France Nature Environnement, qui fédère 3000 associations de protection de la nature, souhaitait lancer aujourd’hui une campagne choc de sensibilisation aux excès de l’agriculture industrielle, dont l’une des conséquences visibles est la prolifération sur certaines plages d’ algues vertes toxiques*. Selon FNE, la partie de sa campagne d’affichage concernant ce sujet sensible des algues vertes a été censurée dans les stations de métro parisiennes où devaient figurer notamment les affiches « Bonnes Vacances » ou « Arrêtez vos salades ».

Trois visuels sur six manquaient en effet à l’appel ce mardi 15 février sur les panneaux publicitaires, sans qu’aucune explication officielle n’ait été fournie à l’association. La FNE avait pourtant payé pour que ces visuels soient affichés dans les stations de métro Montparnasse, Odéon et Saint Lazare à partir du 15 février et jusqu’au 21 février 2011. C’est d’autant plus surprenant que cette disparition concerne « le volet algues vertes » de la campagne de sensibilisation** qui a fait l’objet d’un référé auprès du TGI de Paris, référé que FNE a remporté.

Selon FNE, l’INAPORC (interprofession nationale porcine) et l’INTERBEV (Association nationale inter-professionnelle du bétail et des viandes) avaient engagé 2 procédures en référé à propos des 2 visuels concernant les algues vertes ainsi que du visuel « gros menteur » qui dénonce l’absence d’étiquetage de la viande provenant d’animaux nourris avec des OGM. FNE a obtenu gain de cause sur ces deux affaires avec le rejet de la demande d’interdiction de diffusion des visuels en question, car cela aurait constitué une restriction à la liberté d’expression.

On comprend le désarroi des agriculteurs qui se sentent montrés du doigt alors que certains font des efforts dans le bon sens, et celui des élus qui désapprouvent la mauvaise publicité faite à leurs plages et à leur région. Mais est-ce une raison suffisante pour demander l’interdiction pure et simple d’une campagne d’affichage de sensibilisation à certaines dérives écologiques ? Ces affiches semblent avoir pour but de relancer le débat à l’occasion du Salon de l’Agriculture qui débutera le samedi 19 février 2011, plus que de stigmatiser les agriculteurs ou les élus locaux qui ne font pas encore assez contre les algues vertes. France Nature Environnement s’est indignée de devoir pousser un cri d’alarme devant cette censure, alors que sa priorité est bien la dénonciation de pratiques néfastes pour l’environnement et la recherche de mesures concrètes pour y remédier.

*Les marées vertes résultent de la prolifération d’une algue appelée ulve (ou laitue de mer) dont la croissance est exponentielle entre avril et juillet sur les plages et dans les baies où l’ensoleillement se combine à un faible déplacement des masses d’eau dans lesquelles les algues se développent en suspension. L’ulve se nourrit surtout d’azote qui arrive en grandes quantités dans les eaux, à cause de la surfertilisation des sols d’origine agricole. Pour éviter leur formation, il faudrait réduire le taux de nitrate dans les cours d’eau, ce qui implique un changement des pratiques agricoles intensives actuelles. La putréfaction des tonnes d’algues vertes sur les plages dégage de l’hydrogène sulfureux qui sent mauvais et qui est surtout très néfaste pour la santé des hommes et des animaux.

**Dans cette campagne, FNE sensibilise également aux importations d’OGM ainsi qu’aux risques liés à l’emploi massif de pesticides pour les abeilles et autres pollinisateurs (« Kill Bees »). La France est le premier consommateur européen de produits phytosanitaires et FNE lance une pétition pour interdire les pesticides les plus dangereux en application du plan Ecophyto 2018. Pour signer la pétition, cliquez sur ce lien : http://www.fne.asso.fr/fr/j-agis/Petitions/interdisons-les-pesticides-dangereux-.html

Source : http://www.fne.asso.fr/fr/la-campagne-de-france-nature-environnement-censuree.html?cmp_id=33&news_id=12097

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9 Commentaires

  1. mignon dit :

    bravo F.N.E.nous avons besoin de lanceurs d’alerte …c’est dèjà l’objectif des faucheurs volontaires d’O.G,M….courage continuons le combat

  2. Baiedesaintbrieuc dit :

    Une campagne d'opportunité n'ayant pour effet que de stigmatiser l'opinion. Cette campagne ne joue que sur la provocation (d'ailleurs bien réussie). Elle est réalisée dans le mépris total de tous les acteurs bretons qui lutte contre ce phénomène. Nous payons les erreurs passées.

