« Le surf est une formidable façon de vivre. Quand j’étais jeune, le travail, l’argent et les relations étaient secondaires tant que je pouvais poursuivre des vagues parfaites partout dans le monde. Le surf te maintient en forme et agile, aiguise tes réflexes et t’expose aux éléments. Même maintenant que je travaille et que je suis plus âgé, je surfe à chaque fois que j’en ai l’occasion pendant que beaucoup de mes potes sont tombés sur le bord de la route : le bar, les paris, les machines à sous, la drogue ou même pire. C’est un lourd tribut à payer. Ouaip, c’est une belle vie que d’être un surfeur, mais récemment j’ai découvert un inconvénient à tout ce temps passé dans l’eau.

Pendant plusieurs années, j’ai eu un petit morceau de peau qui pèle sur ma lèvre inférieure. Parfois, il disparaissait presque mais il revenait ensuite. Je suis allé consulter dans une clinique spécialisée et le médecin me l’a gelé (par cryothérapie)…mais à nouveau, il est revenu.  (Note de Surf Prevention : il s’agissait probablement d’une kératose actinique qui est une lésion précancéreuse).

Ma copine me prenait la tête avec ça tout le temps, en particulier quand les choses sont devenues sérieuses entre nous ; j’évitais de l’embrasser à pleine bouche car ma lèvre était trop sensible. Le moment crucial vint quand le médecin que j’avais consulté est passé au journal télévisé pour son comportement douteux après de nombreuses plaintes de patients. Peu après, j’ai reçu une lettre du service de santé de NSW Health me disant qu’il avait été suspendu et qu’en tant qu’ancien patient, je devais consulter un autre médecin. Mon nouveau docteur m’a envoyé voir un spécialiste à l’hôpital Prince of Wales de Sydney où on m’a fait une biopsie de ma lèvre et d’un bouton sur ma joue.

Une semaine plus tard, les résultats sont de retour. La joue va bien, mais la lèvre a un cancer appelé carcinome spino-cellulaire (squamous cell carcinoma). Merde, j’ai du mal à le prononcer, et je sais encore moins ce que c’est. D’après le docteur, il fallait l’enlever. Une semaine plus tard, je suis à l’hôpital pour une intervention chirurgicale avec les lumières vives, les docteurs, l’anesthésie et tout le bazar. Quelques heures après, je me sens groggy mais je dois rentrer à la maison avec 40 points de suture en bonus. Non seulement ils ont enlevé le cancer de ma lèvre mais ils ont aussi utilisé un morceau de peau en-dessous pour que tout se referme bien (NDLR : le chirurgien a utilisé un lambeau de peau pour recouvrir la perte de substance cutanée). Il y a une trentaine de points de suture internes répartis sur 3 couches de peau et 10 points externes. 

Les jours suivants sont assez désagréables. J’ai une lèvre enflée, le visage tuméfié et toutes les personnes que je rencontre croient que je me suis fait tabasser. Les seules choses que je peux avaler sont de la bouillie ou un smoothie à la paille. En une semaine, j’ai perdu 4 kilos…

Retourner à l’hôpital fut une expérience pénible, la douleur a été bien pire que ce que j’imaginais et je ne voulais pas avoir à subir tout cela de nouveau. Mais les résultats de l’anatomo-pathologie sont bons : ils ont bien enlevé le cancer dans sa totalité de ma lèvre (pas besoin de reprise chirurgicale). TROP CONTENT.

C’est incroyable ; depuis que c’est arrivé, combien de personnes ai-je rencontrées qui avaient un bouton ou une lésion cutanée douteuse qui auraient mérité un examen (je ne suis pas un expert mais certains de ces boutons avaient l’air d’avoir besoin d’être surveillés attentivement et je l’ai signalé aux personnes concernées). Ou alors on me raconte une histoire à propos de quelqu’un qui a eu un cancer de la peau. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit cette histoire. Ce qui m’est arrivé était vraiment chaud, mais cela aurait pu être bien pire. Si j’avais réagi plus tôt, mon cancer de la peau aurait pu être traité beaucoup plus facilement (plus un cancer est pris précocement, moins le traitement est lourd et plus les chances de guérison sont grandes).

