Car Surfing dans le jeu vidéo Grand Theft Auto

Comme si le surf sur l’eau n’était pas déjà suffisamment risqué, certains adeptes du « car surfing » tentent le diable en surfant sur des bagnoles !

Qu’est-ce que le car surfing ?

Le car surfing est une activité à hauts risques qui consiste pour un individu à garder l’équilibre à l’extérieur d’un véhicule en marche.

La plupart du temps, le « surfer » est debout sur le capot, le toit ou le coffre de la voiture.

Il arrive aussi que le surfeur s’accroche sur l’arrière ou sur les côtés de la voiture (en roller ou en skate), ces variantes étant tout aussi dangereuses.

L’un des premiers exemples de car surfing est fourni dans le film Teen Wolf avec Michael J.Fox (1985).

Des neurochirurgiens se sont intéressés à ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes aux Etats-Unis et qui touche également d’autres pays développés comme le Canada.

La prévention des traumatismes crâniens chez les enfants est l’une des préoccupations majeures des médecins et le car surfing peut occasionner des traumatismes crâniens graves voire mortels.

Les médecins ont mené une étude rétrospective des cas admis dans un centre hospitalier entre Janvier 1995 et Décembre 2008 : le Rainbow Babies & Children’s Hospital.

Ils ont recensé 7 patients de moins de 16 ans (6 garçons et un fille) victimes d’un accident de car surfing et ont analysé leurs dossiers médicaux.

NB : les différentes études retrouvent une large prédominance de victimes de sexe masculin. 

La moyenne d’âge de ces patients était de 13 ans.

Ces 7 patients qui ont été victimes du car surfing ont tous présenté un traumatisme touchant la tête.

– 3 patients sont tombés par l’arrière d’un véhicule en marche,
– 2 sont tombés du capot,
– 1 du côté du véhicule.

Ces patients sont tombés sur la route suite à une accélération ou à une décélération brutale du véhicule, mais le 7e patient a sauté intentionnellement du véhicule.

La gravité du traumatisme dépendait notamment de la vitesse du véhicule et de la hauteur de la chute (ceux qui tombent du toit pourraient avoir des blessures plus sévères). Attention, de graves blessures peuvent survenir même à faible allure.

Tous les patients de cette étude se sont blessés à la tête en heurtant la chaussée.

Quatre patients ont présenté un traumatisme crânien avec une perte de connaissance initiale (PCI).

Le score de Glasgow à l’admission à l’hôpital variait de 7 à 15 selon les patients.

Les 7 jeunes patients ont présenté un saignement intra-crânien, dont 4 avaient une fracture du crâne associée.

Un patient a dû subir une craniotomie pour évacuer un hématome sous-dural aigu.

4 patients ont gardé des séquelles neurologiques : troubles mnésiques, céphalées chroniques, labilité émotionnelle,…

Les séquelles cognitives, comportementales ou émotionnelles consécutives aux accidents de car surfing sont d’autant plus importantes qu’elles touchent des sujets jeunes en phase de maturation cérébrale.

Les données nationales sur les décès liés au car surfing sur la même période ont également été analysées chez les enfants et les adolescents âgés de 10 à 20 ans grâce aux informations de la National Highway Traffic Safety Administration .

Cette banque de données recense les décès en véhicule motorisé – et leurs circonstances exactes – dans les 50 états américains dans le but d’identifier les problèmes liés à la circulation routière et les mesures préventives à mettre en place.

Ce système a permis de recenser les décès de jeunes de moins de 21 ans en pratiquant le car surfing.

L’analyse de ces données montre une augmentation régulière des morts liées au car-surfing depuis l’an 2000 : les 3 états les plus touchés par le phénomène sont la Californie (51 victimes), le Texas (42) et la Floride (40) (les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse qu’il y aurait peut-être plus d’accidents dans ces états du fait de leur climat chaud et ensoleillé propice au surf…sur voiture !).

Une étude rétrospective dans la presse américaine a également été menée en utilisant LexisNexis pour identifier les facteurs qui contribuent à devenir un « car surfeur »et les circonstances des accidents : les articles paru entre 1998 et 2008 sur le sujet ont été épluchés.

L’analyse de la presse américaine des 10 dernières années révèle que ce sont surtout le show télévisé Jackass, le jeu vidéo Grand Theft Auto et le site de partage vidéo YouTube qui ont popularisé le car surfing.

