Les plaies sont monnaie courante chez les surfeurs de reef. Elles peuvent prendre la forme de lacérations plus ou moins étendues et profondes, souvent très douloureuses sur le moment et dans les jours qui suivent. Nous avions déjà vu les conseils de prévention pour les éviter ; voici la marche à suivre pour les soigner. Ceci est la traduction du protocole du Docteur Dave Jenkins, médecin fondateur de SurfAid aux Mentawaii, qui en connaît un rayon sur le sujet. La mise en œuvre de ces conseils est à faire effectuer idéalement par un médecin ou un infirmier.

Première étape : enlever toutes les peaux mortes avec une paire de ciseaux propres et coupants préalablement désinfectés dans de l’eau bouillante (note : pendant au moins 20 minutes après le début de l’ébullition dans un récipient propre). Les bactéries aiment se développer dans, sous et autour de la peau morte, raison de plus pour se débarrasser des petits lambeaux de peau abimée ou nécrosée.

Réaliser une anesthésie locale autour de la plaie est une bonne idée, si cela permet de mieux la nettoyer sans faire mal. Lavez avec de l’eau douce et du savon, et une brosse stérile si nécessaire. Rincez abondamment avec un mélange contenant moitié d’eau et moitié d’eau oxygénée pour enlever les petits débris de corail restés dans la plaie, puis rincez de nouveau à grande eau.

NB : N’utilisez pas l’eau oxygénée pure mais pensez à la diluer. L’eau oxygénée pure peut retarder le processus de cicatrisation. Utilisez ensuite de l’eau pour rincer abondamment pendant 5 minutes.

2. Si la blessure pique méchamment, rincez-là avec du vinaigre (qui contient de l’acide acétique antiseptique) et rincez de nouveau à l’eau.

3. Nettoyez la plaie quotidiennement (avec des compresses stériles et du sérum physiologique) et appliquez une pommade antibiotique trois à quatre fois par jour, avant la pose éventuelle d’un pansement non adhésif.

4. Si une plaie par corail est profonde, il vaut mieux la refermer avec des sutures adhésives type Steristrips – autant que faire ce peut – plutôt qu’avec des points de suture (le Dr Jenkins considère que les points de sutures peuvent se comporter comme des corps étrangers hébergeant des bactéries). Note de Surf Prevention : certaines plaies ne peuvent néanmoins pas se passer de véritables points de suture.

5. Les antibiotiques par voie orale sont également recommandés pour prévenir une infection. Ils sont à prendre pendant au moins cinq jours, surtout si il y a des signes d’inflammation locale ou d’infection (rougeur, douleur, gonflement, écoulement purulent…) .

6. Surélevez le membre atteint (avec un oreiller quand vous dormez par exemple). Le gonflement lié à l’œdème, même léger, peut retarder le processus de guérison, surtout dans les zones peu vascularisées, comme le tibia par exemple. Gardez votre bras ou votre jambe blessée au niveau du cœur ou plus haut, au moins pendant les premières heures suivant la blessure.

7. Pour calmer la douleur, l’utilisation de médicaments antalgiques de niveau 1 comme le paracétamol (Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan® ou génériques…) utilisé à des doses adaptées à l’âge et au poids toutes les 4 à 6 heures heures et éventuellement un anti-inflammatoire de type ibuprofène (en l’absence d’allergie) toutes les 8 heures.

8. Soyez vigilants dans les jours qui suivent au développement d’une infection de la plaie qui peut se manifester par des signes locaux, de la fièvre ou une altération de l’état général. En cas de signes infectieux, il ne faut pas retarder une prise en charge médicale urgente, surtout si vous êtes dans une zone reculée, car vous aurez besoin d’antibiotiques adaptés, dans les cas les plus sérieux par voie veineuse à l’hôpital, pour éviter des complications potentiellement mortelles. Ne jouez pas au « macho » à dire « ça va aller » : allez consulter un médecin sans délai et n’hésitez pas à vous faire rapatrier dès les premiers signes infectieux.

Question subsidiaire : quand peut-on retourner à l’eau ? Uniquement quand la plaie est totalement refermée et guérie. Les surfeurs qui ne suivront pas ce conseil augmentent le risque d’infection de leur plaie.

Voilà vous savez tout, ou presque. Vous pouvez maintenant prendre soin des plaies de Prisca 😉

Photo : Garrett McNamara garde le sourire malgré une large plaie après un wipeout sur le reef de Teahupoo. Par Tim McKenna.

