Nathalie Kosciusko-Morizet a reçu hier de la part de Surfrider Foundation un permis à points très particulier à l’occasion de l’inauguration du nouveau campus Surfrider à Biarritz et de l’ouverture des « Journées de la Mer » : il s’agit d’un « permis de protéger les pratiquants d’activités nautiques », dont font partie les surfeurs. Surf Prevention vous détaille le contenu de ce permis.

– Le positionnement de Surfrider Foundation Europe.

La problématique de la qualité de l’eau et de la santé est au cœur de nos combats depuis plus de 10 ans.

Concernant la nouvelle directive, nous demandons :

A. Un suivi de la qualité de l’eau des zones d’activités nautiques tout au long de l’année.

• Identifier et caractériser les sites d’activités nautiques les plus sensibles ;

• Évaluer la valeur économique des activités nautiques ;

• Intégrer les zones d’activités nautiques dans les suivis imposés par la Directive 2006/7/CE ;

• Étendre la période de contrôles à l’ensemble de l’année ;

A l’heure actuelle, seuls les sites de baignade bénéficient d’une surveillance de la qualité des eaux en période estivale. Il est important de souligner que le nombre de pratiquants d’activités nautiques ne cesse de se développer en Europe, et que ces usages tout au long de l’année sont très rarement pris en compte dans les politiques et directives européennes touchant le littoral.

Les directives de 1976 et 2006 ne s’appliquent qu’aux zones de baignade, d’où une connaissance très parcellaire des pollutions affectant ces zones d’usages, de leurs impacts et de leurs origines. C’est d’ailleurs un frein majeur dans la conduite et l’application d’une politique locale, régionale et nationale de préservation de la qualité des eaux littorales.

Il est indispensable de développer la connaissance et la surveillance de la qualité de l’eau des sites de pratiques car des risques sanitaires sont encourus pour les usagers. Le développement de réseaux de surveillance pérennes et à l’année est un outil indispensable pour mettre en œuvre et développer des politiques littorales européennes, efficaces et adaptées aux enjeux de qualité des eaux.
B. Prise en compte et contrôle des pollutions chimiques littorales

• Intégrer les pollutions chimiques aux suivis imposés par la directive 2006/7/CE ;

• Intégrer les critères chimiques aux calculs des classements édités chaque année ;

• Informer les pratiquants d’activités nautiques de l’état écologique et sanitaire des eaux ;

Les Directives 76/160/CEE et 2006/7/CE imposent des contrôles réguliers de la qualité des eaux de baignade. Cependant, ces analyses ne concernent que les pollutions d’origine microbiologique. Concrètement, cela signifie que seules les pollutions d’origine fécale et animale font l’objet d’analyses.

Le développement croissant des activités anthropiques sur le littoral est une réalité : les pollutions chimiques issues des rejets industriels, portuaires, urbains ou encore agricoles peuvent fortement participer à la dégradation de la qualité des eaux littorales. Ces contaminants d’origine chimique, dont les effets toxiques sur la santé publique sont avérés, doivent absolument faire l’objet d’une surveillance pour garantir la santé du public. D’ailleurs, les pratiquants d’activités nautiques (surfeurs, plongeurs, kite-surfeurs, etc.), présents tout au long de l’année, sont exposés à ces pollutions.

En conséquence, il est nécessaire d’élargir les critères de surveillance aux pollutions chimiques pour garantir aux usagers une surveillance efficace et donc un risque sanitaire évalué à sa juste mesure. Ces résultats doivent leur être communiqués par des portails d’informations et une signalétique harmonisée sur l’ensemble du littoral en cas de pollution.
C. Impacts de l’application de la directive 2006/7/CE

• Anticiper l’application de la Directive 2006/7/CE et éviter la fermeture des plages.

Lors de l’abrogation de la directive 76/160/CEE par la directive 2006/7/CE, il y a eu un durcissement des critères de qualité des eaux de baignade. Dans l’optique de reconquête de la qualité du littoral, Surfrider a fait paraître en 2007, 2008 et 2009 une simulation de l’application de la nouvelle directive dans plusieurs États européens. Cette étude alerte les institutions de l’impact de la nouvelle réglementation européenne sur la gestion des eaux de baignade.

