux vagues, de descendre de temps en temps de votre planche et de vous immerger ou de vous laisser flotter dans l’eau pour vous détendre et effectuer quelques mouvements ou étirements. La position assise prolongée avec les jambes écartées sur la planche n’étant pas forcément bonne pour la colonne lombaire, il est parfois bon de redescendre de sa planche. D’une manière générale, le surf n’est pas idéal pour le dos, entre la position cambrée à la rame, les torsions répétées pendant les figures, et les wipeouts. Les surfeurs ressortent souvent avec le dos en vrac et pour le coup ils ont besoin de voir un véritable ostéopathe (après consultation médicale si traumatisme).

Ostéopathie aquatique:

La médecine manuelle est une option très intéressante pour aider à soigner de nombreux troubles fonctionnels. N’étant pas un adepte de l’ostéopathie qui  fait « craquer », je préfère largement une ostéopathie douce, et l’eau est le milieu idéal pour proposer ce type de séances.

L’eau est un élément tellement intéressant pour un traitement ostéopathique que l’ostéopathie aquatique se développe. Développée au Canada et en Suisse, quelques ostéopathes formés à cette technique et bénéficiant d’une piscine de balnéothérapie à leur cabinet la proposent maintenant en France. Les séances dans l’eau permettent une ostéopathie plus douce.

L’ostéopathie aquatique permet de prendre en charge le patient (préalablement stabilisé sur le dos avec des flotteurs au niveau de la tête et des chevilles) dans les 3 dimensions de l’espace, contrairement à l’ostéopathie sur table qui se fait dans 2 plans.

Les témoignages des ostéopathes aquatiques sont unanimes: tout est plus facile dans l’eau, du diagnostic ostéopathique au traitement. Le relâchement musculaire et le « lâcher prise » obtenus dans l’eau chaude permettent aux soins d’être plus efficaces et raccourcit la durée et le nombre des séances.

L’ostéopathie aquatique s’adresse à différents publics: enfants, adultes, sportifs, personnes âgées, femmes enceintes… L’ostéopathie aquatique obtiendrait de bons résultats sur certaines douleurs.

Voir aussi: – L’Océan est en Nous, par Eric Delion, ostéopathe.

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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5 Commentaires

  1. breuil dit :

    bravo, bel article.
    Je confirme tous les bienfaits cités. Ostéopathe sur l’île de la Réunion, j’emmene mes patients dans le lagon pour se « connecter » à cette force guérissante de la nature. Une mobilisation en douceur emmene très vite le patient dans un état modifié de conscience, des mouvements spontanés apparaissent, reste juste à trouver le point de tranquilité qui va faire ressurgir un vrai potentiel de reharmonisation, donc de santé. Dans les vieux texte de la philosophie de l’Ostéopathie, on parle du potentiel inhérent…
    une petite vidéo pour les conseils d’auto-ostéopathie, prise dans le lagon de st pierre:
    https://www.facebook.com/photo.php?v=10200886663759268&set=vb.1545080995&type=2&theater

    D’autres vidéos sur demande, j’organise aussi des formations à la Réunion en fevrier 2014 pour les professionnels de la santé sur l’élément eau et la thérapie, avec de nombreuses pratiques en milieu naturel.
    Ludovic

  2. surfnoumea dit :

    Question pour surf prevention: Sachant que la majorité de ces cours sont donnés au bord de mer dans de l’eau polluée en grande partie, est ce que ces cours sont si bénéfique que ca??

  3. Hélène dit :

    Merci pour cet article très intéressant. Je connaissais les bienfaits de la thalasso et des bains de mer je trouve très innovant de faire le lien avec l’ostéo.en tous cas j’aimerai bien tester une séance dans l’eau

  4. Merci pour cet article, je recommande également les bienfaits cités ! Je recommande grandement !

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