Avant tout surf trip en zone tropicale, il faudrait consulter son médecin pour évoquer avec lui les différents risques liés au voyage, et les moyens de les prévenir. Cédric Guéguen, surfeur breton de 28 ans, interne en médecine générale à Rennes, a effectué un travail très intéressant dans le cadre de son mémoire de Diplôme Universitaire de Médecine Tropicale et Humanitaire intitulé Risques et préventions liés à la pratique du surf en zone tropicale. Les risques y sont passés en revue: paludisme, dengue, chikungunya, risques liés à la faune aquatique (attaques de requin, méduses, oursins…), à l’alimentation, risques naturels, etc. En voici un extrait sur la consultation médicale avant un départ en surf trip avec une check-list des vaccinations, des risques et de la pharmacie auxquels il faut penser:

Comme pour tout voyage en zone tropicale, un départ en surf trip doit être préparé sur le plan médical. Son déroulement est le même que pour une consultation voyageur, basé sur les recommandations sanitaires pour les voyageurs du Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 4 juin 2013. Cependant, il est possible d’y inclure quelques spécificités que nous allons décrire ci-dessous après prise en compte des recherches effectuées dans ce mémoire.

Il est bien sûr nécessaire de commencer par reprendre les antécédents médicochirurgicaux, ainsi que les traitements au long cours éventuels. Ensuite, vient la description du voyage prévu, des conditions de logements, de restauration, des éventuels voyages antérieurs, et du niveau de surf.

Ce paragraphe se veut plutôt comme une trame de consultation à suivre avant un voyage lié au surf.

1.Vaccination
Il est nécessaire comme pour tout voyage de mettre à jour les vaccinations obligatoires diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) selon les nouvelles recommandations du BEH du 19 avril 2013. L’amplitude entre les rappels est passée de 10 ans à 20 ans, en vaccinant à des âges fixes pour faciliter l’observance (25 ans, 45 ans et 65 ans, puis tous les 10 ans après 65 ans). La coqueluche est faite en association au DTP à l’âge de 25 ans.

Puis, viennent les vaccinations habituelles en cas de voyage, dont les indications sont parfaitement décrites dans les recommandations sanitaires aux voyageurs.
Choléra ( uniquement chez les personnes intervenant en situation d’épidémie)
Encéphalite japonaise (pour les surf trip de plus de 30 jours en Asie)
Encéphalite à tique (non recommandé en zone tropicale)
Fièvre Jaune dont la réalisation sera nécessaire (voire obligatoire), par exemple en cas de séjour au Sénégal sur les spots de la pointe de Dakar ou en Amérique Latine. Il se fera obligatoirement dans un centre de vaccination internationale.
Typhoïde (recommandé dans quasiment l’ensemble de spots tropicaux du monde sauf en Australie et Nouvelle Zélande)
Hépatite A (très recommandé notamment chez les surfeurs)
Hépatite B (du fait du risque traumatique grave lié au sport)
Infection invasive à méningoccoques A,C,Y,W135 (la vaccination conjuguée contre les sérotypes A et C est utile en cas de voyage sur les spots du Sénégal à la saison sèche de novembre à mai)
Rage (il peut se discuter en cas de séjour prolongé ou aventureux et surtout loin de toute structure de soin en zone à haut risque, c’est à dire Asie, Afrique, Amérique du Sud)
Rougeole (généralement fait dans le schéma français)
Tuberculose ( en cas de séjour de plus d’1 mois en zone à forte endémie)

2. Paludisme
Comme décrit dans le chapitre précédent, la prévention majeure repose sur la protection anti-vectorielle. La chimioprophylaxie, en deuxième ligne préventive, doit également être
abordée au cours de la consultation. La particularité de ce domaine réside dans le caractère souvent jeune de la population partant en surf trip. Le budget peut parfois constituer un caractère limitant concernant la prise de la prophylaxie. La doxycycline constitue alors un choix adapté en cas de voyage en zone 3. La prise le soir est recommandée ainsi qu’une bonne protection solaire du fait du risque de photosensibilisation.

3. Risques liés aux arthropodes
Comme décrit dans le paragraphe V, il est nécessaire d’aborder les mesures de protections contre l’ensemble des arthropodes avec en premier lieu, les moustiques mais également les autres vecteurs.

4. Diarrhée du voyageur et autres risques liés à l’alimentation
Comme pour tout voyage en zone tropicale, il est recommandé de boire de l’eau encapsulée ou traitée par des caspules de type Micropur® afin de prévenir les pathologies liées au péril fécal.

5. Transports
Pas de particularité spécifique liés au surf trip, en dehors de l’encombrement lié en transport des planches.

