L’image de la semaine restera ce déversement d’égouts en plein milieu de matinée, en plein été, en plein sur la plage centrale de Biarritz.

Prise sur le vif par un passant et mise en ligne sur la page Facebook Alerte Biarritz Plages, cette photo a déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux, sur Sud-Ouest et sur France Info qui ont relayé l’information.

Au-delà de la polémique, cette image a jeté une lumière crue sur la gestion habituelle des eaux usées quand le réseau déborde. Cette situation n’est pas spécifique à Biarritz et n’a malheureusement rien d’exceptionnel pour nous, surfeurs, qui la subissons trop souvent quand il pleut en hiver.

Cette fois-ci, la situation s’est produite le mercredi 7 août 2013, en pleine saison touristique, pendant le seul épisode pluvieux de la haute saison. Et encore, il n’avait même pas plu tant que ça !

Au XXIe siècle, cette scène d’un autre temps n’a plus sa place dans une station balnéaire moderne. Les gens sont beaucoup plus concernés par les problématiques environnementales et ne supportent plus l’idée qu’une plage puisse servir de déversoir à des eaux usées.

Il va donc falloir agir pour remédier à cette situation. C’est une question de santé publique. Biarritz doit maintenant joindre la parole aux actes en investissant massivement dans son réseau d’assainissement. Ce travail de fond aura un coût important, mais il assurera un retour sur investissement.

Il ne faudrait pas oublier que sur la Côte Basque, notre or c’est l’Océan. Et qu’il est grand temps d’œuvrer davantage pour sa santé, au lieu de se lancer dans de nouveaux projets d’urbanisation, comme l’inutile projet de parking souterrain de la Côte des Basques qui ne fera qu’imperméabiliser une falaise naturellement gorgée d’eaux.

Les rafistolages ne suffiront pas. Il faut prévoir un programme pluri-annuel d’investissements dans l’amélioration de notre réseau d’assainissement: passage progressif du réseau unitaire encore majoritaire à un réseau séparatif, création de nouveaux bassins de stockage, perfectionnement de la station d’épuration avec les dernières technologies qui permettent de traiter les pollutions bactériologiques et chimiques.

 

Biarritz ne pourra pas œuvrer seule dans cette démarche étant donné que l’assainissement relève de la Communauté d’Agglomération Côte Basque-Adour. Mais Biarritz peut impulser une dynamique écologique par une volonté politique forte.

La Côte Basque se retrouve finalement dans la même situation que d’autres régions de France où l’assainissement a du mal à suivre le rythme soutenu d’urbanisation (cf. situation à La Réunion). On ne peut quasiment plus construire sur Biarritz grâce à la Loi Littoral, mais il faut voir à quelle vitesse on construit dans les villages juste à côté… Ce sont autant de sols que l’on imperméabilise et qui ne pourront plus retenir l’eau apportée par des épisodes pluvieux intensifs de plus en plus fréquents. Il faudrait au contraire reperméabiliser des sols et créer des zones tampons pour contenir et filtrer les eaux.

C’est aujourd’hui que la Côte Basque de demain se prépare, et quand on voit que notre réseau n’a déjà plus la capacité d’absorber les eaux usées de la population – démultipliée pendant la saison touristique – après un épisode de pluie modéré, il y a matière à s’inquiéter pour la suite si on ne redresse pas rapidement la barre.

Pour revenir à la situation qui nous intéresse et en attendant que les travaux nécessaires soient mis en oeuvre, nous pourrions déjà:
prévenir les MNS à l’avance d’un rejet imminent pour qu’ils aient le temps d’évacuer la plage ;
prévenir les usagers au moyen d’une application smartphone avertissant des rejets en temps réel en partenariat avec les compagnies des eaux (comme le Sewage Alert Service que viendra nous présenter Surfers Against Sewage pendant la conférence Mer & Santé).
– prévoir une fermeture de plages de 24 heures incompressibles après un rejet d’eaux usées ;
signaliser le risque avant et après la surveillance des plages ;
– effectuer des analyses plus poussées des eaux de baignade après des rejets d’eaux usées ou de fortes pluies ;
– faire effectuer des contre-analyses complémentaires par un organisme indépendant.

Rejeter des eaux usées sur une plage ne doit plus être considéré comme quelque chose d’anodin. On ne peut se contenter d’analyses standard sur seulement 2 espèces bactériennes pour écarter tout risque et ré-ouvrir la baignade le jour-même après un déversement. Les eaux usées renferment bien d’autres microbes que les E.Coli et des entérocoques; on y trouve aussi des bactéries pathogènes comme le staphylocoque doré ou des virus comme celui de l’hépatite A qui peut survivre des semaines dans le milieu marin.

