On représente souvent les surfeurs comme des fumistes désœuvrés sans-le-sou. Considérés comme des personnes apportant peu d’argent à la société, les surfeurs ne sont pas pris au sérieux par les décisionnaires pour qui l’argument économique est primordial.

Chad Nelsen a bien compris cette problématique et il a fait réaliser une étude reprise par le Washington Post qui a montré que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le surfeur moderne est solvable, « bankable » et qu’il peut même rapporter beaucoup à l’économie.

L’enquête « Surfrider-Surf-First Survey » a été réalisée à partir d’un questionnaire Internet rempli par 5360 surfeurs américains. Cette étude descriptive réalisée entre novembre 2008 et septembre 2009 a permis d’obtenir des données chiffrées sur la démographie et l’économie générée par les surfeurs aux niveaux local, régional et national.

Les résultats de cette étude contredisent globalement la représentation habituelle des surfeurs. En effet, l’étude démontre que:

– Les surfeurs surfent souvent (ça on s’en doutait…) : ils  viennent 108 fois à la plage par an (environ 2 fois par semaine en moyenne) et font 16 kilomètres en moyenne pour y arriver ;
Les surfeurs sont matures (ce ne sont pas tous des adolescents attardés 😉 ) : ils ont une moyenne d’âge de 34 ans et ont 16 ans d’expérience en moyenne ; plus de 62% est allé à l’université, ce qui témoigne d’un bon niveau d’éducation ;
Les surfeurs travaillent (eh oui !) : 67% des surfeurs ont un job à plein temps ;
Les surfeurs gagnent bien leur vie : les surfeurs ayant répondu au questionnaire gagnent en moyenne 75.000 dollars par an. Ils possèdent en moyenne 4 planches de surf.
Les surfeurs participent à l’économie : ils dépensent 66 dollars par visite sur un spot (essence, parking, alimentation, dépenses en surf shop…) . Les surfeurs forment une large communauté estimée à 3,1 millions de surfeurs aux Etats-Unis dont l’impact économique annuel est évalué entre 2 et 5 milliards de dollars.

On sait également que sur certains spots, les surfeurs sont les premiers usagers à profiter de la plage. Et ils n’hésitent pas à se lever tôt pour surfer (heure d’arrivée sur le spot: 8h15 en moyenne) et restent en moyenne 2h30 à la plage.

Ces résultats présentés à la Global Wave Conference de Biarritz permettent de partir sur de nouvelles bases avec les interlocuteurs des surfeurs pour faire avancer les causes environnementales de protection des vagues et du littoral qui nous sont chères, car même si c’est triste à dire, seul l’argent parle à certaines personnes, notamment aux hommes politiques qui ont le pouvoir de prendre des décisions qui influenceront en bien ou en mal les spots de surf et leur fréquentation par les surfeurs..

Ce qu’il a manqué par le passé aux surfeurs pur sauver certaines vagues comme Jardim Do Mar à Madère, ce sont justement des données chiffrées pour rapporter la pratique du surf à une source de revenus, de croissance et de création d’emplois.

Lire l’étude complète.

G.Scott Wagner, Chad Nelsen, Matt Walker. Socioeconomic and Recreational Profile of Surfers in the United States – A report by Surf-­‐First and the Surfrider Foundation.

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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6 Commentaires

  1. Guill_aume dit :

    Moi qui pensais fuir la société de consommation en allant surfer tranquille aux aurores, j'apprends que je fait tourner l'économie mondiale. Merde !

  2. Alexandre dit :

    Elle me plaît bien cette étude, et mériterait d'être largement diffusée. Le surf n'est pas qu'une pratique alternative. Aujourd'hui, elle est même en phase avec les valeurs vers lesquelles revient notre société : le goût de l'effort, l'engagement, l'écologie, l'outdoor. Les watermen en ont dans la cervelle ! L'économie du surf a de beaux jours devant elle !

  3. alexis dit :

    Ah putain, quand je lis ça, je tombe de haut! Le surfer n'est pas bankable ? Je suis un gros débutant et chaque fois que je prends un cours de surf je casque 35 euros pour 1h30 de cours. Le cours de surf, c'est 8 apprentis surfers par moniteur et quand je tombe sur la mauvaise école, le moniteur en a rien à foutre de ce que je fais,il se contente seulement de veiller aux problèmes de sécurité. Cela fait longtemps que le surfer est bankable et cela fait longtemps que le surf est un bizness qui rapporte un gros paquet de pognon.Les marques de fringues, les planches, la mode,les photos de surf, le way of life, les cours de surf, les surf camp à l'étranger,les destinations surf partout dans le monde, les boissons pour surfers, et j'en passe encore des conneries que j'ai la flegme de citer. Le surfer est un consommateur et ça, les bizness men l'ont compris depuis longtemps. Le surfer clochard, c'était dans les seventies et aujourd'hui, tout ça est très loin, mais vraiment très loin. Pour surfer, il faut du pognon. Pour surfer, il faut du temps libre, il faut habiter près du littoral, il faut se déplacer en voiture, il faut…..du pognon. Le surfer est un type hautement bankable.

  4. sebastien dit :

    autrefois des combis "pourris" au charme certain dont les autocollants servaient a tenir la carrosserie 🙂
    aujourd'hui des transporters a 25 000 euros… les temps changent…

  5. surfeur haut normand dit :

    "This result is not surprising because surf equipment is expensive and the cost of living along coastal areas where surfing is popular tends to be high."

    eh!les locaux, vous saviez que vous étiez riches ? 😉

  6. That Sanuk photo shoot with the « Corporate » Surf theme was a great advertising campaign.

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