Jackass est une émission télévisée dans laquelle des activités potentiellement dangereuses, comme des cascades sur des engins motorisés ou des skateboards par exemple, sont réalisées avec un état d’esprit « tête brûlée » et potache.

Grand Theft Auto est un jeu vidéo qui permet notamment de commettre des actes de délinquance et de surfer sur des voitures dans des villes virtuelles reproduisant des quartiers de New York, San Francisco, Los Angeles, Las Vegas, ou Miami. Ces mêmes villes du jeu vidéo font partie de 2 des 3 états les plus touchés par les accidents de car surfing (coïncidence ou lien de cause à effet ?).

En tapant sur le moteur de recherche de YouTube, les mots-clés « Car surfing », plus de 350 vidéos différentes ont été répertoriées entre 2006 et 2008.

Il semblerait également qu’il existe une corrélation chronologique entre l’introduction de ces médias et l’augmentation des accidents de car surfing.

Entre 1999 et 2008, 74 cas d’adolescents victimes du car surfing ont été répertoriés dans la littérature médicale (en Iowa, Michigan, Ohio et Texas), ce qui ne représente qu’un échantillon de toutes les personnes blessées au cours de cette activité.

L’essentiel :

N’essayez jamais le car surfing !

Tout patient blessé suite à un accident de car surfing devrait être examiné attentivement au niveau neurologique et bénéficier d’examens complémentaires type scanner cérébral pour éliminer une lésion intra-crânienne.

La gravité des blessures liées au car surfing est vraisemblablement due à une combinaison de plusieurs facteurs : la vitesse, le mécanisme de la chute de la voiture et l’absence de protection de la tête par un casque.

L’influence d’Internet et des jeux vidéos sur les plus jeunes n’est pas étrangère à la popularisation de cette activité.

Malgré ses dangers, le car surfing devient un passe-temps à hauts risques chez certains jeunes.

Une sensibilisation du grand public aux dangers du car surfing s’avère nécessaire pour prévenir les traumatismes crâniens liés à cette activité.

Le car surfing peut conduire à de graves lésions neurologiques pouvant entraîner a mort.

La localisation des traumatismes est essentiellement la tête d’après les différentes études. 

Les conduites à risques des adolescents et des grands enfants concernés par ces accidents de car surfing pourraient être liées au fait qu’il sont facilement influencés par ce qu’ils voient dans les medias et par leur non-perception des dangers liés à ces activités.

La prévention des accidents de car surfing passe par la sensibilisation aux risques de cette activité et par des avertissements explicites dans les medias qui  diffusent ces activités à risques.

Source : Arthur Wang, B.S., Alan R. Cohen, M.D., and Shenandoah Robinson, M.D. Division of Pediatric Neurological Surgery and The Neurological Institute, University Hospitals Rainbow Babies and Children’s Hospital, Case Western Reserve University School of Medicine, Cleveland, OhioDisclaimer

References de l’article :

1. Campbell CG, Kuehn SM, Richards PM, Ventureyra E, Hutchison JS: Medical and cognitive outcome in children with traumatic brain injury. Can J Neurol Sci 31:213-291, 2004

2. Carey J, McCarthy MC, Ekeh AP, Patterson L, Woods R: Carsurfing in southwest Ohio: incidence and injuries. J Trauma 59:734-736, 2005

3. Clark S, Mangram A, Dunn E: Car surfing: case studies of a growing dangerous phenomenon. Am Surg 74:260-261, 2008

4. Farhi P: Ghost-riding: another bad idea from California. News and Observer. January 8, 2007. http://www.newsobserver.com/105/story/529966.html [Accessed 12 June 2009]

5. Geiger JD, Newsted J, Drongowski RA, Lelli JL: Car surfing: an underreported mechanism of serious injury in children and adolescents. J Pediatr Surg 36:232-234, 2001

6. Greenspan A, Shults R: Injuries resulting from car surfing- United States, 1990-2008. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 57:1121-1124, 2008

7. Jones S: Flambosting the hyphy nation. USA Today. April 13, 2006. http://www.usatoday.com/life/music/news/2006-04-13-hyphy-side_x.htm [Accessed 12 June 2009]

