Un projet de parking souterrain déclenche une vague de protestation à Biarritz. 3000 personnes ont déjà signé la pétition en ligne pour empêcher cette construction aberrante. Non seulement ce parking géant de 350 places se ferait dans une falaise extrêmement fragile, mais elle concernerait directement le spot de surf légendaire de la Côte des Basques, où se déroulait récemment le Joel Tudor Invitational.

Un tel projet poserait avant tout un problème environnemental d’artificialisation du littoral. Les instigateurs du projet soutiennent mordicus qu’il est écologique et moderne d’enterrer les voitures. Ceci est bien révélateur d’une époque où on préfère cacher les problèmes environnementaux que les traiter. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas les voitures qu’elles polluent moins, au contraire ! Rappelons que l’air d’un parking souterrain est parmi les plus pollués qui soient, et qu’il faut bien évacuer cet air vers l’extérieur. La pollution de l’air et l’artificialisation d’un espace naturel sont autrement plus graves qu’une pollution visuelle engendrée par les voitures qui « gâchent le paysage ». Sans compter qu’entre la ventilation et l’éclairage d’un tel parking, on crée des dépenses énergétiques supplémentaires par rapport à un parking de surface.

L’autre argument employé par les hommes politiques qui soutiennent ce projet est qu’un parking consoliderait la falaise (le même argument fallacieux avait été employé à l’époque où la construction d’une barre d’immeubles avait été envisagée à la Côte des Basques). Non seulement le parking ne consolidera pas la falaise, mais il risquerait de créer des zones de fragilité en périphérie et des dégâts irréversibles à un endroit où des efforts sont faits depuis des décennies pour la stabiliser.

Ce pan de falaise a une grande richesse géologique et hydrologique car il est le point de passage de sources d’eau. Y installer un bloc de béton aurait des conséquences imprévisibles. A l’heure actuelle, le PLU (Plan Local d’Urbanisme) interdit d’ailleurs une telle construction à cet endroit, mais une procédure pour le faire modifier a été décidée en conseil municipal.

Un parking payant pose aussi un problème social. Dans le quartier encore populaire de Beaurivage, on va supprimer des places de stationnement gratuit pour favoriser le taux de remplissage d’un parking payant. Mais tout le monde n’a pas les moyens de payer un abonnement dans un parking qui viendrait encore grever le budget auto en s’ajoutant au prix du carburant, de l’assurance, etc., en temps de crise, et dans une ville où les jeunes ne peuvent même plus se loger à cause de la flambée des prix de l’immobilier.

Ce parking qui ne sera pas rentable à l’année devra en plus être subventionné par la ville, comme c’est déjà prévu dans le contrat, pour équilibrer les comptes de l’opérateur, et alourdir un peu plus les impôts des Biarrots.

Ce projet est surtout totalement inutile. Il y a déjà de nombreuses places de stationnement mal exploitées à Biarritz (on a recensé 1200 places de stationnement à proximité immédiate du site du futur parking). Il suffirait de mieux flécher les aires de stationnement existantes et d’utiliser des applications pour smartphone ou GPS indiquant les places libres en temps réel, comme cela se fait déjà à Nice grâce à des capteurs sur les emplacements de stationnement.

Le centre-ville de Biarritz est déjà littéralement thrombosé et asphyxié par les voitures en été. Y creuser un énième parking ne ferait que créer un appel d’air supplémentaire qui amènerait encore plus de voitures vers le centre et le front de mer. Mieux vaudrait « stocker » ces véhicules en périphérie et acheminer les visiteurs en navettes vers le centre.

Un parking dans une falaise classée Natura 2000 irait à l’encontre de l’image verte que Biarritz voudrait se donner. Il rejoindrait les autres projets coûteux dont l’ « utilité » se limite à la haute saison touristique, comme la Cité de l’Océan, avec le résultat que l’on connaît.

Si j’ai choisi de m’engager contre ce projet, c’est d’abord parce que j’aime Biarritz et ses plages où je surfe quotidiennement. C’est aussi pour participer à une réflexion plus globale sur les nouvelles façons de se déplacer dans une station balnéaire dans une logique de développement durable. Biarritz ne devrait pas essayer de reproduire le mode de circulation des grandes villes (on ne vient pas en vacances à Biarritz pour y retrouver un mini-Paris). Biarritz devrait proposer autre chose et montrer l’exemple dans le domaine des mobilités douces et non polluantes: transports en commun, véhicules électriques, vélo, rollers, skateboard…et bien évidemment la marche à pied !

Il faudrait envisager des travaux autrement plus urgents à la Côte des Basques comme le réensablement d’une plage qui n’est plus praticable qu’à marée basse, la création d’un accès handicapé, l’aménagement d’une sortie de secours pour les surfeurs qui se font surprendre par la marée ou la sécurisation des abords de la plage pour éviter un nouveau drame.

