On n’en parle pas beaucoup dans les médias mais une conférence décisive de l’ONU sur le changement climatique a lieu en ce moment à Durban en Afrique du Sud. D’ici à ce vendredi 9 décembre 2011, un accord devra se dessiner entre les grands pays de ce monde pour contenir le réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ce sont les pays riches qui ont les cartes en mains mais qui traînent les pieds, et les pays pauvres qui subissent les conséquences de ce réchauffement (événements météorologiques extrêmes, montée des eaux, inondations…) qui sont les plus décidés à agir mais qui n’ont d’autre pouvoir que celui de la sensibilisation au changement climatique.

Hier samedi, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Durban pour faire entendre leurs voix au son des tambours et des vuvuzelas : il demandent une « justice climatique », et non pas un « apartheid climatique »…

Pour mieux comprendre les effets du réchauffement climatique, nous allons prendre l’exemple des îles Kiribati dans le Pacifique Sud, destination surf méconnue mais où l’on trouve des vagues absolument fabuleuses comme le montre la vidéo Youtube.

Les Kiribati sont au ras du niveau de la mer qu’elles ne dépassent que de 2 à 3 mètres tout au plus. Claire Anterea, habitante de Tarawa, l’une des 33 îles des Kiribati, nous explique la situation critique sur place.

Sous l’effet de la montée du niveau de la mer, les habitations de bord de mer se retrouvent inondées. Les habitants reculent à l’intérieur des terres, mais leurs îles sont si étroites qu’ils se retrouvent rapidement de l’autre côté, encerclés par l’océan. A terme, les plus de 100.000 habitants de ces îles pourraient avoir à quitter les Kiribati. Certains ont déjà commencé à émigrer vers la Nouvelle-Zélande qui pourrait devenir une terre de refuge si leurs îles venaient à disparaître sous les eaux.

Les habitants des Kiribati utilisent l’eau douce qu’ils puisent dans le sous-sol de leur île (cf. Des Iles Usions) ou dans des puits. Problème : avec la montée des eaux, l’eau devient salée dans les aquifères et ils n’ont pas d’autre source d’eau douce. La rareté de l’eau potable conduit à une augmentation des cas de diarrhées que les petites cliniques locales déjà débordées ont du mal à prendre en charge.

La salinisation des sols compromet l’hydratation des habitants mais également leur alimentation de base : les arbres côtiers disparaissent, les arbres fruitiers et notamment l’arbre à pain, les cocotiers, pourtant indispensables à l’alimentation des habitants meurent… Les récifs coralliens source de vie marine et de nourriture sont également menacés par le réchauffement et l’acidification des océans intimement liés aux émissions de GES.

Les habitants des Kiribati vivent dans le dénuement pour la plupart et n’ont pas tous accès à Internet, à la télévision ni parfois même à la radio. Il est donc extrêmement difficile de sensibiliser les populations isolées réparties sur 3 archipels aux dangers de la montée du niveau de la mer et aux moyens qu’ils auraient pour s’en protéger. Comme on le voit sur cette vidéo, les plus jeunes ont la volonté de limiter les dégâts et de sensibiliser le monde à leur situation : on en voit planter la mangrove pour protéger les côtes avec leur Président Anote Tong.

Claire Anterea se rend pour la troisième fois à une conférence sur le climat car elle aimerait que sa voix soit entendue par les pays qui contribuent le plus aux émissions de gaz à effet de serre. Même si les Kiribati participent très faiblement au réchauffement de la planète, ce sont ses habitants qui sont en première ligne… Mais Claire Anterea est persuadée que nous subirons tous d’une manière ou d’une autre le chaos climatique, dont les effets sont difficilement prévisibles.

Malgré ce qu’en disent les pourfendeurs d’une supposée imposture climatique, les données se multiplient pour affirmer que la planète se réchauffe bel et bien (fonte de l’Arctique et des glaciers, vagues de chaleur, sécheresses…). Le réchauffement climatique a même connu une accélération cette dernière décennie : + 0,46 °C par rapport à la moyenne selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Après une année record en 2010, 2011 fut encore une année chaude malgré le phénomène « La Niña » réputé rafraîchir l’atmosphère. L’objectif des négociations sur le réchauffement climatique serait de le maintenir sous la barre fatidique des 2°C d’augmentation de la température à l’échelle mondiale. On n’en prend pas le chemin avec une augmentation des émissions de gaz à effet de serre en 2010.  « En 2010, la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre produit par l’homme a atteint une fois de plus des niveaux jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle. Même si nous parvenions à stopper aujourd’hui nos émissions de gaz à effet de serre, ce qui est loin d’être le cas, les gaz déjà présents dans l’atmosphère y subsisteraient encore pendant des dizaines d’années et continueraient de perturber le fragile équilibre de la Terre, planète vivante, et du climat » a déclaré Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM.

Comme à chacun de ces sommets, on redoute que la montagne n’accouche d’une souris comme à Copenhague en 2009 ou à Cancún en 2010. Mais l’heure est grave car le protocole de Kyoto arrive à échéance l’année prochaine et il faut à tout prix lui trouver un prolongement pour imposer des mesures contraignantes pour réduire les gaz à effet de serre.

A l’heure actuelle, les pays les plus enclins à s’engager dans cette démarche semblent être les pays européens et on attend de la Chine qu’elle impulse une dynamique pour faire bouger les plus réticents comme les États-Unis, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Japon, l’Afrique du Sud… Peut-être qu’un séjour chez Claire Anterea ferait mieux prendre conscience aux dirigeants de ces pays de l’urgence de l’action politique contre le dérèglement climatique.

Voir aussi : Life on Kiribati.

 

 

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2 Commentaires

  1. darfid dit :

    Superbes chants féminins,engagement total malgré leur manque total de moyen : j'aime l'être humain de temps en temps.

  2. Bilan de Durban : « une feuille de route vers un accord en 2015 » pour des mesures éventuellement applicables à partir de 2020…

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