On sait que la mer a un pouvoir d’auto-épuration, mais on doit redoubler de prudence pendant la phase critique qui suit immédiatement un rejet d’eaux usées.

En améliorant l’assainissement, en communiquant mieux sur les analyses et en mettant en place une veille sanitaire, on doit arriver à retrouver la confiance dans nos eaux de baignade dans lesquelles nous allons avant tout pour rester en bonne santé.

Il nous faut maintenant agir pour ne plus voir ça:

– Signez la pétition: NON aux rejets d’eaux polluées en Mer.

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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15 Commentaires

  1. sebastien dit :

    c’est navrant en 2013 d »en être encore la

  2. HH dit :

    Je ne comprends pas trop n’étant pas du coin, ce largage d’eaux usées vient d’un bassin de rétention non ? Si c’est le cas pourquoi l’eau n’a-t-elle pas été renvoyée vers la station d’épuration une fois le gros de de la pluie passée ?
    Ou alors ce cas de figure se produit à chaque grosse pluie ? (c’est la première fois que j’en entends parler).

    • HUGUES dit :

      Bonjour,
      J’ai tel à la Lyonnaise des eaux. Ils m’ont dit que la pompe qui envoie l’eau à la station d’épuration n’a pas pu se mettre en route car elle se met en route qd le niveau de l’eau descend dans les réservoirs mais une pluie fine à continué entre les 2 grosses pluies, d’où l’ouverture automatique de la trappe au risque d’inonder les logement…

      • houx dit :

        d’ après ce que jai capter, cette eau vient de la milady un bassin de rétention d’eau mais a cause des fortes pluie ils ont ete obliger de relâcher l’eau, cependant il y a normalement des pipes qui doivent faire ce travail d’evacuation d’eau au large.Mais les pipês sont bloqués par le sable faute d’entretien.

  3. Adrien dit :

    C’est navrant, en 2013, de ne vivre et de ne s’informer qu’au travers des réseaux sociaux…

    Comme cela a été dit et répété, ces phénomènes ont toujours existé, et pourtant, ils se produisent de moins en moins souvent.

    Là, c’est certain, c’est pas de chance que cela se soit produit en plein été !
    Mais la « chance », ce n’est qu’une probabilité statistique… Ca arrive forcément…

    • Qu’appelles-tu de moins en moins souvent ? Rien qu’en mai 2013, il y a eu 180 déversements sur Biarritz (http://www.surfingbiarritz.fr/2013/06/24/un-deversement-toutes-les-4-heures-en-moyenne-en-mai-a-biarritz/) !

      Si ce phénomène a « toujours » existé, cela ne signifie pas qu’il faut que cela continue. Nous sommes en 2013 et de nombreuses technologies existent pour améliorer le dispositif actuel.

      Biarritz vient d’inscrire un agenda 21 en symbiose avec l’océan. Il va falloir que les actes, et les investissements suivent !

      • Adrien dit :

        En mai et juin 2013, il a plu 550mm, alors que les statistiques sur les 40 dernières années tournent autour de 210mm pour ces 2 mois.

        Ce qui s’est passé, cette année, est exceptionnel, à tout point de vue, et ça n’en fait pas une généralité.

        Les réseaux d’assainissement de la Côte Basque sont dimensionnés pour pouvoir stocker ce qui est appelé « la pluie mensuelle », c’est à dire une pluie ayant une fréquence de retour d’une fois/mois (12 ou 15mm en 2h).

        Ils sont capables d’absorber cet abat d’eau, sans débordement. Au delà, le système entre en pression et pour éviter que tout casse, la soupape de sécurité (comme sur une cocotte minute), c’est le déversement direct du trop plein.

        Statistiquement, on a donc 12 « jours » de déversements directs par an, à cause de la pluie.
        On pourrait passer à 1/an, ou 1 tous les 5 ans, etc, mais il y en aura toujours… Et l’évolution du coût de ces travaux est exponentielle !
        Alors, où met on le curseur ? A combien de déversements par an ou par décennie allez vous considérer que le Maire de Biarritz fait à peu près correctement son job ?

        Enfin, j’aimerais bien avoir des infos sur les nombreuses solutions technologiques que vous évoquez.

