Je n’aurais jamais imaginé que l’article d’hier sur les addictions d’Andy Irons déchaînerait autant les passions. J’ai pu lire beaucoup de commentaires négatifs mais j’ai reçu des centaines d’encouragements pour avoir osé soulever des sujets tabou pour le microcosme du surf business : l’alcoolisme, la drogue et le dopage. Je l’ai fait non pas pour bafouer la mémoire de ce grand surfeur qu’était Andy Irons mais pour que l’on se préoccupe de tous les autres jeunes, surfeurs ou pas, qui ont les mêmes problèmes que lui et qui sont bien vivants. Surf Prevention est le seul site Internet francophone qui a relayé les informations fournies par Brad Melekian dans Outside Mag censurées par tous les autres « surf medias ». Mais maintenant que le débat est ouvert, on va bien voir ce que les intéressés ont à dire sur cette omerta honteuse sur les problèmes de drogue et de dopage dont peuvent souffrir CERTAINS surfeurs isolés mais qui influencent des millions de jeunes à travers le monde.

Voici une traduction de l’article de Jake Howard paru hier dans ESPN sur les réactions suscitées par l’article original de Brad Melekian qui sont les mêmes que celles que nous avons pu recevoir à Surf Prevention : beaucoup d’encouragements, mais aussi des insultes et des menaces. L’article commence ici :

 » « Lundi, Outside Magazine a mis en ligne un article écrit par Brad Melekian qui expliquait clairement comment « Andy Irons avait lutté avec des problèmes avec l’alcool et de surconsommation de drogues pendant toute sa vie adulte, et avait failli mourir au moins une fois des suites de ses excès. » Jusqu’à la publication de l’article de Melekian, les problèmes d’addictions d’Andy Irons n’étaient abordés qu’en coulisses ou sur la blogosphère ultra-spécialisée, mais n’avaient jamais été racontés aussi en détails dans un reportage d’investigation. Et alors que les résultats des analyses toxicologiques d’Andy Irons sont encore en cours, Melekian ne laisse que peu de doutes sur le fait que la dengue n’était peut-être pas la seule cause de la mort du triple champion du monde de surf.

Manifestement, la révélation de cette histoire a le potentiel pour avoir de lourdes répercussions (« J’espère qu’il ne reviendra jamais à Hawaii » est la remarque que j’ai entendue plus d’une fois), mais dans un échange par email avec Melekian mardi, le journaliste a souligné que les retours à cet article avaient été étonnamment positifs, même à Hawaii. De multiples sources à Hawaii, qui préfèrent toutes rester anonymes ou « hors de la polémique », ont confirmé ces propos. « C’est une histoire qui devait être racontée, » a dit un surfeur pro hawaiien. « C’est peut-être un peu prématuré sans les résultats de la toxicologie, mais les gens ont besoin de comprendre qu’Andy était une personne comme une autre qui bataillait contre les mêmes choses auxquelles chacun peut avoir à faire face. Nous sommes tous humains, après tout. »

Dans cette histoire, Melekian met le doigt sur la possibilité que Billabong, le sponsor principal d’Andy Irons, et plusieurs medias du surf aient caché ses déboires. Qu’il s’agisse d’une dissimulation volontaire ou juste d’une négligence (« negligent swing under the rug »), parler de ce genre de choses est toujours un terrain glissant. Mais quand on a demandé à Billabong et à Surfer Magazine de réagir à cette histoire, ils ont refusé de s’exprimer.

« En faisant des douzaines d’interviews, peut-être 50, chaque conversation a évoqué les problèmes dont Andy souffrait depuis des années, » a dit Melekian, « et la plupart des personnes — même celles qui ont refusé une interview ou l’on acceptée anonymement — disaient qu’ils pensaient qu’il était grand temps que ces problèmes soient révélés, pour ouvrir un débat sur pourquoi ces problèmes n’ont jamais été évoqués publiquement, et encourager à raconter honnêtement la vraie vie d’Andy qui était une personne complexe qui luttait avec ses problèmes, comme nous tous. »

Est-ce qu’une « confession » d’Irons plusieurs années plus tôt l’aurait sauvé ? Est-ce qu’il est trop tôt pour parler d’une telle histoire ? Ou est-ce que c’est l’affaire de tous après tout ? Cela a peu d’importance maintenant. Le monde du surf a perdu un champion et une famille a perdu un être cher, et au final, Melekian a fait un travail louable en mettant cela en perspective. »

Source : http://sports.espn.go.com/action/surfing/news/story?id=5846080

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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4 Commentaires

  1. nico dit :

    le sujet est resté tabou,l'addiction (l'acoutumance) a fait doucement son chemin pendant ce temps,on en parle pas ou peu donc le processus de guérison ne commence même pas dommage ,où est la honte de devenir un toxicomane c'est une maladie qui ne previent personne et touche toutes les classes sociales.Informez,prevenez,parlez en aux enfants passons a autre chose que la vulgaire "barette de shit" presentéé au collège par un gendarme..allez plus loin il y a de tout a tout les coins de rue informez correctement que ce dialogue plus qu'important rentre dans nos moeurs et ne reste pas un tabou.Quant aux personnes malades faites vous aider pas de honte.

