La noyade de Maya Gabeira réanimée sur la plage à Nazaré a entraîné des questionnements sur la sécurité dans le très gros surf. Quand on voit les images terribles de Maya ressortie de l’eau inerte comme une poupée de chiffon, on se demande comment elle a bien pu être ressuscitée. Voici des éléments pour mieux comprendre les premiers gestes qui ont sauvé Maya Gabeira, et qu’il est utile de connaître pour savoir réagir face à tout noyé.

Un internaute déclarait pour plaisanter que le sauveteur avait certainement eu « la chance » de faire le bouche-à-bouche à Maya. Dans son interview, Carlos Burle déclarait pourtant qu’il avait appris dans une formation aux premiers secours que le bouche-à-bouche n’était plus indispensable. Qui dit vrai ? Bouche-à-bouche ou pas bouche-à-bouche sur une noyade ?

Andrew Smith, médecin urgentiste, directeur des Sauveteurs sans Frontières (Lifeguards without borders) et membre de l’European Association of Surfing Doctors, nous donne ici les bases de la réanimation cardio-pulmonaire en cas de noyade:

Différentes sociétés savantes (American Heart Association, European Resuscitation Council) ne recommandent plus le bouche-à-bouche systématique en cas d’arrêt cardiaque. Dans les formations aux premiers secours, on apprend aux élèves à effectuer les compressions thoraciques en priorité. Devant une mort subite sur un arrêt cardiaque, le sang est encore suffisamment oxygéné pour que le sauveteur se contente du massage cardiaque. MAIS ATTENTION: la noyade est un cas particulier qui requiert le bouche-à-bouche quand la victime est inconsciente et qu’elle ne respire plus. Pourquoi ?

Les complications de la noyade sont liées à un manque d’oxygène (hypoxie voire anoxie). Il faut donc apporter avant tout de l’oxygène, et le moyen le plus simple à notre disposition reste le bouche-à-bouche. Si on se contente d’un massage cardiaque, on remet en circulation du sang mal oxygéné, ce qui s’avère contre-productif.

La réanimation cardio-pulmonaire consécutive à une noyade doit donc inclure une ventilation par insufflations (en l’absence de masque + ballon type BAVU à disposition). Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, Maya Gabeira a bien bénéficié d’un bouche-à-bouche, et c’est certainement grâce à cela qu’elle est encore parmi nous.

En ce qui concerne la mousse abondante recrachée par Maya d’après le témoignage de Carlos Burle, il s’agit d’eau et d’air expulsés des voies respiratoires et digestives. Cela n’a rien de ragoûtant de faire un bouche-à-bouche à quelqu’un qui se bave dessus, mais cela ne doit pas retarder la mise en route de la ventilation.

Les poumons d’un noyé renferment généralement assez peu d’eau: ce n’est donc pas une priorité d’évacuer cette eau, et la manœuvre de Heimlich n’est pas indiquée dans cette situation.

On ne le répètera jamais assez sur Surf Prevention: TOUT SURFEUR DEVRAIT ETRE FORMÉ AUX GESTES DE PREMIERS SECOURS. Et les réviser périodiquement, car on oublie vite faute d’entraînement. Tout surfeur peut se retrouver confronté à ce type de situation, et pas forcément quand il y a 20 mètres à Nazaré ! La seule fois que j’ai eu à mettre en pratique les gestes de premiers secours fut pendant une petite session d’été à la Grande Plage de Biarritz. Il y a beaucoup plus de surfeurs victimes de noyades dans les petites vagues que dans les grosses. Tout surfeur peut donc se retrouver en situation de devoir porter secours à un noyé.

Retrouvez les conseils pour les premiers secours dans la 3ème édition du Surfers Survival Guide.

Source: http://www.surfingdoctorseurope.com/2013/10/31/drowning-resuscitation/

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

Tags: , , , , , , , , ,

 

14 Commentaires

  1. Maryse dit :

    Je réagis à cet article et suis d’accord sur le fait que les gestes de premiers secours devraient être appris et vus par tous, formation en milieu scolaire ou professionnel serait l’idéal. On m’a appris pendant ma formation sauveteur secourisme du travail, que le bouche à bouche se fait si l’on ne perçoit pas le poul. Ce n’est pas toujours évident si poul faible, mais dans le doute, cela ne tue pas les gens de faire le bouche à bouche. Par contre, il ne faut pas croire que le bouche à bouche est un baiser de cinéma et n’a rien de sexy, car il faut savoir le faire. Avis aux amateurs pour apprendre les gestes de premier secours (dixit la pub d’Adriana Karembeu pour le secours populaire !!). Tout le monde devrait être formé et sensibilisé aux gestes qui sauvent, et la bobologie de tous les jours, c’est indispensable. De plus lorsque l’on pratique certains sports, isolés en extérieur. Je crois que dans les écoles de surf se pratiquent des cours de sauvetage, du moins dans les Landes je crois que c’est proposé aux élèves. A développer c’est sur partout.

  2. Am'S dit :

    TOUT SURFEUR DEVRAIT ETRE FORMÉ AUX GESTES DE PREMIERS SECOURS … Et tout professeur, enseignant, maitre d’école, entraineur, surveillant, gardien, réceptionniste, serveur… A Certification obligatoire à intégrer à tous les diplômes du brevet au doctorat!

    • LANDSHARK dit :

      Tout citoyen devrais être formé au geste de base du secourisme depuis l’école primaire .