Le médecin qui m’a soigné m’a dit qu’un Australien sur deux aurait un cancer de la peau avant l’âge de 50 ans. Le gros problème avec le surf est que nous prenons une double dose de rayonnements solaires potentiellement nocifs : une dose en provenance du soleil et une autre dose qui vient des rayons qui se réfléchissent sur l’eau. (Note de Surf Prevention : c’est la raison pour laquelle il faut protéger ses yeux avec des lunettes pour le surf et sa peau.)

Je me rappelle que quand j’étais gamin, nous nous faisions cramer au soleil – il n’y avait pas encore cette culture de la prévention solaire. Ce n’est que depuis ces dernières années que j’ai commencé à me mettre du zinc à chaque fois que je surfe. Pour mon médecin, il vaudrait mieux utiliser de la crème solaire naturelle contenant du zinc et du titane que les écrans solaires chimiques avec un Facteur de Protection Solaire (FPS ou SPF) à 30+, car le zinc bloque les rayons UVA nocifs et les UVB alors que les autres crèmes ne font que les filtrer.  

Je suis de retour dans l’eau et je m’en badigeonne à chaque fois que je sors maintenant. Je dois prendre soin de ma cicatrice avec une crème à base de vitamine E et la masser pour aider les points internes à se résorber ( ma copine est contente, elle se dit que je vais pouvoir me resservir de ma lèvre !). Je mets de la crème dessus chaque jour pour éviter que la cicatrice ne se pigmente et devienne marron.

Avec le soleil, tu ne sais jamais quel type de cancer tu vas pouvoir attraper. Le mien était un carcinome spino-cellulaire mais j’aurais pu avoir un mélanome et mon histoire aurait pu se terminer de manière beaucoup plus dramatique.

Je m’adresse donc à toute personne qui lit cet article et qui aurait un bouton, un grain de beauté suspect ou un morceau de peau squameux dont il ne serait pas sûr ; mon conseil est d’aller voir votre médecin traitant pour montrer votre lésion cutanée DÈS QUE POSSIBLE. Encore plus important : prenez les mesures de prévention qui minimiseront les risques liés à l’exposition solaire de votre peau.

J’ai eu de la chance – une « grosse » lèvre, un visage enflé et quelques points de suture – c’est bien mieux que le scénario catastrophe qui peut survenir avec un cancer de la peau. Je positive en me disant que les meufs aiment bien les gars avec des cicatrices 😉  » 

Phil L.

Article original : « Don’t gimme no lip – Kiss of Death » by Phil Leadley : http://www.tracksmag.com/201101112437/Blogs/Tracks-Blog/DON%E2%80%99T-GIMME-NO-LIP-%E2%80%93-KISS-OF-DEATH.html

Voir aussi : – la campagne de prévention solaire « Surfez Couverts » avec Pauline Ado.

Connaître son phototype avec Alizé Arnaud et Anthony Harouet.

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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4 Commentaires

  1. alexis dit :

    Un casque pour le surf,des lunettes pour le surf,des
    bouchons d'oreilles pour le surf + un bandeau neoprene
    surfmuff…….. + la combinaison. Vive le surf naturiste : http://www.montasurfschool.com/fr-hawalp.htm Enfin,de temps en
    temps…

    • JORDANA dit :

      Ouais moi j'ai eu un mélanome traité a temps…heureusement
      ! Il faut vraiment se méfier du soleil, surtout que sur l'eau on ne
      sent rend pas compte !

  2. Yo dit :

    Moi mon problème c'est que je pèle, je perds ma peau à chaque début d'été et même parfois plusieurs fois durant l'été après chaque exposition de plus de 2h, pas sur le visage mais surtout sur la peau du dos et des mollets, vu que je suis souvent allongé sur ma planche. L'été prochain c'est décidé j'utilise de la crème solaire!!Chose que j'ai du mal à faire car je n'aime pas trop ça les trucs gras, si vous avez une crème à me conseiller qui marche bien et qui hydrate bien pour éviter de peler, je suis preneur!!

  3. la nique dit :

    Merci pour cet article, belle mise en garde.

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