  4. Mathieu dit :

    Malheureusement rien ne bouge à Biarritz… Filmé par mes soins en 2009 : http://youtu.be/WarEVy1QnHo

    « Vendredi 18 septembre 2009 sur la Grande Plage à Biarritz : il pleut des trombes d’eau depuis des heures. L’eau de pluie sature les évacuations de la ville et s’évacue en traversant la plage, vers l’océan.(filmé avec un Iphone 3GS) »

  5. Am'S dit :

    Pourquoi ne serait-ce pas la même chose partout en Aquitaine si ce n’est que les évacuations se font à l’abri des regards ou dans des zones non urbanisées ?
    Qu’en est-il de Lacanau? Arcachon? Cap Ferret? Cap breton? Hossegor etc etc…

    • Alphadelta64 dit :

      Parce que Biarritz est une ville haute et qu’n cas de forte pluie, la pression atteint de tel niveau que j’ai vue des plaques d’égout en fonte voler à 2 m poussées par la pression, donc pour éviter des inondation en ville dans les logements on ouvre certaines valves, il y en a plusieurs le long de la plage, et ce depuis toujours, en tout cas je les ai toujours connue, elles se sont modernisées mais elles sont toujours là, elle fonctionnent à chaque très grosses pluies, dès que le réseau est saturé et que la pression monte dans les tuyaux. De plus ce ne sont pas les égouts mais les eaux pluviales (en tout cas je le crois)

      • S’agissant d’un réseau majoritairement unitaire, les eaux pluviales se mêlent aux eaux usées.
        On a malheureusement vu les égouts déborder pour des pluies qui n’avaient rien d’exceptionnel et que le réseau aurait dû être capable de contenir.

  6. Colonel Bigorno dit :

    Bonjour,
    les remarques d’Adrien me paraissent assez exactes. Ceci dit je suis également d’accord: ces relargages de trop-plein devraient être accompagnés d’un peu plus de mesures destinées à alerter le plagiste et à le cantonner ailleurs le temps qu’une dilution acceptable sanitairement soit constatée.
    Pour ce qui est du réseau de Biarritz, faut pas en attendre des miracles. Même en le passant en séparatif. Et il y aura toujours des trop-pleins à évacuer. On peut encore et toujours surdimensionner les ouvrages mais il y a des limites à la fois techniques et financières. Et pour ce qui concerne les bassins de rétention, c’est pareil, lors d’événements pluvieux exceptionnels du goût de celui qu’on a connu récemment, eux-mêmes finissent par ne plus faire tampon. On ne peut évidemment pas en disséminer à l’envie et de la dimension qu’on veut. La Communauté d’agglo a répondu assez récemment en systématisant la construction de bassins pour chaque permis de construire déposé lorsque c’est possible techniquement. Autrefois c’était à l’appréciation des mairies et il y avait une belle formule tenant compte des surfaces perméables ou pas des parcelles avec de beaux coefficients, désormais vous multipliez votre surface imperméabilisée par votre projet par le coef 0.88 pour obtenir après report sur un abaque le volume que doit faire votre bassin pour faire face à la pluie trentennale. Croyez-moi, ce n’est pas rare de devoir réaliser des ouvrages de 20m3 et plus, ce qui a souvent le don d’agacer les propriétaires, même ceux qui militent contre les relargages de trop-pleins d’eaux pluviales.
    Alors oui ne nous privons pas d’améliorations du réseau, et d’informations relatives à toutes les pratiques de déversement en milieu naturel, mais on n’est pas dans une fable environnementale non plus. Alors les « en 2013 blah blah blah rendez-vous compte ma bonne dame filmé en 3D par un iphone », c’est bon on va relativiser un peu.

  7. Rodolphe dit :

    Il me semble que Biarritz utilise beaucoup « l’image océan  » comme vecteur de communication pour sa propre publicité afin d’attirer tous les ans de plus en plus de touristes , donc il me semble logique qu’elle se préoccupe aussi de la qualité de l’eau et des nuisances éventuelles de ses rejets sur l’environnement .
    Ne serait il pas intéressant de mettre en balance le coût de la fameuse cité de l’océan avec les besoins d’assainissement dont la côté basque a besoin ? !!!!!

    • Colonel Bigorno dit :

      Ah ça je ne te le fais pas dire. Même en comparant le coût du mètre linéaire du traditionnel émissaire en mer qui n’est pas ce qu’on appelle « donné », on est vraiment loin du coût de « la verrue » d’Ilbarritz. Moi perso, politique et environnement, ça me paraît complètement antinomique. Les types font des choix plus que discutables pour rester poli. Et comme l’assainissement sur la côte est compliqué à gérer…

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