Alli des laboratoires Glaxo Smith Kline

Les gélules Alli sont disponibles en France depuis mercredi 6 Mai 2009 et le battage médiatique autour de sa commercialisation a largement contribué à en faire la publicité.

Que faut-il penser d’Alli ?

Je l’annonce tout de suite aux surfeuses (et aux surfeurs) tentés par Alli pour retrouver la ligne avant l’été : aller à l’eau quotidiennement (pour nager, pour surfer,…) est beaucoup plus efficace qu’ingérer cette pilule dans l’optique de perdre du poids.

Pour lire la fiche Surf Prevention sur la prise en charge de la surcharge pondérale, cliquez ici.

Alli n’est ni un médicament révolutionnaire ni même une nouveauté dans la pharmacopée : son principe actif l’orlistat existait déjà dans le Xenical des laboratoires Roche mais son dosage est deux fois moindre ici (60 mg pour une gélule d’Alli au lieu de 120 mg pour le Xenical).

La mise en vente d’Alli est accompagnée d’une campagne promotionnelle qui le présente comme « une solution pour perdre du poids » en complément d’un régime alimentaire adapté et d’une activité physique.

Les laboratoires GSK présentent leur médicament Alli sous son meilleur jour avec des explications claires sur sa bonne utilisation à destination du consommateur potentiel.

J’ai bien dit « consommateur », et non pas patient, car Alli 60 mg est vendu en pharmacie sans ordonnance (contrairement à son grand frère le Xenical délivré exclusivement sur prescription médicale): et c’est bien sur ce point qu’il doit y avoir polémique !

Alors que les personnes qui relèvent d’un tel traitement sont en surpoids et nécessitent une prise en charge (ou au moins une consultation) médicale pour leur surcharge pondérale (potentiellement associée à une dyslipidémie, un diabète, une hypertension artérielle, ou encore des troubles du comportement alimentaire, etc.) , on va une fois de plus court-circuiter le médecin. Le médecin (généraliste, nutritionniste…) aurait pourtant un grand rôle à jouer pour conseiller les gens sur leur hygiène de vie. Il est le plus à même d’intégrer ces recommandations dans les dimensions médicales, psychologiques et sociales de ses patients.

Malheureusement, les mesures hygiéno-diététiques, qui suffisent le plus souvent à vivre en bonne santé, sont peu rentables pour les laboratoires pharmaceutiques qui veulent entretenir le mythe des pilules miracle pour continuer à « vendre du médicament » dans toutes sortes d’indications plus ou moins discutables.

Soyons réalistes : si Alli était sur prescription médicale, il y a fort à parier que ce serait un échec commercial cuisant compte-tenu de l’insuffisance du service médical rendu apporté par ce médicament. En le laissant en vente libre en pharmacie (derrière le comptoir tout de même), le business s’annonce beaucoup plus juteux car les pharmaciens n’ont ni intérêt ni les moyens de contrôler les ventes de ce médicament. En disant cela, je ne dénigre absolument pas le rôle fondamental des pharmaciens d’officine qui feront comme il peuvent pour délivrer Alli à bon escient. Je me méfie plutôt des patient(e)s prêts à tout pour perdre du poids au mépris des précautions d’emploi et des contre-indications d’Alli (voir ci-dessous).

Alli est donc un nouveau médicament d’automédication ; automédication que l’on cherche à encourager en France, alors que la plupart des patients ne savent même pas comment prendre du Doliprane (paracétamol)… Il y a de quoi s’inquiéter sur les effets iatrogènes en laissant de plus en plus de médicaments en vente libre. Mais qui se plaindra de l’automédication ? Cela économise des consultations médicales onéreuses pour la Sécu et cela permet de vendre plus de médicaments (bientôt en supermarchés ???). La logique comptable et commerciale prime parfois sur la santé des gens…

Repères sur ALLI :

Mode d’action d’Alli : l’orlistat est un inhibiteur des lipases gastrointestinales. Il limite l’absorption des graisses apportées par l’alimentation avant leur digestion. Cela entraîne une augmentation de la quantité de graisse dans les selles dans les heures qui suivent la prise.  Il bloquerait l’absorption d’environ 25 % des graisses alimentaires.

Alli 60 est indiqué en association à un régime modérément hypocalorique et pauvre en graisses.

Alli est destiné aux adultes dont l’Indice de Masse Corporelle (ou I.M.C.) est supérieur ou égal à 28 kg/m².

La posologie d’Alli : une gélule d’Alli à prendre avec un verre d’eau trois fois par jour à chaque repas.

NB : Alli ne doit pas être pris si un repas est sauté ou ne contient pas de graisses.

Au bout de 12 semaines si aucune perte de poids n’est observée, l’arrêt du traitement et une consultation médicale (ah quand même !) doivent être envisagés.

La durée maximale du traitement est de 6 mois.

Alli 60 mg ne doit pas être utilisé :

– en cas d’hypersensibilité à l’orlistat ou aux excipients,
– chez les mineurs (<18 ans),
– chez les femmes enceintes ou allaitantes,
– chez les personnes souffrant de malabsorption chronique ou de cholestase,
– en cas de traitement par ciclosporine (risque de diminution de l’efficacité immunosuppressive) ou par un anticoagulant oral (risque d’augmentation de l’INR et donc d’hémorragies).

Les patients sous traitement anti-hypertenseur, hypocholestérolémiant, antidiabétique oral ou traités par amiodarone sont priés de consulter leur médecin avant d’envisager la prise d’Alli.

