Deux arrestations surprenantes ont marqué cette semaine : celle de « Kim Dotcom » Schmitz de Megaupload.com et celle du free surfeur Rex Flodstrom. Le premier a été arrêté pour avoir soi-disant enfreint le droit d’auteur américain sur ses sites de téléchargements et le second pour avoir…surfé dans le Lac Michigan à Chicago !

Totalement indépendantes l’une de l’autre, ces deux arrestations n’en restent pas moins révélatrices des menaces qui pèsent sur les libertés individuelles et sur notre liberté de surfer, que ce soit sur l’eau ou sur Internet, dans des pays qui se disent libres comme les États-Unis.

Intéressons-nous d’abord à l’arrestation de Rex Flodstrom survenue mardi 17 janvier. Rex est un artiste et surfeur confirmé de 40 ans. Ce ne sont pas les vagues mollassonnes d’un mètre – 1m20 qui déferlaient sur le Lake Michigan à Oak Street Beach qui allaient l’effrayer. Pourtant, à sa sortie de l’eau, un comité d’accueil policier l’attendait et il est reparti menotté pour plus de 4 heures de garde à vue en combinaison mouillée… Il a été inculpé pour troubles à l’ordre public et violation d’un arrêté d’interdiction de surfer sur cette plage en hiver (ce n’est pas le premier spot américain où le surf est interdit). Rex Flodstrom plaidera non-coupable à son procès. Il considère que “les surfeurs devraient être libres de surfer partout où il y a des vagues.” Voir son interview :

Arrested Chicago Surfer: ‘This is Insane’: MyFoxCHICAGO.com

Dans ce premier fait divers, deux surfeurs connus se sont manifestés pour faire valoir la liberté de surfer : Kelly Slater et James Pibram pourraient assister à l’audience du 16 février et en profiter pour surfer le Lac Michigan. Le 11 fois champion du monde de surf s’est insurgé : “ It makes no sense. … It sounds like a police state.Kelly Slater ne croyait pas si bien dire en parlant d’état policier

Trois jours plus tard, Kim Schmitz, responsable de Megaupload, était arrêté et ses sites mis hors-service. Nous ne détaillerons pas ici la personnalité atypique de Kim Dotcom ni son arrestation mouvementée du vendredi 20 janvier. Après Julian Assange de Wikileaks, Kim Dotcom est devenu la nouvelle bête noire des États-Unis pour de supposées infractions massives aux lois du copyright.

Des questions se posent : comment un citoyen allemand peut-il se faire arrêter par le FBI en Nouvelle-Zélande pour un délit supposé aux États-Unis ? Et surtout : comment peut-on couper l’accès au niveau mondial d’un site Internet – hébergé à Hong-Kong – sur simple injonction de la justice américaine, avant même la tenue d’un procès ?

Les États-Unis auraient agi légalement, en vertu de leur propre loi sur la propriété intellectuelle du Digital Millenium Copyright Act (DMCA). Il faut aussi savoir qu’ils ont la possibilité de bloquer l’accès à n’importe quel site Internet avec un nom de domaine en .com, propriété de Verisign, une société californienne.

Reste à savoir si ce que proposaient Kim Dotcom et ses associés est réellement illégal. Leur plateforme Megaupload proposait un service sur lequel de nombreux internautes téléchargeaient légalement des documents personnels ou professionnels. Si ce service a pu être largement détourné pour télécharger des films, des séries TV et autres fichiers musicaux, en sont-ils pour autant responsables ?

C’est à ces questions que s’appliqueront à répondre les avocats de Megaupload. Kim Dotcom a les moyens de se défendre mais ce ne sera pas le cas de tous ceux qui pourraient être inquiétés par cette nouvelle régulation d’Internet. Aujourd’hui c’est Kim Dotcom qui se retrouve derrière les barreaux, mais demain ce sera peut-être un blogueur sans le sou qui aura porté tort aux intérêts d’une entreprise américaine qui sera inquiété…

Que dirait-on si un autre pays avait le même comportement que les États-Unis ? Mercredi 18 janvier déjà, des centaines de sites Internet comme Wikipedia avaient décrété un black-out contre les projets de loi SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA, dont le vote a été reporté.

Pour protester contre ces lois liberticides et la fermeture de Megaupload, le collectif Anonymous s’est de nouveau manifesté en hackant différents sites comme celui d’Universal Music, du FBI, de l’Elysée et maintenant Vivendi… Certains redoutent qu’une cyber-guerre mondiale n’ait débuté.

On se croirait revenu dix ans en arrière quand Napster avait été interdit… Les dirigeants politiques et les majors semblent ne pas avoir encore compris la logique fondamentale d’Internet qui est celle du partage universel et gratuit de la culture. Le surf sur Internet, tout comme le surf sur les vagues, est l’un des derniers espaces de libertés des citoyens dans un environnement toujours plus réglementé. Les surfeurs comme les internautes ont envie de surfer librement. Enlevez-leur cette liberté et les droits de l’homme auront fait un pas en arrière.

Plus d’infos : http://www.suntimes.com/news/crime/10081321-418/surfer-arrested-off-oak-street-beach.html
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201856287418-megaupload-un-coup-de-filet-difficilement-realisable-en-europe-278142.php

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3 Commentaires

  1. Lisa dit :

    Difficile de savoir si c'est un hasard, mais vodao.com (site de streaming légal défendu par l'état je crois), ouvre le jour de la fermeture de Megaupload…

  2. darfid dit :

    rien a dire les usa sont devenus un etat policier.
    notre tour viendra.

  3. darfid dit :

    d'ailleurs ca me rapell que l'été dans le var certaines plages sont interdites au surf. voir le spot de Portissol. ils ont même oser installer un joli panneau rouge et blanc pour bien faire comprendre aux surfeurs qu'ils ne sont pas les bienvenus.
    Persos j'ai du me faire interpeller dans leau plusieur fois mais j'ai toujours refusé de sortir et prenez soin de garer ma voiture assez loni du spot il suffit de résister sinon ils interdiront tous !!! on vit une sale époque.

    voir article de surf13 http://surfrider13.free.fr/article.php?id=56

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