Le traitement médiatique de la grippe A a fait peur aux Français qui se sont initialement précipités dans les centres de vaccinations.

Je reçois encore dans mon cabinet de médecine générale des patients asymptomatiques qui ont simplement « peur » d’avoir été en contact avec des gens atteints par la Grippe A. Résultat : des consultations par dizaines simplement pour rassurer les gens par rapport au discours alarmiste ambiant.

Que les choses soient claires : si cette grippe a fait aussi peu de victimes, c’est tout simplement parce que le virus n’est pas méchant, si l’on excepte quelques formes fulminantes exceptionnelles de grippe A chez des patients a priori sans facteurs de risques (j’attends toujours de lire une étude exhaustive à ce sujet).

Ce qui est frappant dans cette affaire, c’est que l’on en arrive à oublier des pathologies autrement plus mortelles comme le VIH, le paludisme, (certaines personnes qui courent se faire vacciner contre la grippe A sont les mêmes qui vont baiser sans capote ou qui vont partir en voyage dans une zone à risques sans prophylaxie anti-palu…), la tuberculose, la rougeole, les méningites, les pneumonies bactériennes,…

Pendant que des enfants en Afrique n’ont pas accès à un traitement contre le SIDA, les petits Français se font vacciner contre une maladie bénigne pour un coût astronomique, supérieur au milliard d’euros.

Autre illogisme absolu en France : les Français ont peur de la Grippe A mais dans le même temps ils ne sont jamais autant allés s’enfermer dans des lieux publics comme les cinémas cette année (bon moyen pour se contaminer les uns les autres en une seule séance).

Il paraît que nos voisins européens ont pris cette crise sanitaire avec beaucoup plus de flegme : lire cet article très instructif sur la gestion de la Grippe A par l’Allemagne où les généralistes ont même pu vacciner leurs patients, contrairement à la France.

Et voici enfin une étude française qui révèle une proportion très élevée de cas asymptomatiques de grippe A : autrement dit, des millions de personnes ont eu – ou auront – cette grippe sans même s’en apercevoir ! Lire ci-dessous.

Arrêtons la psychose !

Pour faire des économies de santé, il faudrait commencer par éduquer la population à la santé, en évitant la désinformation.

En savoir plus :

Des millions de personnes pourraient donc avoir été infectées par le virus de la grippe A / H1N1 en présentant peu ou pas de symptômes, d’après une étude réalisée par l’Unité des Virus Emergents (UVE) de l’Université Aix-Marseille.

Cette étude, publiée cette semaine dans la revue américaine en ligne « PLoS Currents : influenza », a été conduite par une équipe menée par le directeur de l’UVE, le virologue Xavier de Lamballerie, sous l’égide de l’Ecole des hautes études en santé publique dirigée par l’épidémiologiste Antoine Flahault.

L’Institut de Veille Sanitaire (INVS) et l’Institut de microbiologie et maladies infectieuses (IMMI) ont participé au travail.

Les chercheurs ont étudié l’état sérologique d’un millier de femmes enceintes non vaccinées contre la grippe H1N1, sur l’ensemble du territoire français, lors de leur bilan initial de grossesse.

Ils ont ainsi établi que 10,6% présentaient des anticorps témoignant d’une infection par le virus.

Cette étude, sur une population que l’on croyait à hauts risques des femmes enceintes, révèle qu’il y aurait une proportion de cas asymptomatiques de grippe A « inhabituellement élevée » (4 cas sur 5), beaucoup plus importante que pour la grippe saisonnière (1 cas sur 3).

Pour une personne ayant consulté un médecin, quatre autres auraient été infectées…

En admettant que le taux d’infection soit le même pour les 16,2 millions de femmes et hommes de 20 à 39 ans de France métropolitaine, 1.712.000 personnes pourraient avoir été infectés récemment par le virus. Soit cinq fois plus que le nombre estimé des personnes de cet âge ayant rendu visite à leur médecin avec des symptômes de grippe.

Selon le réseau Sentinelles, qui tient compte des gens souffrant de fièvres supérieures à 39° avec signes respiratoires, quelque 2,7 millions de personnes de tous âges ont consulté en 15 semaines pour grippe en France. S’il y a bien cinq fois plus de personnes infectées que de personnes ayant consulté, on peut donc estimer que 13 millions de personnes auraient été atteintes par le virus.

Le Professeur de Lamballerie considère que cela ne doit pas dissuader les gens de se faire vacciner.

« S’il y a plus de gens qui font des formes peu graves ou asymptomatiques, il y a aussi plus de gens qui font des formes graves ou très graves », avec un nombre de gens en réanimation « extrêmement supérieur à ce qu’il est en grippe saisonnière ».

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2 Commentaires

  1. Je suis tout à fait d'accord avec ces propos, le VIH est bien plus dangereux pour certaines personnes qui osent encore avoir des relations sexuelles sans préservatifs !

    Bonne fin de semaine !

    Gael

  2. Jeux dit :

    De mon point de vue, le bilan est là : Il n'y a pas eu d'épidémie massive, l'action du gouvernement n'a pas été futile. On peut effectivement reprocher un manque d'organisation et de cohérence au niveau de la campagne de vaccination, les médecins généralistes auraient dû pouvoir vacciner en cabinet. Au moins, cette pandémie restera une "bon" exercice d'entrainement.

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