A l’heure où l’on évoque la possibilité de faire travailler les personnes en congé maladie ou en congé maternité, voici l’histoire d’un jugement rendu en Australie qui donne raison à une personne qui avait fait du surf pendant son arrêt de travail.

Shane Bevan est un jeune surfeur retraité du circuit professionnel qui travaille dans une entreprise d’acheminement des bagages dans un aéroport.

Victime d’un accident de travail, il s’est fait mal au dos et aurait obtenu un certificat d’arrêt de travail.

Pendant son arrêt de travail, comme son dos allait mieux, il avait décidé de participer à la compétition du Queensland’s Coolum Classic, dont il était tenant du titre, en la mémoire de son grand-père qui venait de mourir.

Quand son employeur s’en est rendu compte, il a immédiatement renvoyé le surfeur.

La Commission des Relations Industrielles australienne (Industrial Relations Commission) a jugé en appel que le licenciement avait été abusif et a demandé à ce que des indemnités soient reversées au surfeur.

L’ostéopathe du surfeur aurait signalé que le surfeur ne faisait pas courir de risques pour son dos en allant surfer. Sur ce point-là, j’émets une réserve : le surf est un sport qui occasionne toutes sortes de dorsalgies et de douleurs lombaires .

Pendant un arrêt de travail pour « mal de dos », des activités comme la marche ou la natation me paraissent plus indiquées que le surf, si les douleurs le permettent évidemment.

Mais c’est sur le fond que cette affaire soulève un débat très intéressant : pendant les arrêts maladies liés à certaines indications, ne serait-il pas judicieux d’autoriser ou d’encourager le sport ?

A l’heure actuelle, les heures de sorties pendant les arrêts de travail sont très limitées, et les sorties en dehors de ces horaires ne sont autorisées que pour consulter son médecin ou recevoir des soins.

Il va de soi que le sport en général, et le surf en particulier, sont contre-indiqués en cas de problèmes infectieux ou traumatiques aigus.

Mais quid d’un employé en arrêt maladie pour un épisode dépressif majeur ou un trouble anxieux réactionnel à un stress au travail  par exemple? Ne devrait-on pas l’inciter à sortir de chez lui pour se changer les idées et à avoir une activité physique plutôt que de le laisser ruminer entre ses quatre murs avec seulement 3 ou 4 heures fixes de liberté par jour ? Surtout quand on sait qu’un sport comme le surf pourrait avoir des vertus positives sur le psychisme

Il faudrait arriver à formaliser les durées des arrêts de travail et les consignes à respecter en fonction des indications médicales. Par exemple pour une grippe : 3 à 7 jours d’arrêt de travail et sport déconseillé. Cela aiderait les médecins et cela limiterait les arrêts abusifs.

Mais restons prudents quand on parle d’abus et ne jetons pas la pierre aux médecins généralistes trop vite. Quand un patient vient voir son médecin pour des symptômes douloureux, une fatigue, un surmenage,…le médecin ne remet pas en doute la plainte et la bonne foi du patient. Il croit le patient sur parole car la « relation médecin-patient » est avant tout basée sur une confiance réciproque.

Reste le problème des arrêts de travail de complaisance. Il m’est arrivé de voir au cabinet des patients me demander sans détour un arrêt pour prolonger leur week-end, réviser leurs examens ou partir faire du surf, sans aucune raison médicale !!! Je refuse systématiquement ces demandes indues et je « recadre » ce genre de patients. Mais je me suis déjà entendu répondre : « ce n’est pas grave, j’irai voir un autre toubib et je lui ferai croire que j’ai mal au dos… » Ce genre d’attitude témoigne de l’incivilité et de la malhonnêteté de certains patients et du peu de respect qu’ils témoignent envers les médecins généralistes.

Dans ce contexte, les statistiques sur les arrêts maladies parues ce jour sont à prendre avec des pincettes.

D’après la Tribune et un rapport de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, un arrêt de travail sur dix serait injustifié ou trop long. Ce chiffre s’élève à 13% pour les arrêts de courte durée, de moins de 45 jours.

Ces abus ont évidemment des répercussions sur les comptes de l’assurance maladie : le versement d’indemnités journalières n’a cessé d’augmenter depuis 2006 (+6,4% au premier trimestre 2009) malgré le renforcement des contrôles.

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