La boisson Outox est-elle efficace pour faire baisser l’alcoolémie ?
Une nouvelle boisson commercialisée sous le nom de « Outox » va faire son apparition en France. La société qui la commercialise se vanterait de pouvoir faire chuter le taux d’alcool dans le sang grâce à ce nouveau breuvage. Pour le moment, aucune étude ne permet de valider scientifiquement ces allégations.
Si un tel produit existait, il aurait surtout un intérêt médical pour faire baisser l’alcoolémie dans les services d’urgences et lutter contre les effets indésirables de l’alcool. Lancer une telle boisson en pâture au grand public présente par contre un danger : celui de voir des personnes s’alcooliser encore plus en comptant sur ce prétendu produit miracle pour faire baisser leur alcoolémie. On attend quand même de voir quelles études la marque va faire connaître pour statuer définitivement sur son (in)efficacité. En attendant, les associations de prévention de l’alcoolisme sont vent debout, même si en faisant écho à la sortie de ce produit, elles participent grandement au buzz et donc indirectement à la publicité pour cette boisson que les jeunes voudront immanquablement « tester ». Sauf que le test de cette boisson pourrait se solder par de nouveaux accidents de la route…
Pour le Docteur Alain Rigaud, médecin alcoologue à Reims, l’Outox n’a aucun effet sur la chute du taux d’alcool dans le sang (voir interview Daily Motion).
L’Outox, dangereux ?
envoyé par Europe1fr. – L’info video en direct.
A ce jour, on sait qu’il est possible pour certaines substances de ralentir l’absorption de l’alcool par le tube digestif ou de limiter modestement les effets de la gueule de bois. Certains produits s’en vantent en tous cas (cf. Security Feel Better).
Surf Prévention en profite pour faire la publicité pour sa nouvelle méthode révolutionnaire qui maintient le taux d’alcoolémie à zéro : ne pas consommer de boisson alcoolisée. C’est simple mais il fallait y penser…
Boire ou surfer, il faut choisir !
Voir aussi la vidéo Insoutenable de la Sécurité Routière.
1 commentaire
En juillet 2010, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a été saisie par la Direction générale de consommation de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour évaluer le fondement scientifique d'allégations utilisées par une boisson dont la consommation permettrait une baisse accélérée de l'alcoolémie («accélère la baisse naturelle du taux d'alcool») et une atténuation de certains effets néfastes liés à une consommation excessive d'alcool («prévient les lendemains difficiles»).
L'Agence a expertisé les résultats d'une étude fournie à la DGCCRF par la société commercialisant cette boisson afin d'étayer ces allégations. L'Anses souligne que la composition du produit avec lequel l'étude a été réalisée n'a pas été précisée. L'Anses relève en outre que la méthodologie choisie n'est pas appropriée à l'objectif de l'étude : en effet le protocole n'est pas adapté au suivi de l'élimination de l'alcool dans le sang et les tests statistiques sont critiquables.
Au-delà des critiques méthodologiques formulées, les réductions du taux d'alcoolémie observées sont d'une amplitude trop faible et sont trop variables entre les individus pour présenter une signification biologique et réduire les conséquences, notamment comportementales, induites par l'alcool.
L'Anses a également fait la synthèse des données scientifiques existantes quant aux effets du fructose et de la vitamine C sur l'alcoolémie. Elle indique que ces études ont été menées avec des protocoles très hétérogènes et le plus souvent chez un nombre limité de sujets peu représentatifs de la population. En conséquence, il n'est pas possible de conclure quant à l'effet de ces nutriments sur l'élimination de l'éthanol.
Considérant ces différents éléments, l'Anses considère que l'allégation relative à la baisse de l'alcoolémie revendiquée par ce produit n'est pas fondée scientifiquement et n'est donc pas recevable.
L'Agence rappelle enfin que les risques liés à la consommation d'alcool ne sont totalement écartés que pour une alcoolémie égale à zéro. Dans le cadre de la prévention des risques liés à la consommation d'alcool, une mention relative à une baisse de l'alcoolémie présente un risque de nature à donner une fausse impression de sécurité aux consommateurs.