Après l’histoire du surfeur qui a passé 28 heures dans l’eau en Indonésie, voici un autre récit de survie prolongée en mer après une chute de bateau, mais cette fois-ci au large des côtes landaises dans des eaux beaucoup plus fraîches.

Jean Damitio, 52 ans, était parti profiter de la mer en voilier ce dimanche 30 juin 2013 vers 18 heures au départ du Port de Capbreton. Une heure plus tard, alors qu’il se trouve en pleine mer, il tente de régler sa voile mais passe de l’autre côté du bateau et il tombe à l’eau. Tout se passe très vite. Il tente d’abord de s’accrocher, mais il finit par lâcher prise et voit le bateau s’éloigner…

Son voilier a été retrouvé à 22 h échoué sur la plage des Océanides à Capbreton. Mais aucune trace de son occupant malgré les recherches des vedettes et des hélicoptères de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) et de la gendarmerie.

Comme il faisait beau et que la mer était calme, Jean Damitio avait commis l’imprudence de ne pas mettre son gilet de sauvetage, et il n’était pas attaché avec un harnais de sécurité au moment de régler sa voile. Erreurs qui auraient pu lui être fatales.

L’homme a nagé pendant 15 heures dans l’océan jusqu’à enfin arriver à 10h30 du matin le lendemain sur une plage à Ondres où un promeneur a pu alerter les secours.

Comment a-t-il pu survivre aussi longtemps dans une eau à 16-17°C ? J’ai pu contacter Jean Damitio au lendemain de sa mésaventure pour en savoir plus. Ce qu’il a fait pourra servir à d’autres personnes dans la même situation pour s’en sortir.

Mr Damitio est tombé à l’eau en T-Shirt et en maillot. Il a d’abord essayé d’enlever son T-shirt avant de se rendre compte qu’il avait plus froid sans, et de le remettre pour se le rentrer dans le maillot. Les habits – même mouillés – permettent de mieux conserver la chaleur. Inconvénient: le t-shirt l’a irrité sous les bras à force de cisaillements en nageant.

Il est toujours resté en mouvement. Mr Damitio n’a jamais cessé de nager. Il faisait de la brasse à faible vitesse. Il a tenté le crawl mais comme il n’arrivait pas à aller droit, il a continué tout le trajet à la brasse. Il n’avait pas froid en nageant. Les seuls moments où il a eu froid sont ceux où il s’est arrêté de nager à 2 reprises pour faire la planche.

Il a pris un point de repère. Quand il est tombé à l’eau, il faisait jour et comme il ne voyait plus la côte, il ne savait pas où il allait et avait l’impression de tourner en rond. Il a attendu la nuit pour voir les feux des bateaux au port de Bayonne et se diriger vers eux.

Il a bu de petites quantités d’eau de mer (quelques dizaines de ml) volontairement « juste de quoi s’humidifier les lèvres », et involontairement quand il a bu la tasse. Il avait lu les conseils du Dr Alain Bombard dans son ouvrage « Naufragé Volontaire » et il savait que de très petites quantités d’eau de mer au début d’un naufrage pouvaient être salutaires. Il est quand même arrivé déshydraté avec un premier bilan qui faisait état d’une hypernatrémie à 155 mmol/l.

Une fois sur la plage à Ondres, il a d’abord alerté un promeneur pour faire venir les secours. Il s’est ensuite mis dans un trou de sable qu’il a creusé pour se réchauffer en attendant les secours. Résultat: il n’était même pas en hypothermie quand ceux-ci sont arrivés (T= 37,1°C).

Jean Damitio est un habitué de la mer où il pratique la voile, la plongée en apnée, le windsurf… Sans se considérer comme sportif, il s’entretient avec du jogging et une séance de natation hebdomadaire en piscine. Il n’avait jamais nagé en eau froide et dit très mal supporter le froid en temps normal.

Mais ce qui l’a sauvé avant tout, c’est qu’il n’a paniqué à aucun moment. Sa seule obsession était la survie. Il a pensé à sa famille et à ses proches pour s’en tirer.

Après une bonne nuit de sommeil réparateur à l’Unité d’Hospitalisation de Très Courte Durée de l’hôpital de Bayonne, il se dit en forme et prêt à retourner dans l’eau, mais cette fois avec un gilet de sauvetage et une balise pour faciliter le travail des secours en cas de problème.