  2. bert dit :

    Encore une fois, espérer qu'une marque de surf "communique" sur les déboires privés (notamment concernant une addiction) d'un des surfeurs qu'elle sponsorise est totalement illusoire! Ce n'est pas son objet, ni son but! Il s'agit de montrer une image qui pousse les gens à consommer ce qu'elle vend!

    Tu me fais penser à ceux qui veulent "moraliser le capitalisme"!

    Mais ce n'est pas un système qui inclut la morale dans son schéma de fonctionnement, sauf si elle rapporte de l'argent!

    Et encore une fois, la presse surf n'existe que comme vecteur des marques, elle n'a aucune indépendance éditoriale, elle n'est là que pour "vendre du cerveau disponible", pour paraphraser un grand philosophe actuel…

    L'hypocrisie est reine dans le commerce médiatique: on doit respecter les femmes, mais on vend des savates en montrant des culs de gamines, on doit respecter l'environnement, mais on encourage la consommation de tout ce qui peut le détruire, la violence est à proscrire, mais on te montre Bruce Irons posant au bad boy avec un flingue sur l'épaule…and so on…

    Le progrès ne vient pas d'en haut.

  3. Laurent dit :

    Si l'on veut avancer concrètement sur le sujet – il existe des possibilités techniques simples : faire ce qu'ont fait d'autres sports avant nous, par exemple le cyclisme, l'athletisme et le tennis.
    Tout le monde a en mémoire les affaires du Tour de France et les déboires des annonceurs ayant une équipe prise la main dans le sac de seringues. Pour le tennis, un champion français a été suspendu pour une simple trace d'un produit illicite détecté dans ses urines.
    Coté surf (et autres sports de glisse) on est très loin de ces niveaux de contrôle.
    Mais il est vrai que la filière : annonceur – sponsor – journalistes vit de l'image idéale construite autour du surf et ne supporteraient pas une remise à plat.

    Pour les anciens je suggère la relecture de l'histoire de Jeff – Hakman – Mister Sunset. le problème ne date pas d'aujourd'hui.

  4. bert dit :

    Déboires, annonceurs? Je n'ai pas vu ca…

    Le tour de France existe toujours, peut être que ce ne sont plus les mêmes annonceurs ou coureurs, mais apparemment, il y a toujours autant de dopage…la différence, c'est que les équipes se retirent immédiatement, n'attendent pas les résultats définitifs…

    Je ne sais pas quelle affaire tu évoques pour le tennis. Je ne me souviens que de celle du français contrôlé à la coke. J'avoue faire la différence entre le cycliste qui s'envoie de fortes doses de produits ayant pour seul effet d'améliorer ses performances sportives et le tennisman qui a sniffé de la coke dans une soirée la veille d'un contrôle.

    Il ne s'agit pas d'apologie, mais d'étonnement quand à une situation logique, mais pas juste à mon sens.

    Dans le premier cas, il y a tricherie effective, qui devrait annuler les performances passées du supposé athlète. Dans le second, il y a prise de produits stupéfiants inscrits au tableau des substances prohibées, et la sanction devrait être pénale, (mais pas dans les excès qu'on connait quand le prévenu n'est pas célèbre) mais pas sportive, parce qu'il n'y a pas de tricherie avérée.

    Plus généralement, je suis étonné de voir que les sportifs qui prennent des produits dopants prohibés sont médiatiquement et socialement bien mieux traités que le pékin lambda qui se fait prendre avec quelques grammes de shit, voire même de coke.

    Les premiers sont des tricheurs et des drogués, quand le second ne fait ca que pour son propre "plaisir".

    Mais on voit malheureusement que le traitement médiatique, social, et même pénal d'une affaire impliquant une personnalité diffère grandement de celui impliquant un citoyen lambda. La dernière affaire en date concernant un animateur célèbre gaulé avec plus de dix grammes de coke en est une preuve…Imagine seulement ce que serait devenu, disons, Moustapha, gaulé avec dix grammes de coke…

    Note que je ne souhaite pas ce genre de traitement non plus à l'animateur en question.

    désolé, je me suis écarté du sujet!

    Pour y revenir définitivement, je dirais qu'il ne faut pas confondre dopage et prise de produits "simplement" stupéfiants (n'améliorant pas les performances, exemple de l'herbe, par exemple), quelle que soit l'opinion que l'on ait de ceux qui les prennent.

    En résumé

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