  3. Christophe dit :

    PROBLEME: SUR LE BOUCHE A BOUCHE.
    Si on suit votre raisonnement le bouche à bouche permettrait une « réoxygénation » sanguine. Lorsqu’on insuffle à la bouche(sans BAVU et bouteille), on n’envoie pas dans les voies aériennes de la victime de l’O2, mais bien du CO2. Le bouche à bouche permet, il me semble, simplement une réactivation mécanique de l’ampliation thoracique et non un apport d’oxygène.

    • L’air que nous inspirons contient 21% d’oxygène et l’air que nous expirons en contient tout de même 13 à 16%, ce qui ne fait pas une différence énorme. L’air expiré peut donc participer à la « réoxygénation » via un bouche-à-bouche correctement effectué.

  4. Il s’agirait de Nuno Oliveira, un surfeur et sauveteur local de Nazaré, qui aurait effectué la réanimation cardio-pulmonaire. Carlos Burle aurait déclaré qu’il ne sait pas s’il serait parvenu à sauver Maya Gabeira sans l’aide de ce lifeguard.

  5. Patacq dit :

    Travaillant l’ete comme MNS sur les plages avec des pompier, je pense en effet que la priorité est à la ventilation et ensuite au massage cardiaque, cependant plus on avance en age plus le coeur est difficile à relancer, évidement etre 2 est un plus, 1 pour le massage cardiaque, 1 pour la ventilation, et on tourne, une bouteille et un bavu egalement… la plage etant en pente j’aurais placée la tete de la noyée vers la mer…

  6. david.D dit :

    Moi sauveteur, j’aurais déjà commencé par faire un excellent sauvetage en jet. maya me voyant arriver, me reconnaissant surtout, aurait de ce seul fait repris gout à la vie , l’oxygène aurait affluer dans ses poumons, dans ses veines… mais bon admettons que je la loupe au premier passage car une inconsistante vague de 30 pied menace de faire vaciller ma monture de 130 chevaux…
    Hé bien j’insiste forcement car je ne connais pas l’échec et j’ai fait bien pire que de secourir cette… dans des vague de gonzesses… Bon soyons franc.. entre vous et MOI , pardon entre MOI et vous… ils appellent ça des vagues ces branl..? MOI la dedans j’amène les jeunes de 8ans en formation.
    Moi sauveteur , j’ai été obligé de me mettre à l’eau.. Bon admettons.. je la sort en deux deux MOI.
    Moi je la met sur l’épaule est hop!!! sa va .. elle pèse 60kg tout mouillé. Et surtout je suis entrainé , MOI. Même 180 de pulsation cardiaque je t’enquille la dune avec tout le pack du BO ( comprenez Biarritz Olympiques) sur le dos..
    Moi sauveteur , mais aussi moniteur de secourisme , instructeur. instructeur d’instructeur, j’attaque direct le RCP ( comprenez Réanimation cardio pulmonaire) avec un DSA que j’ai moi meme fabriqué ( batterie du quad et deux pacth médicamenteux!). Et la j’envoi grave.
    Maya elle a beau dégueuler tout le saucisse lentille du midi et avoir un petit teint blanchatre.. j’en ai vue d’autre. D’ailleurs quand j’ai fini de vider sa bouche de tout cet encombrement alimentaire, je t’envois direct les 20 litres ( contenance approximative de mes poumons)….

    Bref avec moi ça aurait été autre chose l’histoire.. du vrai travail. dommage j’y étais pas…

    Ensuite comme je surfe aussi de temps a autre en amateur, je me disais que c’étais vraiment une saucisse pour le coup (pour rebondir sur le post précèdent.)
    La nana surf 30 pied.. bon déja on va pas en faire une histoire c’est pas non plus énorme 30 pied.

    Ensuite c’est une nana quoi…. non mais allo quoi… une nana qui veut surfer du gros…

    Comme dit Laird (mon idole) vaut mieux qu’elle ailles faire la vaisselle à l’arrière..
    Laird il a carrément raison! puis parole de Laird! ce dieux vivant…
    Non mais en plus d’être un surfeur de très grosse vague référence dans le domaine on voit clairement que le gars est cultivé , pas imbus de ça personne et pas jaloux.

    bref , Moi si j’avais été la, je lui aurait taxer sa vague a maya, et d’ailleurs au lieux d’aller tout droit comme elle , j’aurais collé un gros flotteur de malade pour passer la misérable section.

    Bref vous l’aurez compris , oui je fais mieux que tout le monde , surtout quand j’y suis pas.

  7. Fred dit :

    Bonjour, il est vrai que l’AHA ne recommande plus le BàB, mais ce n’est pas vrai de l’ERC qui a tranché en faveur de cette pratique dans ses recommandations 2010 (cf. http://www.secourisme.net/spip.php?breve209).

  8. max dit :

    Question sans doute un peu idiote mais que je me pose toujours…

    En cas de probleme en surf (témoin d’une noyade, de quelqu’un qui dérive au large qui ne peut revenir donc hélico ou jet) enfin en cas de N’IMPORTE QUEL PROBLEME dans l’eau… QUI faut-il appeler ?
    Pompier, Samu, 112, 1616 (j’ai ce numéro dans mon tel mais je ne sais pas à quoi il sert …) ?

    Certain panneau notemment à la grande plage indique le 112…

    Enfin merci pour vos réponses 🙂

    • En cas de noyade, faire le 15 (en France) ou le 112 (numéro valable pour l’Union Européenne) pour avoir le SAMU.

      Les services d’urgences sont interconnectés et pourront vous orienter et coordonner les secours.

      Où que vous partiez en voyage dans le monde, la première chose à connaître est le numéro d’urgences.

Laisser un commentaire