arnaud de rosnay livre

Le 24 novembre 2014, cela fera 30 ans jour pour jour qu’Arnaud de Rosnay a disparu en Mer de Chine. Nous avions déjà demandé à son frère Joël de Rosnay et à sa nièce Tatiana de Rosnay d’écrire un portrait d’Arnaud de Rosnay. Aujourd’hui c’est un livre magistral écrit par Olivier Bonnefon qui retrace le parcours de cet aventurier de l’extrême.

De son vivant, Arnaud de Rosnay aura beaucoup fait parler de lui au cours de ses 38 ans d’existence fulgurante. Mais c’est sa disparition dans les eaux troubles du Détroit de Formose entre la Chine et Taïwan qui aura fait couler le plus d’encre et pose encore aujourd’hui de nombreuses questions restées sans réponse.

Au moment de sa dernière traversée, Arnaud de Rosnay est un jeune papa qui a trouvé le bonheur auprès de sa femme Jenna de Rosnay ; leur enfant Alizé n’a que 8 mois et Arnaud est tenté de calmer le jeu des traversées à risques pour profiter de sa petite famille. Quand Jenna le quitte pour la dernière fois à l’aéroport de Roissy, elle a un mauvais pressentiment. Et pour cause…

Quand on examine froidement les circonstances de cette dernière traversée, on penche pour la thèse d’un accident de windsurf. Arnaud n’est pas au top physiquement. Le doute s’est installé dans sa tête. Malgré les tentatives de sa famille et de ses proches de le dissuader de faire cette traversée, il veut essayer quand même.

Il n’obtiendra pas d’autorisation officielle à temps, ce qui empêchera toute assistance de la traversée de 170 kilomètres par un bateau d’accompagnement. Le Détroit de Taïwan est à ce moment une zone de guerre sous autorité militaire où tout intrus risque pour sa vie.

Malgré le danger, Arnaud de Rosnay va se lancer dans des conditions de sécurité minimalistes, voire suicidaires. Pas de carte côtière, pas de radio. Niveau matériel ce n’est pas mieux : tous les mâts qu’il avait emportés se sont brisés pendant le voyage, et il doit s’en faire livrer deux de rechange à la dernière minute.

Au moment de s’élancer pour sa traversée, Arnaud a pensé à prendre avec lui des photos de sa femme et de sa fille, mais il a oublié de prendre un accessoire de sécurité vital : le leash, sans lequel toute chute peut avoir des conséquences fatales. Il amène un miroir de détresse et un sifflet, mais n’a ni balise ni fusée de détresse, alors que des vagues de 3 à 4,5m et un vent à 35 nœuds l’attendent.

Quand le photographe Pierre Perrin le voit disparaître à l’horizon au petit matin du 24 novembre, il ne sait pas encore qu’il ne reverra jamais Arnaud de Rosnay. Malgré les recherches, on ne retrouvera jamais ni son corps ni sa planche, dans un détroit qui n’est pourtant pas profond, et malgré une voile réversible aux couleurs rouges des drapeaux chinois et taïwanais.

Le champion de windsurf Robby Naish estime qu’il y avait mille façons de mourir dans ce détroit, même pour le meilleur navigateur. Mais si la cause de l’accident de windsurf paraît plausible, la lecture du livre fait envisager de toutes autres hypothèses dont aucune n’a à ce jour pu être vérifiée.

Pour connaître les événements qui ont amené ce personnage flamboyant et mystérieux vers son sombre destin, je vous invite à lire le livre Arnaud de Rosnay, Gentleman de l’Extrême, écrit par le journaliste surfeur Olivier Bonnefon aux Editions Atlantica.

Arnaud de Rosnay. Archives.

Photo : Cap vers Sakhaline. La traversée du détroit de La Pérouse entre l’île d’Hokkaïdo au Japon et l’île de Sakhaline avait déjà été un grand moment d’angoisse. (© Gilles Lhote / Starface)

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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12 Commentaires

  1. mi dit :

    les pressentiments sont souvent des signes que l’on ne doit pas ignorer, surtout lorsque les circonstances malchanceuses s’accumulent (petite forme,oubli du leash, etc) et quelquefois il vaut mieux renoncer … surtout quand on est parent.
    je suis curieuse de connaitre les hypothèses avancées par l’auteur

  2. Rivet Paul dit :

    certaines personnes ont en elle cette soif de se depasser, de se mesurer a un monde qui les fascine, les effraie et qui finalement les passionne…je pense que cette race de gens fais avancer le monde …Livingstone, scott, Amundsen,…cet orgueil qui les fais oublier la mort et les rends encore plus vivant pour toujours…

    • mi dit :

      et je le comprends, c’est la passion qui engloutit la vie…mais quel est le bénéfice du sacrifice dans ce cas précis ?

  3. je reste Admiratif ............ je reste Admiratif ............ je reste Admiratif ............ je reste Admiratif ............ dit :

    je reste Admiratif ………… je reste Admiratif ………… je reste Admiratif …………

  4. William dit :

    Seems most likely he was separated from his board. Lost a fin, broke a boom, snapped a mast, busted his universal. If you’re an experienced windsurfer you well know, any one of the aforementioned and you are swimming. Even in the most ideal conditions with dozens of other windsurfers around, you can be blown out to sea and lost forever.

