Le surfeur Stephane Iralour Crédit Photo A. Bonsard

En exclusivité pour Surf Prevention, le surfeur Stéphane Iralour revient sur sa blessure survenue pendant la session du 23 Novembre 2009 à Belharra et en profite pour remettre les points sur les i quant à la puissance de cette vague.

« Dans l’eau depuis près de 4 heures, un set qui tarde à rentrer et qui me laisse « tremper » dans l’eau une quinzaine de minutes dans l’eau froide ont fait que je me suis sans doute un peu relâché. Quand Eric (Rougé) m’a lancé, je n’avais pas de très bons appuis.

Sur ma blessure, avec la confiance, malgré la vitesse et le clapot j’ai essayé au maximum de surfer la vague. Après un roller, plutôt en fin de vague, la mousse m’a rattrapé une première fois et m’a déséquilibré. Mon pied avant est sorti du footstrap. La planche dans ces conditions est devenue difficile à contrôler, puis la mousse m’a rattrapé une seconde fois et m’a fait tomber. Je me suis immédiatement mis en mode « chute » en pensant à autre chose et en restant le plus calme possible donc je ne saurai pas exactement te dire ce qu’il s’est passé mais ce dont je me souviens c’est que je suis tombé l’épaule la première et que j’ai senti toute la pression s’exercer sur elle à mesure que je m’enfonçais sous l’eau, malgré la life jacket, jusqu’au moment où j’ai entendu un « crac ». Rien d’insupportable mais ça plus le brassage que peut t’offrir une mousse à cette taille ont fait que quand Eric m’a chargé sur le sled j’ai plutôt apprécié la ballade sur le boogie jusqu’à la passe.

La faute à pas de chance sans doute si je compare avec les boîtes d’autres riders sur la même session qui s’en sont sortis avec quelques étoiles et un bon coup de chaud mais rien de plus…

Rentré au port je n’y ai pas prêté plus attention que ça. Mais comme quelques jours après je souffrais, mon médecin qui est un ami et un surfer m’a convaincu de venir passer des examens. Bilan : luxation sterno-claviculaire gauche. Tu sauras en parler mieux que moi mais grosso modo ça signifie que la tête de la clavicule au niveau gauche de mon sternum est sortie de sa loge sous la pression.

Anti-inflammatoires et relaxant musculaire pendant 1 semaine, du repos pendant 3 semaines accompagné d’une quinzaine de séances de kiné, pour la remettre en place et soigner l’entorse et ça repartira.

Cette boîte, plus quelques autres d’autres surfers, viennent quand même te rappeler qu’il est vital de faire attention…même quand il est question d’une grosse vague molle et malgré une préparation quotidienne à base de footing, de vélo, de piscine ou encore de sophrologie.

Après, c’est juste ma passion donc je n’ai pas envie de prouver quoi que ce soit mais je ne peux m’empêcher de sourire à la lecture de certains commentaires sur les forums. En toute modestie, malgré mon expérience du surf de grosses vagues à la rame, en stand up ou en tow, je peux t’assurer que la puissance de Belharra ne ressemble à aucune autre vague qu’il m’ait été donné de surfer. En résumé, elle peut paraître molle de loin mais crois-moi elle est loin d’être molle. Que des surfers comme Michel Larronde, pourtant habitués à Jaws, fassent le voyage car ils la trouvent incroyable doit aussi avoir du sens.

Sans chercher à tomber dans la comparaison, elle peut paraître moins formée que d’autres pics connus dans le monde car elle ne casse pas près du bord mais à près de deux miles au large. La configuration même de l’endroit, en pleine mer, fait que c’est plus une masse d’eau qui vient casser sur un haut fond qu’autre chose. La houle déboule sans être freinée.

Pour mieux comprendre, là où tu surfes à environ à environ 20 km/h sur une vague classique dans le surf de gros à la rame, à Belharra le jet te lance à 50km/h et tu as du mal à suivre. Le lieu, ouvert au vent et en pleine mer fait que le clapot est aussi important. C’est un peu comme si on te lançait à cette vitesse en snowboard sur une piste noire bosselée ; au début tu vas essayer de survivre en encaissant les chocs et en espérant que tes jambes tiendront. Et puis à mesure que le temps passe et que tu subis moins, tu vas essayer de tracer des courbes au milieu de ce champ de mine. C’est un peu là où nous en sommes aujourd’hui concernant Belharra.

L’expérience accumulée depuis toutes ces années, le recul en matière de compréhension de la vague, du matériel ad hoc, font que l’on arrive à mieux appréhender l’endroit. »

Stéphane Iralour.

Stephane Iralour en train de surfer la vague de Belharra avec la montagne de la Rhune en arrière-plan. Photo Greg Rabejac

Crédit Photo : Greg Rabejac.

Lire aussi l’accident de tow-in de Hugues Oyarzabal.

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