Il y a quelques jours la liste des 358 plages « lauréates » du Pavillon bleu est tombée. Fidèle marronnier, l’annonce remplit les colonnes des journaux et ouvre la saison estivale. Lumière sur un label qui ne fait pas l’unanimité. Depuis 1985, l’Office français de la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe (Of-FEEE) gère l’attribution du « label à forte connotation touristique, symbole d’une qualité environnementale exemplaire » comme ils l’auto-décrivent. Selon un vieux sondage datant de 2007 –mais toujours d’actualité sur le site du Pavillon bleu- 78% des français ont envie de passer des vacances ou un séjour dans une ville labellisée Pavillon bleu.

N’est pas Pavillon bleu qui veut

L’obtention du précieux drapeau se fait à l’issue d’un dépôt de candidature auprès de l’Of-FEEE. Mais avant même de rédiger son dossier, il faut que la commune et ses plages répondent obligatoirement à la trentaine de critères essentiels à l’obtention du label. Parmi eux, on trouve un niveau de sécurité satisfaisant, un niveau adéquat d’équipements en sanitaires, un classement de la qualité de l’eau en catégorie A (excellente), l’absence d’influence de rejet à proximité des zones de baignade, la possession de poubelles ou encore l’affichage du code de bonne conduite environnementale. La barre est haute, tous critères confondus, et la commune doit pouvoir suivre financièrement. Pour candidater, la commune doit s’acquitter de frais d’inscription variant en fonction du nombre d’habitants : de 560€ pour moins de 2500 personnes à 1090€ pour plus de 10000. Si la candidature est retenue, il faudra par la suite s’offrir le dit Pavillon bleu et plus, si affinités. Mais pour les touristes, ça n’a pas de prix !

Le label de la confusion

Attribué par un organisme privé -cautionné par des financements publics- ce label récompense les communes qui mettent en place une politique environnementale globale en amont de leurs plages. Pour la plupart des gens, le Pavillon bleu est rassurant et certifie la qualité excellente de l’eau dans laquelle ils se baignent. Or, la labellisation se fait par l’étude des résultats de la qualité de l’eau de l’année précédente. En cas de pollution accidentelle ou momentanée, la commune a obligation d’abaisser son Pavillon bleu. Acte lié à son bon vouloir en raison de la faiblesse des contrôles (en moyenne une plage sur deux, une fois dans la saison). Il vaut mieux se fier aux panneaux d’affichage des résultats d’analyse effectués par l’Agence Régionale de Santé (ex-DDASS) ou Surfrider plutôt qu’au Pavillon bleu, concernant la qualité de l’eau.

Le paradoxe d’une distinction écolo

Les critères de sélection encouragent au maximum les communes à se préoccuper de l’environnement. Le label a, en soi, un réel impact positif sur la politique des communes en faveur de l’environnement. Mais la distinction, avec ses ambitions économiques et touristiques –et l’Of-FEEE ne s’en cache pas- attire, et de nombreuses communes se battent pour l’obtenir coûte que coûte. La Méditerranée, championne de l’urbanisation du littoral et du tourisme de masse, accueille la moitié des Pavillons bleus français. Tellement prisés que les touristes désertent les plages qui ne l’arborent pas, pensant qu’elles ne sont pas propres. Dommage, car la sur-fréquentation des sites de baignade entraîne une dégradation du milieu. Les critères obligent l’installation de sanitaires sans imposer que ceux-ci soient secs, demandent aux communes d’organiser des sensibilisations sur la laisse de mer sans interdire le nettoyage mécanique des plages…

Si un vrai pavillon écolo devait exister, finalement il ne serait pas bleu.

Pour connaître les résultats d’analyse de la qualité de l’eau sur votre spot :

– Le site du ministère du travail de l’emploi et de la santé

– Celui de Surfrider

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2 Commentaires

  1. Où sont passés les Pavillons Bleus dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques ?

    A quand le retour des drapeaux noirs sur les plages polluées ?

  2. needle dit :

    moi aussi j'aimais bien le principe des pavillons noirs! mais Surfrider Foundation a décidé de changer de politique, et de ne plus se poser comme une asso contestataire mais collaboratrice face aux communes autrefois montrées du doigt. l'idée semble être de sensibiliser, voire inciter les communes à faire des efforts, mais sans la menace des pirates-surfeurs… est-ce plus efficace?

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