Dans le cadre de la Conférence Mer & Santé, nous faisons connaissance avec les différents intervenants. On commence aujourd’hui avec François Sieber, Docteur en Biologie Moléculaire et Cellulaire et surfeur, qui interviendra sur la thématique « Algues et Santé ».

Bonjour François, peux-tu te présenter ?
Je suis chercheur, spécialisé en biologie moléculaire et cellulaire. J’ai toujours été fasciné et curieux de comprendre comment fonctionne le vivant. Dans mes études, je me suis particulièrement intéressé aux plantes. Les plantes sont extrêmement évoluées, présentant une diversité moléculaire inestimable qui leur permet de vivre sans se déplacer, bravant les éléments et les environnements les plus extrêmes, de se protéger et de survivre. On oublie souvent que les algues telles qu’on les connait sur nos rivages sont des plantes et que la mer est notre plus grand jardin.

Quel est ton rôle au sein des Laboratoires de Biarritz ?
Mon travail consiste à rechercher, cibler, extraire et caractériser des molécules actives présentes dans l’algue rouge du Pays Basque pour en développer leur utilisation dans un cadre dermo-cosmétique. Notre recherche s’inscrit dans ce que l’on appelle le biomimétisme, science qui consiste à observer les mécanismes de la nature pour trouver des solutions techniques innovantes et douces pour l’environnement. Nos choix d‘études se basent sur des observations, notamment des mécanismes de défense naturels procurés par certaines molécules. Les algues rouges constituent des organismes de choix pour la richesse des molécules qu’elles contiennent. Les algues ont développé des molécules spécialisées pour survivre aux pressions de leur environnement, comme les UV, la déshydratation, les attaques bactériennes…

Quelles sont les différentes utilisations de l’algue rouge ?
L’algue rouge du pays basque est quasiment exclusivement utilisée pour en extraire un gélifiant plus connu sous le nom d’agar-agar ou agarose. L’agar-agar est très utilisé en agro-alimentaire comme gélifiant (E406), mais aussi énormément en recherche. C’est un outil essentiel en biologie moléculaire utilisé en recherche, en médecine ou par la police scientifique, principalement pour réaliser des analyses ADN. Cependant, l’algue rouge ne contient pas que de l’agar-agar. Elle recèle de bien d’autres molécules pouvant être valorisées. C’est ce que nous essayons de faire.

Comment l’algue rouge peut-elle agir en protection solaire ?
L’ADN et de nombreux éléments des cellules vivantes sont sensibles aux rayonnements ultraviolets (UV) et les algues sont aussi concernées par ces dangers. Les algues sont des organismes directement dépendants de la lumière pour réaliser la photosynthèse. Cependant, tous les rayons lumineux ne sont pas utilisés dans ce processus, et les rayons UV restent néfastes pour le métabolisme cellulaire. A faible profondeur, le Gelidium est directement sujet à la puissance des rayonnements solaires dont font partie les UV. N’ayant pas la capacité de se mouvoir et de s’abriter, l’espèce a développé au cours de l’évolution des molécules protectrices puissantes pour se protéger des effets néfastes des UV.

Le rôle des molécules actrices dans la défense aux UV peut être :
– d’absorber les UV avant qu’ils ne fassent des dégâts ;
– de limiter l’ampleur et l’impact des dégâts « en temps réel» ;
– de réparer minutieusement les dégâts a posteriori.

L’algue rouge a-t-elle d’autres intérêts dermatologiques ?
L’algue rouge contient une grande variété de molécules aux propriétés d’intérêt. On pourra citer par exemple les différentes molécules antioxydantes qui composent déjà notre extrait Alga gorria®. Extrait de cette algue rouge, l’Alga-gorria® est un principe actif composé d’une association de molécules telles que les caroténoïdes et flavonoïdes ayant une force d’action totalement naturelle sur la neutralisation de radicaux libres. Tout être vivant produit continuellement des radicaux libres pouvant être nocifs. Ces espèces réactives peuvent causer des dommages, au niveau des lipides, endommager les protéines ou endommager l’ADN de nos cellules. Ces dommages contribuent essentiellement aux processus de « vieillissement cellulaire » (voir vidéo Youtube ci-dessous). Nous travaillons actuellement au développement d’autres principes actifs, mais je me dois de garder un peu de secret…

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D’une manière générale, pourquoi les algues sont-elles si intéressantes en cosmétologie ?
Les algues sont déjà très utilisées pour leur molécules gélifiantes et texturantes. Mais tout comme les plantes terrestres, elles contiennent des molécules très variées dont les intérêts dans le domaine de la santé restent encore à développer, découvrir et décrire. Rappelons nous que la plupart des molécules pharmaceutiques sont à l’origine découvertes chez les plantes. Imaginez le potentiel que représente la biodiversité des algues d’un point de vue richesse moléculaire. Une biodiversité aussi large que les mers recouvrent 70% de notre planète…

Travaillez-vous sur d’autres actifs marins ?
Oui, rien que sur le Gelidium nous avons plusieurs projets de recherche et de développement d’actifs. Nous travaillons aussi sur d’autres sujets en parallèle.

