Nous n’avons pas souvent eu l’occasion de dire du bien de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports, sur ce blog où nous lui avons successivement reproché le manque de lits dans les hôpitaux, sa gestion de l’épidémie de grippe A/H1N1, la déconsidération des médecins généralistes, la vague de déremboursement des médicaments, le non-remboursement des soins de thalassothérapie (dont elle profite pourtant tous les ans à cette époque à Biarritz…) ou encore son intervention dans le fiasco de l’équipe de France de football.

Roselyne Bachelot vient pourtant de faire preuve de courage politique en se disant favorable aux « salles de shoot » ou « centres d’injection supervisés ». Elle réaffirmait cette position encore hier au Centre Hospitalier de la Côte Basque : l’hôpital de Bayonne est en effet pionnier dans la prise en charge des toxicomanes grâce au Centre de Soins en Addictologie Bizia dirigé par le Docteur Jean-Pierre Daulouède.

Toxicomane au sol avec une seringue dans la main et une cuillere dans de mauvaises conditions d'hygiene. Ne vaudrait-il pas mieux des salles de shoot  iStockphoto_ Daniel Loiselle

Mais coup de semonce du Premier Ministre François Fillon qui déclare dans un communiqué que les centres de consommation de drogue supervisés ne seraient « ni utiles ni souhaitables ». Les hommes politiques « bien pensants » comme Xavier Bertrand ou Brice Hortefeux sont montés sur leurs grands chevaux en parlant d' »irresponsabilité ». Mais savent-ils seulement ce que sont les salles de consommation à moindre risque, prosaiquement appelées « salles de shoot » ?

Les « salles de shoot » sont tout sauf des lieux de débauche ou de non-droit.  Il s’agit au contraire de centres où les patients toxicomanes peuvent consommer leur drogue dans de bonnes conditions. Cela leur évite par exemple d’attraper une hépatite ou le VIH avec du matériel contaminé… Cela évite aussi des nuisances pour le citoyen lambda comme des seringues sur la voie publique comme on peut encore en trouver sur les plages… Le deal y est interdit. Les mineurs et les « débutants » n’y ont pas leur place. Une équipe médicale avec médecins, infirmiers, psychiatres, assistante sociale ou encore éducateurs y assurent une prise en charge globale des patients (médicale, psychologique, sociale…). Les toxicomanes y trouvent du matériel propre et stérile : seringues, cuillères, pipes…

Il semble que ces centres aient donné des résultats positifs dans les pays où ils existent comme l’Espagne, la Suisse, le Canada, l’Australie, l’Allemagne…avec une réduction notable de la mortalité par overdose.

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On a bien vu que le tout-répressif ne fonctionne pas dans la lutte contre la drogue. Pour lutter contre la drogue, on dispose actuellement de l’arsenal répressif qui permet l’arrestation des trafiquants (qui vont jusqu’à faire passer de la drogue sur des planches de surf…) et… les vidéos de prévention à la portée plus que douteuse

La prévention des risques liés à l’usage de drogue est l’une des préoccupations principales du site Surf Prevention. Il faut clairement ouvrir un débat sur l’opportunité d’ouvrir des salles de shoot en France au lieu de continuer à fermer les yeux et de laisser la drogue poursuivre ses ravages dans toutes les classes sociales de la société. Tout comme le Docteur Patrick Pelloux, j’y suis plutôt favorable, à condition de se donner vraiment les moyens de soigner les toxicomanes et de les faire sortir de leur addiction.

Lire aussi l’article sur l’expérience de cure de désintoxication par le surf.

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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6 Commentaires

  1. ROLET dit :

    Au Président d'intervenir … Il faut impérativement aider ces personnes …

  2. Selon un rapport de l'INSERM :

    « Les Centres d'Injection Supervisés (CIS) ont fait leurs preuves sur la réduction de la morbidité et de la mortalité associées aux overdoses. […] Les études démontrent clairement une diminution des abcès et autres maladies liées à l'injection, une diminution des comportements à risque de transmission du VIH/VHC […] chez les usagers, avec une probable influence plus large sur la communauté des usagers. »

    • corinne claeyssens dit :

      oui c’est génial de penser comme ça … mais Quand ? Et une bonne fois pour toutes ! Qu’on ne revienne jamais sur le bien fondé des CIS ! C’est Bien , c’est tout !

