moustique tigre aedes albopictus sur la peau - © iStockphoto / Thomas Acop

On savait que le moustique-tigre était bien présent dans le sud de la France et que toutes les conditions étaient réunies pour qu’apparaissent des cas de dengue ou de chikungunya. C’est maintenant une réalité : après les premiers cas de dengue dans les Alpes-Maritimes, on a appris hier soir qu’une jeune fille de 12 ans souffrait de chikungunya. Il y avait bien évidemment déjà eu des cas de personnes contaminées à l’étranger qui revenaient malades en France. Mais ces 3 cas sont les 3 premiers signalés de personnes contaminées en France, sans avoir voyagé dans un pays où les virus circulent déjà.

Comment se transmet le chikungunya ? A l’heure actuelle, il suffit qu’une personne infectée revienne d’une zone où le virus sévit à l’état endémique, comme l’Ile de la Réunion ou l’Inde par exemple, qu’elle se fasse piquer en période de virémie (quand le virus circule abondamment dans le sang) par un moustique-tigre sur le sol français et que celui-ci contamine ensuite une personne saine comme cette enfant de Fréjus. Deux à dix jours après la piqûre de moustique, une fièvre apparaît ainsi que des symptômes faisant penser à une grippe. Ce sont surtout les douleurs qui permettent d’évoquer le diagnostic de chikungunya : les douleurs articulaires prédominent aux pieds et aux mains et le malade perclus d’arthralgies est littéralement plié en deux et marche courbé, d’où le nom de la maladie en makondé (dialecte africain). Une éruption cutanée de « boutons » et des saignements peuvent compléter le tableau clinique. Des formes graves neurologiques ont été décrites à la Réunion. Le malade n’est pas directement contagieux : seul un moustique vecteur peut transmettre le chikungunya d’un malade à un autre*.

Le diagnostic est confirmé par une « sérologie chikungunya » grâce aux anticorps qui apparaissent à partir du 5e jour. Le traitement est symptomatique avec des médicaments antipyrétiques (contre la fièvre) et antalgiques comme le paracétamol (Dafalgan®, Doliprane®…). Peut-on assister à une vaste épidémie en France ? Non, pas pour le moment si l’on en croit les experts, mais on risque d’assister à de petits foyers épidémiques sporadiques, comme celui qui s’était constitué en Italie il y a exactement 3 ans, en septembre 2007 dans la région de Ravenne. Pour les personnes vivant dans le Sud de la France, ou pour celles qui reviennent d’un séjour sur place, il convient de consulter un médecin généraliste devant un syndrome fébrile et douloureux. Pour prévenir la maladie, il faut se protéger des piqûres de moustiques (vêtements longs, répulsifs, moustiquaire imprégnée…) et lutter contre les eaux stagnantes, que ce soit dans des pots de fleurs ou dans les piscines gonflables des enfants laissées dans le jardin par exemple.

*Une transmission inter-humaine materno-foetale (décrite pendant l’épidémie de la Réunion), par transfusion sanguine, greffe ou accident d’exposition au sang contaminé sont théoriquement possibles.

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3 Commentaires

  1. ANDRO Fréd&ea dit :

    Une bonne chose que les équipes sanitaires s'activent en cas de dengue ou chikungunya en France métropolitaine !
    Je réside dans un lotissement en Guadeloupe à Saint François ou la dengue a sévi durement récemment ; malgré de nombreux appels aux autorités sanitaires aucune démoustication n'a été effectuée dans notre quartier !!!

  2. alex dit :

    les moustiques ont quand meme une durée de vie reduite en europe due au climat non pas tropical mais continental. cela ne prendra jamais la tournure reunionnaise mais quand je vois les camions passer en balancant leur insecticide c'est aussi effrayant…rentrez vos animaux de compagnie,vos salades,votre linge,mais n'ayez plus peur du moustique …on gère…mon ki

  3. Le "moustique tigre", vecteur de nombreuses maladies infectieuses comme la dengue ou le chikungunya, va faire l'objet d'une surveillance renforcée de la part des agences régionales de santé (ARS) de la façade Atlantique et limitrophes, ont-elles indiqué vendredi dans un communiqué.

    Cette surveillance, réalisée sur un territoire de 6 régions, 14 départements et 49 communes en 2011, et consistant à établir un réseau de pièges afin de détecter ce moustique sur les sites à risque d'importation (aires d'autoroutes, plates-formes de fret, ports, aéroports, Marchés d'Intérêt National, sites de pneus, etc.), sera renforcée en 2012, souligne un communiqué commun de l'ARS Poitou-Charentes et de l'Établissement public interdépartemental pour la démoustication du littoral Atlantique (EID Atlantique), publié à l'issue d'une réunion à Poitiers.

    L'EID Atlantique est missionné par la Direction générale de la santé dans le cadre de la mise en place en 2006 du plan national anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole. Aedes albopictus, communément appelé "moustique tigre", véhicule aussi la fièvre jaune ou encore le virus West Nile.

    Arrivé en Europe à la fin des années 1970 par le biais de marchandises (notamment des pneus usagés), il est désormais implanté dans 17 pays européens dont la France. Le réchauffement climatique pourrait être un facteur de son expansion vers les zones tempérées et plus en altitude, estiment les agences dans leur communiqué. Depuis quelques décennies, il est en forte recrudescence dans le monde, en zone non-tropicale.

    Des cas autochtones de dengue et de chikungunya ont été déclarés en 2010 dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes, même s'il n'y a pas, aujourd'hui, d'épidémie de ces maladies en France métropolitaine. En France, il a réussi à s'établir durablement sur la côte des Alpes-Maritimes à partir de 2004, et en 2006 en Haute-Corse. Il a été identifié en septembre 2011 dans la région Aquitaine.

    Les ARS et l'EID Atlantique invitent le public à consulter leurs sites internet pour savoir "Comment éviter la prolifération des moustiques" ainsi que la procédure à suivre "si vous pensez avoir capturé un moustique tigre" : http://www.eidatlantique.eu/UserFiles/medias/1201

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