  5. robin dit :

    Moi !! je me serai contenter de tirer des bords dans mon lit (jenna de rosnay)

  6. stef dit :

    34 ans déjà !!
    Arnaud tu nous manques tout simplement !!

  7. Denis Vyns dit :

    Quand on a une femme comme Jenna, on s’efforce de ne pas prendre de risques inconsidérés. La passion pour un sport ne doit pas passer au dessus de l’instinct de conservation ni au dessus de la raison.
    J’ai 68 ans, j’ai su m’arrêter à tant, en me rendant compte à 30 ans que j’avais déjà eu beaucoup de chance en montagne sur les glaciers. J’ai arrêté pour rester au niveau des marmottes et je suis toujours vivant pour mes enfants !

  8. Ben dit :

    Bonjour,

    A tous ceux, qui comme Denis, ajoutent un commentaire destiné uniquement à se donner bonne conscience en prenant comme exemple cet homme libre je vous trouve bien irrespectueux.

    Chacun est lire de ses choix. Je ne critique pas les votre.
    Mais ayez au moins la décence de respecter la mémoire de cet individu, quels que furent ses idées et ses engagements.

    Créer votre blog, publiez votre biographie, enseignez dans les écoles, les églises …. mais de grâce soyez indulgent et soutenez plutôt la famille et les proches d’Arnaud de Rosnay qui n’a certainement pas imaginé ce que le Destin lui réservait.

  9. Gérald Duduyer dit :

    Je rencontrais Arnaud assis dans l’avion qui nous menait à TOZEUR où j’allais réaliser le court métrage « VENT DE SABLE » pour les salles UGC. Un superbe docu avec 60 concurents accrochés à leur speed-sails dont Arnaud était je crois l’inventeur, des planches à voile montées sur de grosses roues.Nous sympathisons et il me parle très vite de son projet franchir seul les 3 deltas du monde dont celui de Taïwan en priorité. Réalisateur de films d’aventures ( une centaine de films réalisés à ce jour ) sa proposition de m’y intéresser m’enflamme déjà mais la mer et ses dangers me font réfléchir, je ne suis ni marin ni spécialiste des tempêtes mais j’admire ce type qui a tout des héros qui nous font rêver.
    Nous ferons un beau film dans le désert du Chot El Jerid et j’apprenais plus tard la disparition d’Arnaud sans avoir pu le suivre à regrets dans sa dernière et suicidaire tentative de défier son destin. J’éprouvais une peine immense comme pour Philippe de Dieuleveult, des hommes qui forgent leurs vies au delà de leurs familles et de leurs existences dorées qu’ils voulaient surpasser.

  10. Jean-Jacques CHASSERAUD dit :

    L’accident d’hélicoptère de Florence Arthaud? Le défi insensé d’Arnaud de Rosnay? Quel rapport? Un imprévu qui se met en travers sans que l’on puisse faire quoique ce soit. « Entre la Vie et la Mort », telle est la définition du marin sur l’eau par Platon.

    Arnaud de Rosnay a connu le tout début de la planche à voile. Fantastique époque de découverte. Instabilité du flotteur. Prise en main du wishbone en teck. Les premiers mètres de glisse. Et le voilà pris à jamais par la Planche à Voile. « Ce n’est pas le Marin qui prend la Mer mais la Mer qui prend le Marin » (Renaud)

    Aujourd’hui, les planches à voile sont stables, larges, avec des voiles qui déversent dans le haut à mesure que le vent augmente.
    Tout le contraire pour Arnaud de Rosnay avec une voile « Dufour » qui ferme à la chute, un flotteur long, étroit, instable. A vraie dire un matériel qui ne permet pas d’affronter 35 noeuds de vent.

    Véritable condition de navigation que seul Arnaud de Rosnay, par sa condition physique, pouvait affronter . Même son assistance sur l’eau ne pouvait pas suivre!

    Normal qu’il fasse des jaloux. Il était sur un filon sur lequel personne n’osait. Il était le meilleur. Suicidaire? Non Aventurier! Casse sans assistance? Fort probable! Sur l’eau les marins de toutes nationalités se portent par définition assistance.

    En réunissant les deux nationalités sur sa voile, Arnaud de Rosnay lançait un Message universel de Paix entre les peuples. Quand les grands de ce monde sont pris de Folie!

    Telle est la signification de ses défis.

    Jean-Jacques Chasseraud
    Parmi les pionniers de la Planche à Voile
    1er essai de la Windsurfer sur le plan de Maubuisson

  11. francis cressy dit :

    j’ai fais du dériveur en mer de chine a Taiwan en oct 1984 peu avant la disparition de arnaud que j’admirais pour toutes ses competences et etant malgré tout prof de voile j’ai failli disparaitre avec un ingenieur taiwanais que j’ai sauvé d’extreme limite ; mon deriveur avait été pris dans les courants extremement puissants et dont oh miracle j’ai pu sortir avec un deriveur de location pourri ! ça m’a valu un doigts de pied en bouilli et cela m’a refroidi a jamais avec la navigation en mer.
    Hommage a cet homme de talent et tristesse pour sa jeune fille et epouse

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