J’ai commencé la journée en lisant une « pensée positive du jour » sur le mur Facebook d’une amie avec cette phrase tirée d’une chanson de François Valery (!) : « Aimons-nous vivants, n’attendons pas que la mort nous trouve du talent… » C’est vrai que l’on attend souvent qu’une personne décède pour lui trouver tout un tas de qualités que l’on n’avait pas forcément remarquées de son vivant. C’est un peu ce qui m’arrive en écrivant cet article sur la disparition du photographe de surf Leroy Grannis (1917-2011). Je n’ai pas acheté son livre intitulé « Leroy Grannis : Surf Photography of the 1960s and 1970s » écrit par Steve Barilotti parce que je trouvais ces images surannées voire « ringardes ». Mais en apprenant son décès, je me suis intéressé de plus près à son travail et j’y ai découvert un trésor d’images retraçant un certain âge d’or du surf.

Son fils John a déclaré après la disparition de son père, décédé de mort naturelle à l’âge de 93 ans : « Il y a une royauté du surf, et il était l’un de ses rois. Il a inspiré tant de grands photographes qui le considéraient comme leur mentor. » D’après Steve Barilotti, Grannis a documenté l’évolution rapide du surf en un mode de vie. Ces photos ont capturé ce qu’il y a de vrai, en offrant un pont entre les paroles des chansons des Beach Boys et la réalité de la vie à la plage en Californie du Sud dans les années 60 et 70.

De l’âge de 5 ans à 83 ans (10 ans avant sa mort), Leroy Grannis a fait du surf. Ayant grandi près de l’océan, il a d’abord nagé avant de faire du bodysurf, du « bellyboard » et de se lever progressivement sur une planche de kneeboard puis en longboard. Sur le tard, il se mettra au windsurf après s’être blessé en deltaplane. Le fait d’être un surfeur l’a sûrement aidé dans son approche de la photographie de surf.

Même si le surf a toujours fait partie de sa vie, il ne s’est mis à la photographie que sur le tard à l’âge de 42 ans (en 1959), sur les conseils de son médecin généraliste ! Employé de la compagnie Pacific Bell Telephone, il aurait présenté un ulcère de l’estomac lié au stress et son docteur lui aurait conseillé de trouver un passe-temps pour décompresser (comme quoi le burn-out dans les entreprises téléphoniques ne date pas d’hier…). Il se mit alors à la photographie sur les conseils de John Heath « Doc » Ball, un pionnier de la photo de surf. Dès lors, il photographia l’action et le lifestyle autour du surf en Californie et à Hawaii. Ses clichés lui ont valu des parutions dans Reef Magazine, Surfing Illustrated ou encore International Surfing. En 1971, lassé par la concurrence croissante entre photographes de surf, il quitta le surf pour…le deltaplane. Mais sa décennie de photographie de surf laissera une trace indélébile.

Même si les appareils photo numériques ne faisaient pas partie de son attirail, Grannis a fait évoluer de façon décisive le matériel pour la photographie de surf. Il a acheté en 1963 un appareil photo aquatique de la Calypso du Commandant Cousteau, pour prendre des photos de surf. L’année suivante, il a développé un caisson étanche pour appareil photo attaché sur le nose d’une planche de surf, ce qui lui a permis de se rapprocher de l’action sur les vagues.

Si je ne devais retenir qu’une seule photographie de toute son œuvre, je garderais cette photo de Midget Farrelly prise en 1968 à l’approche du shore break de Makaha à Hawaii. Farrelly y apparaît comme touché par la grâce du surf. La photo du wipeout du surfeur la tête en bas dans un énorme backwash à 0:30 secondes de la vidéo ci-dessous est également très impressionnante.

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