– Va-t-on encore découvrir de nouvelles substances/propriétés issues des algues ?
Nous n’en finirons jamais de découvrir, parce que le vivant évolue perpétuellement, faisant que de nouvelles molécules apparaissent continuellement. Il y a plus de risques que l’on ne découvre pas certaines substances parce que des espèces disparaissent, que de ne plus rien avoir à découvrir un jour. C’est à nous de faire en sorte de préserver le vivant. D’après nous, c’est aussi et essentiellement par la valorisation de notre biodiversité que l’on pourra contribuer à la préserver.

Les produits Alga Maris sont-ils respectueux de l’environnement marin ?
Oui, nos produits observent une très haute résistance à l’eau donc il n’y a qu’une infime quantité qui passe dans l’environnement marin. Ces particules vont toutes se décomposer naturellement puisque chaque ingrédient est d’origine naturelle. Les cosmétiques qui contiennent des ingrédients chimiques contiennent eux des particules qui soit restent « flotter » à la surface pour former des zones opaques, soit viennent se poser sur les fonds et tuent la flore marine. C’est le cas de certains produits solaires mais aussi de shampooings ou de crèmes de soins.

Comment profites-tu de la mer ?
Je profite de la mer en essayant de recevoir au mieux tout ce qu’elle nous offre. Elle nous nourrit, nous fait respirer, nous calme, nous inspire et tellement encore… Et puis elle nous offre aussi des instants de plaisirs uniques. Surfer, c’est avoir le privilège de jouer avec l’une des plus belles et grandes forces naturelles. Evidemment, il faut respecter cette force, qui vous rappelle à l’ordre si vous ne le faites pas. C’est le respect, l’humilité et l’admiration que l’on apprend aussi grâce à elle.

Que penses-tu de la Conférence Mer & Santé ? De quoi vas-tu nous parler ?
Je pense que cette conférence est une excellente opportunité pour chacun de rappeler nos liens forts et nombreux avec la mer. C’est aussi l’occasion d’encourager et de renforcer ces liens, car notre avenir et notre santé en dépendent. Je voudrais proposer une illustration de ce que peut être la valorisation innovante et douce de produits naturels issus de la mer au travers des travaux des Laboratoires de Biarritz.

A propos de l'auteur :

Première Conférence scientifique sur la Mer et la Santé à Biarritz les 4 et 5 Octobre 2013.

 

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5 Commentaires

  1. Look Landry dit :

    Bonjour !
    J’ai lue votre interview, très intéressant.
    Enfaite je voudrai poser une question ; serrait-il possible d’exploiter les algues rouge à grande échelle, je vis dans une île de l’océan indien et je me suis rendu compte que ces algues poussait facilement et rapidement dans une baie dans mon pays.
    Donc je voulais savoir si on pouvait l’exploiter à grande échelle et quel sont les moyen nécessaire jusqu’à l’exportation ?

    Merci Landry

  2. BARDY dit :

    Bonjour,
    Nous sommes un groupe d’éleveur d’algue rouge à Tamatave et je serai de passage en France vers le mois d’avril 2014 (si tout se passe bien – cela depend de la demande de visa) dans la recherche de partenariat et de débouché, je souhaiterai prendre contact avec vous. Bardy Jean-Loup.

  3. Lebret dit :

    Bonjour
    j’ai vu aujourd’hui entre soccoa et hendaye sur la côte des espagnols qui ramassaient des algues rouges ; est-ce bien licite ? Ils avaient deux jeeps et avaient des filets verts et des pelles (genre de râteau). Je n’ai pas pris en photo l’Immatriculation de leur voiture, mai je crois qu’un monsieur les a pris. Merci pour votre retour
    Liliane camping itsasu

  4. martin dit :

    bonsoir, je travail actuellement sur mon tpe de 1ere et,
    je voulais savoir si vous pouviez m’en dire un peu plus sur le fait que l’algue rouge soit un « amaincissant ».
    je m’explique, le fait qu’elle soit contenue dans une creme (a l’aide par exemple de microcapsules) pourrait-il aider a faire perdre quelque cm ?
    en attendant votre reponse
    céline

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