Si vous n’êtes pas encore sensibilisés aux problématiques environnementales et sanitaires engendrées par l’utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés (= O.G.M.), prenez 43 minutes de votre temps pour regarder ce documentaire très instructif sur la situation alarmante à Hawaii.

Hawaii représente pour nous un paradis luxuriant où déferlent quelques-unes des plus belles vagues du monde. Ce que l’on sait moins, c’est que depuis une vingtaine d’années, Hawaii est aussi un laboratoire à ciel ouvert pour tester les OGM, avant d’être commercialisés dans le reste du monde.

Selon les auteurs du documentaire, plus de 5000 expérimentations auraient déjà été menées par des firmes comme Monsanto, Dow, Dupont/Pioneer, BASF ou Syngenta. Ces entreprises bénéficieraient sur place d’allègements d’impôts et de l’appui de politiques et de propriétaires terriens. Ces entreprises disposeraient de plus de 16.000 hectares de terres sur lesquelles seraient régulièrement pulvérisés des dizaines de produits chimiques différents (pesticides, insecticides, fongicides, herbicides…)

La population n’est pas dupe quant à la nocivité des produits utilisés, surtout quand elle voit des hommes en tenues de cosmonautes les pulvériser régulièrement, parfois à proximité d’écoles. La promiscuité de ces exploitations OGM avec les fermes bio pose également problème, car les produits utilisés ne s’arrêtent pas à la clôture des exploitations, qu’ils soient transportés dans l’air ou par les eaux, ils contaminent les terres durablement.

Le surfeur Anthony Palazzolo raconte comment il a dû abandonner son projet de petite exploitation agricole après être tombé sérieusement malade. Il raconte avoir ressenti des difficultés respiratoires avec bronchospasme et les a rapportées à la proximité des exploitations OGM dont les pesticides lessivés par les pluies se retrouvaient dans le cours d’eau qui borde sa ferme, provoquant parfois des inondations avec des émanations chimiques insoutenables.

Ces cours d’eau contaminés par les pesticides vont ensuite dans l’océan qui reste la principale ressource d’Hawaii, comme le rappelle le surfeur Kala Alexander, à condition que l’eau de mer, les reef et les poissons soient préservés… Ces richesses marines sont pourtant menacées par cette pollution chimique induite par l’utilisation de pesticides.

Kala Alexander déclare: « Ces grosses entreprises veulent gagner plus d’argent à tous prix sans prendre en considération les personnes qui habitent dans la zone ou l’environnement. Ils ont tout faux. Tu as beau vouloir nourrir les gens, tu ne peux pas faire cela au détriment de l’environnement et de la santé des personnes. Je suis sûr que ces gens-là ont aussi des enfants… Ce qui formidable pour nous êtres humains, c’est que nous pouvons faire des choix, nous pouvons « shaper » notre propre destinée. Ces gens-là font un choix conscient quand ils décident de faire ce qu’ils font pour faire de l’argent… »

Le Dr. Hector Valenzuela, spécialiste des cultures agricoles à l’Université d’Hawaii, explique que les OGM vont à l’encontre des barrières naturelles qui empêchent de croiser les informations génétiques entre différentes espèces. Pour ce spécialiste, l’usage des produits chimiques fait partie intégrante de la culture des OGM. Il pointe notamment du doigt les dangers de l’herbicide atrazine et le manque de connaissances sur l’effet à long terme de l’exposition de populations humaines à un cocktail de pesticides. Le cas de l’Agent Orange est également évoqué ; il aurait été testé sur la végétation à Kauai, avant sa funeste utilisation pendant la guerre du Viêtnam.

Comme les nuisibles finissent toujours par développer des résistances, il faut alors utiliser de nouveaux pesticides et OGM, dans une bataille sans fin qui ne peut qu’augmenter l’intoxication des populations exposées à différents produits. Sans compter que les fermiers utilisant des OGM font valoir que leur utilisation massive de pesticides fait baisser le prix de leur importation pour les autres fermiers, y compris ceux qui n’utilisent pas d’OGM…

Le chanteur Makana considère que les OGM servent à élargir le marché pour les produits chimiques vendus par ces mêmes compagnies. La plupart des OGM sont conçus pour résister aux herbicides, ce qui permet aux fermes industrielles d’inonder leurs cultures de produits sans risquer de tuer leurs cultures.

Makana considère que la vie se perpétue grâce à une relation équilibrée avec la terre. C’est justement vers cette conception durable de l’agriculture que les protagonistes de ce documentaire voudraient revenir. Ils proposent d’encourager les petites exploitations qui n’utilisent pas de produits chimiques, former et employer des jeunes agriculteurs et restaurer le système ahupua’a des ancêtres hawaiiens qui pratiquaient une agriculture et une pêche durables qui leur apportait une alimentation saine et équilibrée. Pour le moment, Hawaii aurait moins de 1200 hectares de terres agricoles certifiées biologiques, soit 0,27% des terres agricoles hawaiiennes.

Carter Allen, pionnier de l’agriculture biologique sur le North Shore d’Oahu, propose également de labelliser les produits OGM pour que les consommateurs puissent choisir leur alimentation en connaissance de cause.

Les clés du problème sont en grande partie dans les mains de la puissante « Kamehameha Schools » qui est le plus grand propriétaire foncier privé à Hawaii. Malgré son engagement pour le développement durable, cette institution louerait de vastes terrains aux multinationales à l’origine des OGM selon les auteurs. Kamehameha est la seule institution à avoir les terrains, le capital et les ressources nécessaires pour réduire les importations de nourriture, qui seraient de plus de 90% actuellement, et garantir qu’Hawaii ne se retrouve pas à cours de nourriture en cas de catastrophe naturelle ou d’envolée des prix du pétrole.

C’est maintenant qu’il faut faire les bons choix, avant que toutes sortes d’OGM n’envahissent la planète avec des conséquences inconnues pour la santé humaine et l’environnement.

Documentaire proposé par « Hawai’i GMO Justice Coalition » avec le soutien de Organic Consumers Association & Millions Against Monsanto.

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3 Commentaires

  1. Les OGM sont aussi utilisés pour fabriquer nos vêtements ou nos cigarettes. Ils nourrissent également les animaux d'élevage.

    Difficile d'y échapper ! Et même si vous mangez bio ou du "nourris sans ogm", à partir du moment où vous buvez, vous respirez, vous surfez, vous serez à un moment ou à un autre en contact direct avec les produits chimiques utilisés dans cette agriculture.

    Pas besoin de partir à Hawaii : Pays Basque, Landes, … sont des terres labellisées avec OGM !

    Soyez donc vigilants en cas de fortes pluies car en plus des stations d'épuration qui débordent, les eaux chargées en produits chimiques ruissellent alors vers l'océan. Une pollution qui n'est malheureusement pas prise en compte dans la qualité des eaux de baignade.

  2. Mr S dit :

    Le changement c’est pour quand? est-il possible de « pressioner » les instituts sanitaires pour faire entrer cette polution dans la mesure de laqualité des eaux de baignade? On ne peut pas laisser faire, peut être une démarche dans cesens existe déjà?

  3. dumont dit :

    Suite à la lecture d’un article lu dans le Monde, je découvre très peu de choses sur ce sujet. Pourquoi ne sensibilise-t-on pas davantage la population ?

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