  3. L'avis de l'Ordre des Médecins en France :

    "Dans un avis rendu public sur son site internet, le conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) prend position contre la création de centres d’injections supervisés. Le Cnom a parfaitement conscience de la nécessité de prendre en charge les patients toxicomanes. Mais ces structures, où les usagers de drogues peuvent venir s’injecter des drogues qu’ils apportent sous la supervision de personnel qualifié (lire le rapport de l'Inserm), lui paraissent dangereuses à plusieurs titres. « On lève un interdit, on accepte l’injection d’un produit illicite et on brouille le message pour les jeunes générations, sans réduire pour autant le trafic de drogues », argumente le Dr Patrick Romestaing, président de la section santé publique et démographie médicale du Cnom Le Cnom soulève aussi la question de la responsabilité des praticiens. « Le médecin peut-il être à la fois témoin, et quelque part, complice d’un patient qui s’injecte devant ses yeux une drogue illicite ? Et que se passera-t-il, si malgré son intervention, l’usager décède par overdose ? », s’interroge le Dr Romestaing. Il existe, certes, des centres d’injection en Hollande, en Allemagne, en Suisse, en Espagne et en Australie. Mais l’Ordre rappelle que la Mildt a évalué leur fonctionnement à un million d’euros par an. Pour l’Ordre, il serait préférable de s’appuyer sur les centaines de structures qui existent déjà sur le territoire (centres d’accompagnement et d’aide à la réduction des risques des usagers des drogues, centre des soins, d’accompagnement et de prévention à l’addiction) et de favoriser l’approche sociale en prévoyant des lieux d’hébergement pour ces patients. Avec cet avis défavorable, le Cnom rejoint la position de l’Académie de Médecine et celle du Pr. Etienne Apaire, président de la Mildt."
    http://www.conseil-national.medecin.fr/article/centres-d%E2%80%99injections-supervises-1081

  4. assunta dit :

    bien-sur qu'il ne faut surtout pas etre complice,mais de pouvoir les accompagner pour les désintoxiquer oui, mais ssurtout il faudrait tout faire pour exterminer la drogue y compris la plus douce,sinon les générations futures sont perdues et là il n'y a plus de futur.

  5. compagnon dit :

    @ assunta, même le animaux se défoncent, l'humain utilise les drogues avant d'être l'homo sapiens,ramses 2 consommait de la cocaine et du cannabis…et Jésus, par le biais de la messe, invite encore les gens à boire du vin rouge…exterminer la drogue est complétement utopique…pour le futur, assunta, vous avez confondu, drogues avec ogm, radioactivité, angrais chimiques et autres saloperies non naturels et super lucratives.
    Les drogues soignent naturellement et ouvrent des portes du cerveau pour ceux qui le veulent et pour certaines, sont conviviales et récréatives comme l'alcool….avec le même danger…l'addiction et l'overdose.le plus gros probléme provient du mensonge et du tabou qui est fait autour, dés notre enfance, on nous dit, la drogue, c'est mal…et si on y goute un jour, on trouve ça super…
    Si on nous expliquait la vérité, en nous disant qu'il faut y faire trés attention, on aurait une autre approche.l'humain utilisera de la drogue jusqu'à son extinction, c'est clair, interdire, c'est continuer à enrichir des mafias, des groupes terroristes et faire la guerres à des gens qui seront à chaque fois remplacés.
    voici une pétition lancée par avaaz,pour controler légalement les drogues dans le monde entier.
    pour ceux que ça intéresse, jetez un coup d'oeil
    http://www.avaaz.org/fr/end_the_war_on_drugs_fr/

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