Les effets indésirables les plus fréquents sont digestifs : flatulences (avec taches huileuses en option), besoin impérieux d’aller à la selle, selles grasses, molles, douleurs abdominales, incontinence fécale… Plus vous mangez gras et plus vous risquez de souiller vos sous-vêtements par des flatulences grasses (= des pets foireux) voire des diarrhées impérieuses (bon appétit !).

A noter que les troubles gastro-entéritiques peuvent perturber l’efficacité de la contraception orale chez les femmes qui prennent « la pilule » et qu’une méthode contraceptive complémentaire (comme un préservatif) est souhaitable pour prévenir une grossesse non désirée.

L’orlistat perturberait aussi l’absorption de vitamines liposolubles (A, D, E, K) pourtant indispensables.

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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2 Commentaires

  1. L’Afssaps met en garde contre le risque d’atteintes hépatiques rares mais graves lors d’un traitement par orlistat. Deux spécialités commercialisées en France contiennent cette substance active à des dosages différents Alli® (orlistat 60 mg) et Xenical® (orlistat 120 mg), ces deux spécialités disposent d’une autorisation de mise sur le marché européenne et sont indiquées dans le traitement du surpoids ou de l’obésité.

    Alli® est commercialisé en France depuis mai 2009 par GlaxoSmithKline Santé Grand Public. Il est indiqué dans le traitement du surpoids (IMC1 ≥ 28 kg/m&sup2;) chez l’adulte, associé à un régime modérément hypocalorique et pauvre en graisses. Ce médicament n’est pas soumis à prescription médicale. Il peut donc être délivré en pharmacie sans ordonnance à la demande du patient. Pour cette raison, Alli® fait l’objet d’un suivi national de pharmacovigilance depuis sa commercialisation.

    Xenical® est commercialisé en France depuis septembre 1998 par Roche. Il est indiqué en association à un régime modérément hypocalorique, dans le traitement de l’obésité (IMC ≥ 30 kg/m2), ou du surpoids (IMC ≥ à 28 kg/m2) associé à des facteurs de risques. Cette spécialité est soumise à prescription médicale.

    Plusieurs cas graves d’atteintes hépatiques ont été rapportés chez des patients traités par orlistat ayant conduit dans certains cas à une transplantation hépatique voir au décès du patient. Le lien de causalité avec l’orlistat reste difficile à établir mais ne peut pas être exclu. Devant la gravité de ces effets hépatiques, l’Agence Européenne du Médicament (EMA) a récemment conduit une évaluation des effets indésirables rapportés avec orlistat. Elle a décidé de réévaluer le rapport bénéfice/risque de ces deux spécialités.

    Dans l’attente des résultats de cette réévaluation, l’Afssaps souhaite mettre en garde contre ce risque rare mais grave d’atteinte hépatique.

    L’Afssaps rappelle la nécessité de respecter strictement les indications de ces deux produits et recommande :

    aux médecins qui prescrivent Xenical® et aux pharmaciens qui dispensent Alli® et Xenical® d’informer les patients sur la possibilité de survenue d’une atteinte hépatique ;
    aux patients de signaler immédiatement à leur médecin tout symptôme d’atteinte hépatique. Les symptômes peuvent être notamment une fatigue, un jaunissement de la peau et des yeux, des maux de ventre et une sensibilité du foie ;
    l’arrêt immédiat du traitement par orlistat en cas de survenue de symptômes d’atteinte hépatique ainsi que la réalisation d’un bilan hépatique.

    L’Afssaps rappelle que la démarche de perdre du poids n’est ni anodine ni sans conséquence pour la santé. Elle doit entrer dans le cadre d’une démarche globale, individualisée et s’inscrire sur le long terme sous le contrôle d’un médecin.

    L’Afssaps rappelle que tout effet indésirable grave ou inattendu doit être déclaré par les professionnels de santé aux centres régionaux de pharmacovigilance-CRPV . Les patients peuvent également déclarer un effet indésirable par le biais d'une association de patients agréée, ou directement au CRPV dont ils dépendent géographiquement au moyen du formulaire disponible sur le site Internet de l'Afssaps.

  2. La pilule anti-obésité Alli n’est plus vendue en France depuis 2012. L’information a été confirmée par GSK. Connue pour ses effets indésirables, le laboratoire évoque pourtant un problème d’approvisionnement.

    […]

    Dès le lancement du médicament en France en 2009, l’Afssaps (l’ancienne Agence de sécurité du médicament française) mettait en garde les patients contre les effets secondaires indésirables du traitement. Elle rapportait il est vrai à l’époque des cas graves d’atteintes hépatiques survenus chez des patients traités par orlistat (Alli) ayant conduit dans certains cas à une transplantation hépatique voir au décès du patient. « Le lien de causalité avec l’orlistat reste difficile à établir mais ne peut pas être exclu », précisait à l’époque l’Agence.
    Devant la gravité de ces effets hépatiques, et à la demande de l’Afssaps, l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait conduit une réévaluation des effets indésirables rapportés avec orlistat. A l’issue de ce processus, l’Ema avait confirmé que le rapport bénéfice/risque des spécialités contenant de l’orlistat restait favorable dans les indications de l’autorisation de mise sur le marché.

    Enfin, concernant le Xenical, un autre médicament à base d’orllstat utilisé pour lutter contre l’obésité, il reste pour sa part commercialisé en France par les laboratoires suisses Roche. Mais contrairement à Alli, ce traitement est soumis à prescription médicale.

    http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/Alli—pourquoi-la-pilule-anti-obesite-n-est-plus-vendue-en-France-3550.html

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