Laird Hamilton (Photo Sylvain Cazenave) 

Le surfeur de grosses vagues fait à nouveau preuve d’héroïsme.

La scène se passe le lundi 3 décembre 2007 sur l’île de Maui dans l’archipel hawaiien. En ce « Big Monday », les vagues sont énormes sur le spot de « Outer Sprecks ». Laird Hamilton, 43 ans, et Brett Lickle, autre surfeur expérimenté de 47 ans, ont déjà surfé dans la matinée. Quand ils décident d’y retourner dans l’après-midi, les vagues ont quasiment doublé de taille : 40 pieds hawaiiens soit 80 pieds de face, c’est-à-dire des vagues approchant les 25 mètres de hauteur !

Note de Surf Prevention : il est quasiment impossible de prendre des vagues de cette taille à la seule force de ses bras. Les surfeurs s’aident d’un jet-ski pour s’élancer sur les vagues : c’est le tow-in ou surf tracté.

Brett Lickle tracte Laird Hamilton sur la deuxième vague de la plus grosse série de la journée. Puis il tente d’aller le récupérer après sa chute dans la zone d’impact avant l’arrivée de la vague suivante. Mais ils n’ont pas le temps de s’échapper de la zone dangereuse et une vague gigantesque leur ferme dessus. Alors que Lickle est éjecté du scooter des mers, une dérive en aluminium d’une planche vient lui entailler le mollet gauche…

Note de Surf Prevention : certaines dérives de tow-in en aluminium sont très tranchantes et peuvent occasionner de profondes blessures.

Le muscle triceps sural de Lickle est sectionné mais il doit encore supporter pendant de longues minutes de se faire violemment secouer sous l’eau, vague après vague. Quatre vagues suffisent à balayer les deux surfeurs 500 mètres plus loin, à distance de la zone d’impact.

Laird se lance dans une opération de survie en plein océan. Pour juguler le saignement du membre inférieur gauche de son ami, il aurait arraché une manche longue de sa combinaison pour l’utiliser comme garrot.

Note de Surf Prevention : le garrot ne s’utilise qu’en dernier recours pour stopper une hémorragie. Dans cette situation, Laird n’avait pas d’alternative. Un garrot du membre inférieur doit se faire au niveau de la cuisse, c’est-à-dire au dessus du genou.

Dave Kalama, le pote de Laird, est passé en hélicoptère au-dessus de la zone mais il ne les a pas repérés et il a passé son chemin à la recherche d’autres vagues sur la côte… Laird a dû nager dans une mer démontée sur plus de 500 mètres jusqu’au jet-ski pendant que Brett redoutait que son saignement n’attire les requins tigres qui rôdent dans les parages…

Laird est revenu récupérer Lickle et ils ont pu appeler les secours par radio. Comme le muscle pendait, Lickle n’a pas pu être remorqué allongé sur la planche du jet-ski car la résistance de l’eau aurait pu aggraver la lésion. Il a dû s’agenouiller sur la planche en prenant appui avec son corps sur le siège arrière du jet ski. Une ambulance attendait sur Baldwin Beach l’a transporté à l’hôpital. Il a fallu une heure pour recoudre la partie interne de sa blessure et 56 agrafes pour la refermer, le tout sous anesthésie locale car les médecins n’ont pas osé une anesthésie générale dans ce contexte de noyade. Un traitement antibiotique lui a été prescrit pour éviter une infection de la blessure.

Brett Lickle s’en est tiré à bon compte et conclut cette mésaventure en disant : « J’avais déjà enduré 4 ou 5 situations de ce genre dont je me suis sorti vivant par miracle. C’est un bon sentiment de s’en tirer et de se dire qu’il y a quelqu’un là-haut qui veille sur vous… »

Sa femme était également soulagée : « le tow-in est toujours un motif d’inquiétude pour moi mais j’ai une grande confiance en ses coéquipiers : Brett partait pour secourir Laird mais c’est Laird qui l’a sauvé ! »

Notes de Surf Prevention : Cette histoire confirme que le tow-in est une affaire de watermen entraînés et expérimentés. C’est un sport d’équipe car les équipiers veillent en permanence à se porter secours mutuellement.

Attention à certaines dérives de tow-in, encore plus tranchantes que les dérives classiques.

 

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