Source : http://www.surfline.com/surf-news/surfaids-dr-dave-jenkins-explains-how-to-treat-a-reef-cut-1_57054/

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8 Commentaires

  1. boris de biarritz dit :

    Très bons conseils, merci Guillaume.
    je rajoute :
    Attention aux réactions soleil-antibiotiques qui peuvent former de véritable allergie. Beaucoup d'antibiotiques sont photosensibilisants pour notre peau ! Se protéger +++++ du soleil en cas de traitement !! surtout en restant sur la plage à regarder les copains surfer pendant que ta plaie guérie.
    Et n'oubliez pas votre casque sur les reefs et ailleurs !!
    Boris

  2. Jolly Riders dit :

    Avis a tous les dur a cuir
    Pour en avoir discuter avec un ami pharmacien qui a pris en charge un autre ami bodyboarder rentré d'indo avec ce type de blessure mal soignée, le prix a payer en cas de négligence est l'amputation.
    Dans le cas en question cela s'est joué a une semaine prés et le dur a cuir s'en sort avec une belle frayeur et une dose d'antibiotique normalement réservée aux chevaux de course.
    François

  3. Reef training dit :

    Bonjour Guillaume,

    J'ai bien vu tes posts sur comment se protéger du récif au niveau matos (casque, néoprène, etc…) ou comment soigner les blessures dues à un contact avec le reef.

    Pour ma part, je ne surfe presque que du beach break, j'ai un niveau assez bon, j'aime aller vite, je ne tombe que rarement au take off, et j'essaye le plus souvent possible de me caler, ou de chopper les plus grosses de la session en me plaçant loin. J'aime m'engager, jusqu'à une certaine taille bien sûr, mais je n'éprouve aucune ou très rarement d'angoisse.

    Mais sur le reef, je suis allé à Tahiti, ou en Indo par exemple, et sur des vagues bien plus petites que mon max, j'ai l'impression de ne plus être moi même, de ne pas reconnaître mon surf, je pars pas sur les plus grosses, je pars le plus tôt possible au lieu de retarder mon take off pour me caler, et je m'éloigne aussi vite que possible de la section critique, ou je devrai normalement rester pour me coller les plus gros barrels de ma vie, alors oui j'ai peur, et je m'échappe un peu. Pas du tout confiance en moi à ce niveau là. Au take off, si l'eau est clair, l'effet loupe me semble enorme, j'ai l'impression qu'il n'y a même pas assez d'eau pour passer mes dérives, et je suis pas à l'aise du tout. Je plonge la tête sous l'eau pour vérifer la profondeur et me rassurer… J'ai déjà refusé un take off qui serait passé tranquille normalement sur du sable, et j'ai pété ma board. C'est un take off ou je serais largement passé, plus engagé, sur du sable.

    Voilà, il y a surement un dimension psychologique très importante, et aussi des techniques de surf qui permettent d'éviter au max les blessures. Cela s'apprend sur le tas, en indo ou a Tahiti, j'étais impressionné par le nombre de mecs qui chargeaient, et qui finalement ne se font mal que très rarement. Quand on voit le nombre de mecs, et de videos de gars qui surfent sur le reef sans se blesser, je me dis que j'ai un soucis.

    D'où ma question… ou suggestion d'un article, ne pourrais tu pas compiler toutes les techniques, de chute, de canard, de surf, de placement, de préparation (mentale?), qui permettraient de vraiment profiter de ces conditions parfaites sans se sentir prostré et nul? Peut-être aussi ce serait utile d'avoir des infos sur les mouvement des masses d'eau dans une vague, un peu de mécanique ondulatoire, et les comparatifs des déferlement beachbreak and reefbreak, les profondeurs d'eau sur du reef et sur du sable qui permettent le déferlement (pour moi ce devrait être pareil, ne dépendant que de la hauteur et de la longueur d'onde). Est ce qu on peut expliquer physiquement pourquoi il y a t il plus de chance de toucher le reef que le sable? Ou bien n'est ce pas le cas…

    Bref, j'aimerai surfer des belles vagues de récif, exactement avec le même engagement que sur du sable, et sans peur… et tous les conseils ou trucs seront les bienvenus!

    Merci d'avance, en espérant que ce sujet t'inspire.

    • Ulysse dit :

      Salut Reef training,

      J'ai beaucoup aimé ta réelle franchise et ton humilité, assez rare en ce monde.

      Mon experience à ce sujet m'a apprise que ce n'est que par l'expérience puis la prise de conscience du danger réel ou pas que la solution à cette difficulté apparaît en grande partie !

      Les souvenirs des meilleures vagues choppées dans ces conditions aident aussi.

      ENJOY

    • Augustin Monbrison dit :

      Yo mec ! je vis à Tahiti et tu as tout à fais raison je suis 3em sur les compète local et j’en est surfer du reef et je suis vraiment comptant de voir que plein de surfeur viennent surfer à Tahiti surtout qu’elle détient le spots le plus dangereux qui est Teahupoo!!!

  4. Reef training? dit :

    Des news sur ma requête? 🙂

  5. Une "simple" plaie sur le reef peut avoir de graves conséquences. Lisez plutôt l'histoire de Ben Cryan blessé à P-Pass après être tombé sur les fesses sur le corail. Après une première intervention à l'hôpital local, il a fait toutes les complications imaginables : fascite nécrosante, choc septique, défaillance rénale, attaques cérébrales… Il a déjà eu droit à 28 opérations, 3 transfusions et une transplantation rénale à venir : https://twitter.com/#!/surfprevention/statuses/15

    Comme quoi, il ne faut pas hésiter à se faire rapatrier illico après une blessure en surf trip…

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