8. Michaud LJ, Duhaime AC, Batshaw ML: Traumatic brain injury in children. Pediatr Clin North Am 40:553-565, 1993

9. National Highway Traffic Safety Administration: Fatality Analysis Reporting System (FARS) Web-Based Encyclopedia.
(http://www-fars.nhtsa.dot.gov/Main/index.aspx) [Accessed 12 June 2009]

10. Peterson T, Timberlake G, Yeager A, Jadali M, Royer K: Car surfing: an uncommon cause of traumatic injury. Ann Emerg Med 33:192-194, 1999

11. Schwebel DC, Severson J, Ball KK, Rizzo M: Individual difference factors in risky driving: the roles of anger/hostility, conscientiousness, and sensation. Accid Anal Prev 38:801-810, 2006

Manuscript submitted December 19, 2008.
Accepted April 28, 2009.
Published online July 17, 2009; DOI: 10.3171/2009.4.PEDS08474.

Address correspondence to: Shenandoah Robinson, M.D., Pediatric Neurological Surgery, Room B501, Rainbow Babies and Children’s Hospital, 11100 Euclid Avenue, Cleveland, Ohio 44106. email: shenandoah.robinson@uhhs.com.

Lire l’article entier sur le Journal of Neurosurgery .

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3 Commentaires

  1. Basile dit :

    Mouais…

    J'ai 32 ans, et j'ai appris l'année dernière ce qu'était le "jeu du foulard" parce que le fils de mon voisin a été retrouvé "pendu". Faut dire que j'ai pas grandi avec Internet (et sans la télé, 68 quand tu nous tiens…)

    Du coup, c'est un peu soit j'explique à mon gamin toutes les conneries qui existent et qu'il ne faut pas faire (au risque de le tenter), soit je le laisse dans l' "ignorance" en imaginant que je l'éduque assez bien d'autre part pour qu'il ait du discernement…

    Ca me rappelle aussi ma jeunesse : A l'époque, le jouet à la mode, c'était une sorte d'extraterrestre avec des organes en plastique et du slime. J'avais ça, j'étais content.

    Avec mes parents deux semaines plus tard, on a entendu l'histoire d'un gamin italien de 8 ans qui avait le même truc et qui avait éventré sa soeur avec un couteau de cuisine "pour voir le slime". Evidemment, à moi, ça ne m'était pas venu à l'esprit (et ça ne m'a pas donné l'idée non plus, pourtant j'ai trois frères et soeurs à éventrer…)

    Je pense qu'il faut pas oublier l'effet de prisme des médias et d'internet. On parle pas des histoires qui se terminent bien, et le domaine de la médecine sur Internet est particulièrement représentatif.

    En tant que parent, il m'arrivait au début d'imaginer l'auto-médication via Internet, mais bon, au bout de trois pages de recherche, on imagine le cancer et les autres horreurs juste parce que les gens cristallisent sur les trucs affreux. La plupart du temps, ces mêmes gens sont en réalité en train de parler d'une vulgaire rhinite…

    Bref tout ça pour dire que je vais pas militer contre le car surfing, franchement, je connais personne assez con pour faire ça (et pourtant j'ai des adolescents vraiment pas fins dans mon entourage…)

  2. Gabrielle Dionne, une adolescente est morte des suites de ses blessures en "surf de voiture" au Canada : http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2009/08

  3. Une jeune femme s’est blessée à la tête dans un accident de surf sur véhicule (ou «car surfing»), tard mardi soir, à Québec.

    Elle est en effet tombée d’un véhicule en marche, vers 23 h 55, sur la rue des Flandres, dans le secteur Charlesbourg. Selon un témoin rencontré par TVA Nouvelles, la jeune femme se trouvait sur le toit du véhicule et saluait de la main lorsqu'elle a chuté. «Elle a été blessée gravement (…) et elle a été transportée à l'hôpital, où son état est jugé sérieux», a indiqué Christine Lebrasseur, de la police de Québec.

    Comme le conducteur du véhicule a quitté les lieux et que la jeune victime ne portait aucun papier d'identité sur elle, les policiers ignorent toujours qui elle est.

    Quiconque détient de l'information pertinente sur cet incident peut composer le 418-641-AGIR.

    Source : http://fr.canoe.ca/infos/societe/archives/2010/08

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