  3. Jérémy dit :

    Hop hop hop on se calme,

    Les algues vertes ne se nourrissent pas que d'azote….mais d'autres nutriments comme le phosphore qui est retrouvé en grande quantité dans les circuits d'eaux usagées des habitations…..alors oui l'agriculture est en partie mais oui la mauvaise gestion de ces eaux est aussi responsable….

  4. Kvatch2nice dit :

    Bravo la censure! sans elle la campagne aurait pu passer inaperçue, maintenant tout le monde est au courant…hé,hé. Quant au conseil général de Bretagne, on ne peut que saluer sa perspicacité: se dénoncer soi-même quelle habileté… Si nos concitoyens se bouchaient les yeux et les oreilles, maintenant ils ne pourront plus dire qu'ils ne savaient pas. Avec ma sympathie à FNE

  5. Article intitulé "Ouvrir le débat n'est pas déplacé" :

    A l'ouverture du salon de l'Agriculture, le chef de l'Etat a commenté la campagne de communication de France Nature Environnement, la qualifiant de "particulièrement déplacée ".

    Bruno Genty, président de FNE : " Est-il possible dans ce pays d'ouvrir le débat sur les questions agricoles sans que l'on nous reproche d'opposer les français les uns aux autres ? Il n'est pas déplacé de demander la mise en œuvre complète des engagements " agriculture " du Grenelle. Les OGM, les pesticides et les algues vertes constituent autant de risques sanitaires et environnementaux qui concernent l’ensemble de nos concitoyens."

    Provoquer le débat…pas la rupture

    La campagne de France Nature Environnement, quelles que soient les interprétations dont elle peut faire l’objet, ne poursuit pas un objectif de rupture avec le monde agricole Cette campagne s’attaque aux excès de l’agriculture industrielle.
    Au-delà des images choc, les idées affichées ne sont pas nouvelles et sont portées par l’association depuis de nombreuses années. Malgré les crispations que cette campagne peut susciter chez certains agriculteurs, FNE entend poursuivre le dialogue engagé avec les représentants d’une profession qu’elle ne veut pas stigmatiser. La réaction de plusieurs grandes organisations agricoles nous rendent optimistes quant à la poursuite du dialogue.

    De l’oxygène pour le Grenelle de l’agriculture

    S’il y a un fait reconnu, c’est bien notre implication dans la concertation menée à l’occasion du Grenelle de l’environnement. Porteuse de nombreuses propositions, notamment en ce qui concerne l’agriculture, France Nature Environnement n’a jamais renoncé à l’élaboration d’un compromis qui, même en nous obligeant à revoir certaines de nos exigences à la baisse, a permis d’obtenir des avancées pour l’environnement. Mais depuis plus d’un an, la mise en œuvre des engagements " agriculture " est en panne.

    Réinventer le modèle agricole

    France Nature Environnement a parfaitement conscience de la détresse économique à laquelle est confronté un grand nombre d’agriculteurs. La compétitivité de notre modèle agricole doit s’appuyer sur les objectifs du Grenelle de l’environnement. La mise en place de nouvelles pratiques donne aux agriculteurs l’occasion unique de mettre fin à un modèle ne profitant qu’à une minorité d’entre eux et laissant la grande majorité sur le bord de la route.

    A titre d’exemple, l’arrêt des importations d’OGM pour l’alimentation du bétail est une demande qui va dans le sens d’une meilleure défense des produits issus des terroirs et donc des intérêts économiques du pays.