Cette étude a comparé des classements de la qualité des sites de baignade, en eaux côtières uniquement, selon les dispositions de la directive 2006/7/CE et celles de la directive 76/160/CEE. Le but est d’anticiper et d’informer les pouvoirs publics de l’ampleur des mesures à prendre afin que la qualité de l’eau atteigne un bon état d’ici 2015. Contribuer à un dialogue territorial constructif sur cette thématique et fédérer les collectivités au niveau local est primordial. D’ailleurs, ce dialogue s’inscrit dans une démarche de Gestion Intégrée des Zones Côtières.

L’Europe a quatre ans pour améliorer la qualité des eaux littorales afin que l’ensemble des sites de baignade soient au moins de qualité suffisante en 2015. La France, quant à elle, s’est engagée à présenter son premier classement dès 2013. Surfrider Foundation Europe restera vigilante à ce que toutes les plages de France restent accessibles au public.
D. Dé-listages de plages

• Lutter contre les dé-listages de plages en Europe.

Le dé-listage consiste à retirer une zone de baignade des listes officielles sans pour autant justifier ce retrait auprès de la Commission européenne (CE). Le gestionnaire d’une eau de baignade est contraint juridiquement à mettre en œuvre les travaux nécessaires permettant de garantir une qualité d’eau de baignade compatible avec les usages. Cependant, un certain nombre de gestionnaires préfèrent fermer définitivement la baignade plutôt que de traiter les pollutions à leurs sources. Le site n’apparait plus dans les listes, il n’est alors plus contrôlé et interdit à la baignade.

L’application de la Directive 2006/7/CE pourrait avoir pour conséquence une augmentation du nombre de dé-listages de plages en Europe. En effet, les nouveaux critères de qualité des eaux de baignade sont beaucoup plus stricts que ceux de la Directive 76/160/CEE, aujourd’hui en vigueur. Par ailleurs, ce durcissement des normes de qualité pourrait entraîner une augmentation du nombre de plages classées en qualité « insuffisante », entrainant ainsi leur fermeture. Les dé-listages ajoutés à ces fermetures de plages pourraient donc, dans une échéance assez courte, être la cause d’une perte importante de sites de baignade en Europe.

Surfrider Foundation Europe, en 2010, a réalisé une évaluation du phénomène de dé-listage de plages en Europe sur une période de dix années consécutives (1997-2007). L’objectif était d’évaluer l’ampleur de ce type de pratiques en Europe dont le but est souvent de masquer artificiellement un certain nombre de problèmes relatifs à la qualité des eaux littorales.
Feuille de route proposée ou « comment garder son permis à 12 points » :

Au travers de cette feuille de route, et de ce permis à 12 points, nous souhaitons vous inciter à prendre position en faveur des pratiquants d’activités nautiques et notamment :

– Fin 2011 :  en vue de l’application de la Directive cadre Stratégie milieu marin, plébisciter la création d’un réseau complémentaire de suivi de la qualité des eaux dans les zones d’activités nautiques pour atteindre un bon état écologique des eaux. 2 POINTS.

– Décembre 2011 : Viser le 0% de dé-listage en France pour la saison balnéaire 2012. 4 POINTS.

– Printemps 2012 : Modifier le cahier des charges de la certification de la démarche qualité eaux de baignade de 2009 en appliquant les seuils dictés dans la directive 2006/7/CE. 2 POINTS.

– 22 Mars 2012 : Mettre la qualité des eaux récréatives à l’agenda de la Journée Mondiale de l’Eau. Rappeler la nécessité d’un réseau de suivi tout au long de l’année dans les zones d’activités nautiques. Faciliter l’accès aux informations pour les pratiquants d’activités nautiques. 1 POINT.

– Juin 2012 : Mettre la qualité des eaux récréatives à l’agenda de la Green Week. 1 POINT.

– Décembre 2012 :  Mettre en œuvre une simulation de l’application de la Directive Eaux de baignade 2006/7/CE pour informer les collectivités. 1 POINT.

– Printemps 2013 : Promouvoir une campagne ambitieuse valorisant les communes et leurs plages ayant reçu la certification qualité eaux de baignade. 1 POINT.

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2 Commentaires

  1. sleepysiren dit :

    croire encore que les gens de ce gouvernement vont faire quelque chose de vraiment intéressant, c utopique, à mon avis; à part se foutre de notre gueule à longueur de temps……

  2. sleepysiren dit :

    je pense finalement que Surf rider a raison de profiter de la situation pour faire un peu de 'foin' ( je parle des élections de 2012 biensur:-))))))); merci pour ces infos:-))))

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