Avant de se demander comment les touristes vont faire pour se garer au plus près de la plage et du centre-ville, il faudrait s’intéresser aux usagers de la Côte des Basques, au premier rang desquels figurent les surfeurs qui évoluent déjà sur un spot arrivé à saturation en été et où se multiplient les accidents de surf.

Que dit la Loi Littoral sur le sujet ?

D’après Surfrider 64, elle n’autorise que des aménagements légers (article R. 146-2 du code de l’urbanisme, décret n° 2004-310 du 29 mars 2004) : «les aires de stationnement ne peuvent être construites que si elles sont indispensables à la maîtrise de la fréquentation automobile et à la prévention de la dégradation de ces espaces par la résorption du stationnement irrégulier, sans qu’il en résulte un accroissement des capacités effectives de stationnement, à condition que ces aires ne soient ni cimentées ni bitumées et qu’aucune autre implantation ne soit possible».

Plus d’informations: http://www.surfingbiarritz.fr/2012/09/06/parking-souterrain-a-la-cote-des-basques-le-pretexte-environnemental/

http://surfrider64.com/2012/10/19/non-au-parking-souterrain-de-la-cote-des-basques/#more-1981

Signez la pétition: http://www.activism.com/fr_FR/petition/non-au-parking-souterrain-de-la-cote-des-basques-biarritz/16099

Le site de l’Association de Défense de la Côte des Basques: www.defensecotedesbasquesbiarritz.org

Rejoindre le Groupe Facebook : https://www.facebook.com/NonAuParkingSouterrainDeLaCoteDesBasquesBiarritz

A propos de l'auteur :

Je suis médecin généraliste, surfeur, et je m'intéresse avant tout aux bienfaits de la mer pour la santé. Je suis engagé dans la protection de l'environnement marin car notre santé est intimement liée à celle des océans.

 

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9 Commentaires

  1. surf64 dit :

    Partager sur les reseaux sociaux la petition cela sera deja une bonne chose de faite

  2. Cette pétition est une bonne initiative et j'espère qu'on ne privera pas à des passionnés un endroit rêver pour surfer… j'espère que la pétition aura son effet.

  3. tim dit :

    Bonjour
    Ou peut on trouver l'état actuel du projet, les différentes étapes passées et a venir. Ce projet va servir de cas concret pour mes cours sur les collectivités.
    D'avance merci

  4. Bonjour,

    Vous trouverez toutes les informations utiles sur le site de l'Association de Défense de la Côte des Basques:
    http://www.defensecotedesbasquesbiarritz.org/le-p

  5. tim dit :

    Merci, j'ai vu ce document, mais quand est il de l'enquête publique des différentes études d'impacts, études de faisabilité etc ?

    Merci de votre réponse

  6. Dr Gonzo dit :

    Petite remarque sur cette phrase pour justement aller dans votre sens
    "Biarritz ne devrait pas essayer de reproduire le mode de circulation des grandes villes (on ne vient pas en vacances à Biarritz pour y retrouver un mini-Paris)."
    Dans de nombreuses grandes villes on est justement revenu du tout voiture qui s'est imposé par le passé, à Paris comme à Nantes par exemple: on fait la place aux vélos, aux piétons et aux transports en commun!!!

    Alors oui, ne reproduisons pas les erreurs du passé. Les parkings c'est à l'entrée des villes et pas à la plage!

    • Barandiaran dit :

      Ces propos sont plus qu’objectifs!
      Je pensais le surf, un SPORT !
      Beaucoup de surfeurs « tentent » de se garer sur la plage (boutade!) soit en scooter sur littoral interdit, soit en voiture!
      30 à 40 mètres par rapport aux parkings semblent « insurmontables et fatigant »
      J’ai du demander en temps qu’animateur de comité de quartier, 3 places de parking pour l’école de la Milady qui se garait sur les pelouses (vive l’environnement); je ne parlerais même pas de l’accès à la plage de Marbella et des « grafs » racistes et xénophobe en direction des surfeurs non-locaux
      Je ne parlerais pas non plus des bouteilles d’eaux vides sur le sable ABANDONNEES par les surfeurs! A quand une CHARTE du Surf et d’un OBSERVATOIRE!!!

  7. MrS dit :

    C’est vraiment une abération, à tout les coups VInci ou un autre est derrière…C’est honteux ils feraient mieux d’investir l’argent pour le traitement des eaux usées et l’amélioration de la qualité d’eaux de baignade. On marche sur la tête c’est le profit à court terme, la côte des basques ça va bientôt être dysneyland attention!! Côte des basques Notre dames des landes même combat non au bitume!!

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