    Jean-Claude Bévillard, responsable du dossier Agriculture : " Il faut s’engager de façon volontaire pour la réduction des pesticides et l’interdiction des plus dangereux, arrêter l’importation des ogm pour l’alimentation animale et étiqueter la viande " sans OGM ". Dans l’immédiat, il ne faut plus autoriser la moindre extension du cheptel dans les zones affectées par les algues vertes et réduire de 40%, les effluents à la mer d’ici 2014. Il faut un redéploiement des aides publiques pour que l’argent aille vers les agriculteurs qui s’orientent concrètement vers des pratiques compatibles avec ces objectifs. "

    " La mise en œuvre des avancées " agriculture " du Grenelle passe par la mobilisation et la responsabilisation du monde agricole, de l’agro-alimentaire, de la grande distribution, des élus locaux, régionaux et nationaux, et des consommateurs. " conclut Bruno Genty.

    Source : http://www.fne.asso.fr/fr/ouvrir-le-debat-n-est-p

  6. Article "Eau et nitrates: trois vidéos pour alerter et proposer des solutions" (AFP) – Il y a 2 jours

    PARIS — "Le poison dans l'eau" en Eure et Loir, "Le cancer des algues vertes" en Bretagne et "Le maïs arrosé d'argent public" dans le Gers: à travers trois enquêtes-vidéos, le WWF-France dénonce l'impact désastreux de l'agriculture sur l'eau et propose des solutions.

    "Chaque film relève un constat, des enjeux et des solutions", explique à l'AFP Guillaume LLorca qui a mené ces trois enquêtes d'une quinzaine de minutes chacune diffusées sur YouTube.

    Après la campagne choc d'affichage sur des thèmes similaires de France Nature Environnement, le WWF est la seconde grande ONG environnementale à alerter sur les dangers de certaines pratiques agricoles, alors que s'ouvre samedi le Salon de l'agriculture à Paris.

    Les enquêteurs du WWF ont interrogé des responsables politiques, experts scientifiques et de nombreux agriculteurs dans les trois départements retenus. "L'Eure et Loir est l'un des départements les plus touchés par les pesticides et où l'on dit clairement les choses parce qu'il y a quand même une certaine omerta sur la problématique de l'eau" en France, selon M. Llorca.

    En Côtes d'Armor, l'invasion des algues vertes sur les plages, tuant un cheval et plusieurs chiens, pose les problèmes de la dégradation de la qualité de l'eau et celle des revenus des agriculteurs conventionnels.

    A partir de l'exemple du Gers, dont 20% des surfaces agricoles utiles sont consacrées au maïs, le WWF dénonce les politiques "irresponsables" de subventions tant nationales qu'européennes à l'agriculture conventionnelle.

    "On a interviewé des agriculteurs qui produisent bio en grande culture, c'est donc possible", a noté le responsable WWF, en rejetant les arguments selon lesquels l'agriculture bio reste toujours confidentielle.

    L'aspect social est également abordé, avec la recrudescence des demandes de RSA (Revenus de solidarité active) déposés par les agriculteurs en Bretagne notamment, victime de l'engrenage productiviste.

    "Avant, l'agriculture c'était pour donner à manger aux gens, maintenant c'est pour obtenir une balance commerciale excédentaire", déplore M. Llorca.

  7. bionnet dit :

    demandez donc en téléphonant à france nature environnement de jouer la transparence et de communiquer les 10 ou même 5 plus gros salaires versés par l'association et vous allez voir comment vous allez être reçu: menaces de saisir qui de droit si vous insistez; on vous raccroche au nez!! y a que sur les algues vertes qu['ils] communiquent!!!

    [modéré]

  8. Notre collaboratrice Anne-Kristell Jouan publie un excellent article sur Rue89 où elle raconte comment le maire d'un petit village côtier du Finistère en est réduit à cacher des algues vertes sous une pinède : http://twitter.com/surfprevention/statuses/850631

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