Ce qu’il y a de bien avec une catastrophe nucléaire, c’est que moins on en parle, plus on a l’impression que la situation s’améliore. Comme le dit si bien le dessinateur de Sud-Ouest Iturria, la quantité d’information donnée au public est inversement proportionnelle à la quantité d’eau déversée dans l’océan. Cette désinformation est facilitée par le fait que la pollution radioactive ne se voit pas, contrairement aux marées noires par exemple.

La pollution invisible paraît toujours moins grave que la pollution visible, ce qui est archi faux bien évidemment mais qui explique peut-être que certaines associations de protection de l’environnement se fassent plus discrètes après Fukushima qu’après la catastrophe de Deepwater Horizon par exemple.

Aujourd’hui, nous avons au moins eu droit à une bonne nouvelle : la fuite du réacteur numéro 2 aurait enfin été colmatée par Tepco en utilisant du silicate de sodium, du verre soluble, un agent chimique qui se solidifie au contact de l’eau. Cette brèche laissait échapper à peu près sept tonnes d’eau fortement radioactive par heure.

Cela n’empêchera pas des dizaines de milliers de tonnes d’eau radioactive de continuer de se déverser dans l’océan. Car le problème ne se cantonne pas à une fuite isolée mais aux inondations des parties basses et des salles des machines de Fukushima-Daiichi ainsi qu’aux différents chemins qu’emprunte l’eau radioactive pour rejoindre l’océan.

On parle de pompage et de conteneurs pour stocker cette eau mais la question reste toujours la même : que faire de ces eaux contaminées une fois la capacité de stockage dépassée ? La seule solution viable serait le rétablissement d’un circuit fermé de circulation de l’eau de refroidissement des réacteurs pour empêcher leur fusion qui entraînerait une catastrophe nucléaire encore pire.

Comme on l’imagine, l’environnement marin est touché de plein fouet par cette pollution radioactive dont on ne mesure pas la gravité ni l’étendue. La pêche dans le nord-est du Japon est déjà sinistrée avec des pays qui refusent tous produits de la mer en provenance de cette zone. Joël de Rosnay nous disait encore récemment que l’océan c’est notre avenir. Au rythme où avance sa destruction, on peut malheureusement en douter…

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5 Commentaires

  1. Emmanuel dit :

    Curieux que vous n'évoquiez pas la pollution chimique massive qui touche l'ensemble du Japon, suite à la destruction des usines par le tremblement de terre. Les poissons resteront non consommables pendant longtemps, mais pas à cause de l'iode 131, dont l'effet va disparaître en quelques semaines : surtout à cause de la pollution chimique…

  2. Lesouef dit :

    L' iode 131 a effectivement une durée de vie courte (8 jours, et apres ces 8 jours , elle perd la moitié de sa radioactivité; c' est sa "période de vie ")
    Mais il faut réaliser que , comme le dit l 'IRSN'"" la pollution radioactive de Fukushima est perenne et durable""et l 'iode 131 sort encore et toujours de la centrale ;par ailleurs , il est erronné de ne considérer que l 'iode 131 , il y a de multiples autres radioéléments qui se sont échappés et s' échappent toujours de F.D., dont certains , comme le plutonium ont une période de 24400 ans .La pollution chimique est effectivement tres grave , mais n' est pas a comparer avec la radioactivité .

  3. Après plusieurs alertes en quelques mois, la société Tepco, gérante du site, annonce la découverte de taux élevés de strontium 90, substance radioactive extrêmement toxique, dans l’eau souterraine accumulée au pied d’un réacteur.

    Ce n’est pas la première alerte. La société Tepco, gérante du site de Fukushima, manque d’espace de stockage des eaux usées. Mais ce mercredi, la société japonaise annonce que le taux de strontium 90 détecté dans les eaux souterraines de la centrale est de plus en plus élevé.

    Un taux 30 fois supérieur à la limite

    Les nombreux tests effectués sous le réacteur dévasté par le tsunami de 2011, montrent que le taux de strontium 90 a été multiplié par 100 au cours des six derniers mois. Le taux maximum toléré étant de 30 becquerels par litre d’eau et le taux détecté en mai dernier étant de 1000 becquerels par litre, la dose de strontium 90 présente dans ces eaux est 30 fois supérieure à la limite tolérée.

    Ce mercredi, Toshihiko Fukuda, directeur général de Tepco, annonce également que les taux de tritium, substance moins toxique mais dangereuse, augmentent également.

    Des rejets tout près de la mer

    Ces eaux se trouvent dans les souterrains du réacteur n°2, principal touché par la catastrophe de 2011, au bord de l’océan Pacifique. Les gérants de Tepco avaient récemment demandé l’autorisation d’y rejeter l’eau faiblement contaminée, faute de place pour la stocker. Cette découverte de taux élevés de strontium 90 remet évidemment cette possibilité en question.

    L’eau contaminée ne doit pas être déversée dans l’océan » (Michiaki Furukawa)

    Pour Michiaki Furukawa, ingénieur nucléaire et professeur émérite à l’Université de Nagoya, l’impact de tels rejets n’est pas négligeable. « Ils doivent la stocker à un endroit où elle ne peut pas s’écouler hors de la centrale », réagit-t-il.

    Discours rassurant malgré tout

    Ce mercredi, le directeur de Tepco annonce également que les eaux souterraines contaminées au strontium 90 n’ont pas pu se déverser accidentellement dans la mer.

    Depuis la catastrophe de 2011, Tepco ne cesse de revoir à la hausse ses chiffres sur les taux de radiation, initialement rassurants.

    http://www.franceinfo.fr/monde/fukushima-niveaux-eleves-de-strontium-90-detectes-dans-les-eaux-1031569-2013-06-19

  4. Une « situation d’urgence » a été déclarée, mardi 6 août, par l’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) à la centrale de Fukushima, où de l’eau hautement radioactive se déverse toujours dans l’océan Pacifique, sans que l’opérateur Tepco (Tokyo Electric Power) soit en mesure de la contenir.

    Selon la NRA, cette eau contaminée est en train de monter vers la surface et dépasse les limites légales d’écoulement radioactif, plus de deux ans après la catastrophe […]

    L’ampleur de la menace posée par l’eau contaminée et ses conséquences sur l’environnement halieutique ne sont pas connues avec certitude. Mais les fuites radioactives de ce type peuvent affecter la santé des animaux marins puis celle des hommes qui consommeraient leur chair.

    Source: http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/08/06/situation-d-urgence-a-fukushima-en-raison-de-la-montee-des-eaux-radioactives_3457854_3244.html

  5. Et ça continue encore et encore… A se demander si cette catastrophe s’arrêtera un jour.

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