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Santé Environnement : les microbes de la Terre contaminent les animaux de la Mer

C’est une découverte majeure, ou tout au moins la confirmation de ce que l’on redoutait : les microbes ne connaissent pas de limite entre la Terre et la Mer. Des germes pathogènes (bactéries, virus, champignons, parasites) qui infectent les humains, les animaux de compagnie, de ferme ou sauvages sont de plus en plus souvent retrouvés chez des mammifères marins malades comme des loutres de mer, des marsouins, des phoques ou encore les orques de la Côte Pacifique des États-Unis et du Canada.

Stephen Raverty, Michael Grigg et Andrew Trites, des scientifiques de l’UBC (University of British Columbia) et Melissa Miller du California Department of Fish and Game ont présenté leurs travaux le 21 février 2012 au Meeting Annuel l’ « American Association for the Advancement of Science » (AAAS) à Vancouver au Canada.

Ils ont appelé au renforcement de la collaboration entre les secteurs de recherche en santé publique, de la gestion des eaux côtières et de la santé des mammifères marins pour réduire le transfert de germes pathogènes et de toxines de la terre à la mer. Ces polluants d’origine terrestre tuent des mammifères marins côtiers et pourraient menacer la santé humaine.

Entre 1998 et 2010, environ 5000 mammifères marins retrouvés morts ont été récupérés et autopsiés le long des côtes de la Colombie Britannique et de la Côte Pacifique Nord-Ouest des Etats-Unis : des baleines, des dauphins, des marsouins, des lions de mer et des loutres.

« Les maladies infectieuses représentaient 40% de la mortalité de ces animaux marins » déclare Stephen Raverty, pathologiste vétérinaire au Centre de Santé Animale du Canada et professeur dans l’Unité de Recherche des Mammifères Marins de l’UBC.

« Dans de nombreux cas, les maladies diagnostiquées chez ces animaux avaient des agents similaires ou génétiquement identiques à ceux qui infectent les animaux domestiques ou le bétail. Nous ne savons pas encore exactement comment ces maladies affectent la santé des mammifères marins » déclare Raverty.

Par exemple, les chercheurs ont récemment identifié le premier cas de Neospora caninum chez les loutres de mer. Ce parasite est connu pour provoquer des troubles musculaires et neurologiques graves chez le chien et des avortements chez les bovins laitiers.

Cryptococcus gatti, un champignon classiquement associé aux arbres d’eucalyptus en décomposition dans les régions tropicales a été retrouvé dans un port et chez des marsouins de Dall.

« Les mammifères marins décédés des suites d’une pathologie cérébrale étaient infectés par 2 parasites communs, Toxoplasma et Sarcocystis, qui sont éliminés dans les selles des hôtes définitifs, respectivement les félidés (comme le chat) et des opossums (petits marsupiaux) » explique Michael Grigg, chercheur à l’ U.S. National Institutes of Health’s Laboratory of Parasitic Diseases. Dans la vidéo Youtube, le chercheur insiste sur les capacités de dissémination et de résistance d’un parasite comme Toxoplasma Gondii.

« Nous pouvons nous attendre à des risques augmentés pour la santé humaine, des animaux et des mammifères marins partageant le même environnement marin pollué, y compris sur le littoral du centre-ville de Vancouver » déclare Andrew Trites, directeur de l’UBC’s Marine Mammal Research Unit. « D’une certaine manière, les mammifères marins sont comme « le canari dans la mine de charbon » – nous devons nous considérer prévenus et prendre les mesures appropriées. »

L’équipe de chercheurs recommande le maintien des zones humides comme les marécages, filtres naturels (que l’homme a eu tendance à assécher ou à bétonner), réduire les rejets polluants à proximité des côtes et contrôler la qualité de l’eau pour prévenir l’intrusion de pathogènes et de toxines dans la chaîne alimentaire. Une collaboration entre les régions côtières et de l’intérieur est également cruciale.

Un océan malade peut menacer l’homme pour qui la mer est un lieu de loisirs, de travail, ou une source de nourriture, ont averti les chercheurs. L’évolution des maladies touchant la faune marine « pourrait avoir un impact encore mal connu chez l’homme. « Nous vivons dans les mêmes zones et mangeons souvent les mêmes aliments » a mis en garde Melissa Miller. « Les mammifères marins ne connaissent pas de frontières, les microbes pathogènes et les parasites non plus » a déclaré Raverty.

Source : http://www.sciencedaily.com/releases/2012/02/120221104117.htm

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