Voir son témoignage filmé par France 3:

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13 Commentaires

  1. Remi dit :

    « il n’avait ni gilet ni harnais pour regler sa voile,erreurs … »
    De jour et par temps calme , ils sont tres rares les marins a s’encombrer de tout ca .
    Moi le premier …

  2. sebastien dit :

    Bon rétablissement et chapeau car nager 15h même en faisant la planche pour récupérer et avec la nuit qui vient et la solitude…..

  3. brice dit :

    Comme quoi le gilet de sauvetage par tout temps est obligatoire ! Surtout avec les modèles auto-gonflants qui sont devenus peu encombrant et sur. J’aurais appris des choses grâce à cette interview merci guillaume !

  4. Loïc dit :

    « Seul ou accompagné, on met au moins son gilet de sauvetage » : oui, c’est un geste si simple à faire, et pourtant …. Les conditions dimanche étaient idylliques, parfaites pour sortir en mer. Et le gilet, dans ces conditions, reste bien souvent sous une bannette ou dans la penderie d’une des cabines … Cette fois-ci, il s’en sort bien, miraculeusement bien. Mais ça n’est pas toujours le cas.
    Le port du gilet en permanence est un problème connu, et nous « oublions » bien souvent de le mettre, moi le premier. Le gilet reste encore quelque chose de presque « tabou » sur un bateau, on « n’ose » pas le demander. Nous amenons souvent des gens en mer avec nous, et le proposons systématiquement, mais ne le portons que rarement (dans ces conditions en tout cas. La nuit, interdiction d’être dehors, même à 2, sans harnais capelé sur la ligne de vie)…
    Guillaume, il va peut être falloir penser à élargir ton champ d’action : à quand une campagne de sensibilisation sur le port du gilet, en toutes circonstances ?

  5. saint thomas dit :

    Désolé mais j’ai beaucoup de mal à y croire : 15 heures de survie en t-shirt dans une eau à 17 ° , meme pas accroché à qqchose , en nageant tout le temps, c’est à dire en consommant encore plus de calories

    ou ce mec est surhumain ou il ment, je penche plutot pour la 2eme hypothèse

    voir les tables de temps de survie en froide ,

    ça m’étonne que personne n’ai relevé l’étrangeté de ce récit.

    • Boris de Biarritz dit :

      C’est pourtant la base de la survie : tout le monde ne le peut pas… seuls les plus forts survivent. C’est Darwin qui le dit. Sinon on aurait entendu le refrain habituel : « un plaisancier retrouver mort sur une plage par un promeneur… »

      Je vois mal le mec abandonner son voilier (surement cher) en pleine mer pour qu’il atterrisse échoué et cassé quelque part…
      et lui, se rendre à Ondres par je ne sais quel moyen pour creuser un trou et attendre le premier promeneur et les pompiers…
      Y’a plus facile pour faire la Une, non ?

      Tout est dans la tête dans ces cas là, il a très bon moral quand les temps sont durs. Péchu le mec.

  6. Domi dit :

    C’est tout de même étonnant cette histoire, j’ai participé aux recherches pendant plusieurs heures, il y avait trois bateaux et deux hélicos qui quadrillaient la zone, à aucun moment il dit avoir entendu ou vu un bateau ou un hélico ( un Puma SAR ça fait du bruit) Maintenant je lis que sa température était de 37.1° après 14h dans l’eau à 17°???
    Ca doit être un extraterrestre je pense.

  7. Loïc dit :

    Pour faire suite au commentaire de Domi, il serait intéressant d’avoir une approximation de l’endroit de sa chute à l’eau … et retrouver le point de départ de la zone de recherche. J’avais la VHF allumée quand le SNS079 est parti, avec un point « d’atterrissage » faute de zone parfaitement définie … je serai curieux de voir l’écart entre ces 2 zones…

  8. Fanny dit :

    C’est quand même une histoire de dingue! Bravo à cet homme pour son sang froid et ses bons réflexes. Sans une bonne condition physique il n’aurait sûrement pas survécu.
    J’imagine que la prochaine fois, il mettre un gilet de sauvetage et s’attachera.
    Bon rétablissement

  9. maxime dit :

    Eh bien bravo Mr Damitio!
    Hero des Landes!

  10. pierre dit :

    C’est impossible de rester conscient 15 heures dans de l’eau à 16-17 degrés à par pour les manchot du pole sud, il aurait du se renseigner sur la survie en mer avant de sortir des c… pareilles. C’est un bêtisier ce qu’il raconte, creuser un trou en arrivant à ondres aha, il s’est cru dans « Man VS Wild ».

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