6. Environnement
Les risques environnementaux sont multiples. En premier lieu, bien sûr, la dangerosité du spot qui conditionne la prise de risque par le surfeur. Il est nécessaire de se renseigner par l’intermédiaire des nombreux sites disponibles, par exemple, surf-prevention.com ou wannasurf.com qui décrivent en détails les vagues, et le niveau requis pour les surfer.
L’important est de ne pas surestimer son niveau de surf pour ne pas se retrouver en difficulté dans des vagues de grande taille ou de forte puissance.

Le «localisme» peut venir polluer le bon esprit qui habite en général le surf. Lors d’un surf trip, il convient de bien se renseigner sur les risques d’agressions par des surfeurs locaux belliqueux. Une inscription «locals only» inscrite à l’entrée d’un spot doit faire craindre des risques de réactions virulentes à l’égard des touristes surfeurs.

L’importance du port de chausson et l’utilisation de serviette de plage doit être rappelé pour éviter les pathologies de type larva migrans (ankylostomienne et autres)

7. Risques liés aux comportements sexuels
Dans l’univers du «Sea, Sex and Sun» et de la «surf attitude», il convient de rappeler aux jeunes surfeurs souhaitant voyager, l’importance des mesures de protections contre les IST dont le VIH. La circulation du virus dans certaines des zones visitées, par exemple le Sénégal où la prévalence peut atteindre les 0,5%, est active, et l’usage du préservatifs reste plus qu’indispensable.

8. Risques liés aux soins
Notamment au vu du risque traumatique de la pratique du surf, il convient de mettre en avant la possibilité de traumatismes graves avec les soins en découlant, sutures, chirurgie, voire transfusion sanguine, autant de facteurs incitant à promouvoir les vaccinations notamment contre l’hépatite B.

9. Risques liés aux pratiques de tatouages et de piercings
La réalisation d’un surf trip donne parfois envie d’immortaliser des moments vécus dans la chair. Cependant ceci doit être évité ou fait avec la plus grande prudence du fait des normes d’hygiène différentes et parfois douteuses des pays visités.

10. Précautions en fonctions des personnes
Envisagez selon chaque pathologie, des préventions adaptées pour un surf trip.

11. Trousse à pharmacie
Il n’existe pas de trousse à pharmacie idéale mais celle-ci doit être adaptée au type de voyage et au pays visités. Selon les recommandations du BEH 2013 sur les conseils aux voyageurs, elle peut comporter.

• Des médicaments systémiques :
– antalgique et antipyrétique (le paracétamol est préférable)
– antibiotique (éventuellement un traitement monodose pour les surfeuses car la cystite est fréquente lors de la pratique du surf, pour les autres pathologies mieux vaut contacter un médecin sur place pour adapter l’antibiothérapie à la pathologie)
– antidiarrhéique antisécrétoire
– antiémétique si nécessaire (pour le mal des transports)
– antihistaminiques dernière génération (antiH1)

• Une protection contre le paludisme :
– répulsif contre les moustiques
– antipaludique à usage préventif
– antipaludique à usage présomptif (si nécessaire)

• D’autres produits :
– collyre antiseptique (conditionnement monodose)
– thermomètre incassable
– épingles de sûreté
– pince à épiler
– crème écran solaire (index de protection maximal)
– crème pour les brûlures
– pansements stériles et sutures adhésives
– antiseptique cutané
– gel ou solution hydro-alcoolique pour l’hygiène des mains
– produit pour désinfection de l’eau de boisson
– dosettes de sérum physiologique (unidose)
– gouttes auriculaires antibiotiques (si risque d’otite externe)
– bande de contention pour strapping
– set de matériel à usage unique (aiguilles, seringues, matériel à suture, etc.) (avec un certificat bilingue français/anglais à l’intention des contrôles douaniers)
– préservatifs (norme NF) ;
– produit pour imprégner les moustiquaires

12. Aspects administratifs
Encore plus que pour n’importe quel voyage, comme décrit dans le chapitre traumatologie, le surf trip nécessite la souscription à une bonne assurance rapatriement en cas d’accident.

Lire la version complète du mémoire: http://www.calameo.com/books/00050487726216c702a4a 

A propos de l’auteur: « J’ai 28 ans, je viens tout juste de terminer mon internat de médecine générale à Rennes (reste encore ma thèse quand même…) avec la validation de mon DU de médecine tropicale et humanitaire. J’ai pour projet de partir d’ici ub an travailler à Tahiti pendant environ 10 mois afin de profiter de mon sport préféré, le surf, en pratiquant la médecine générale et un peu de médecine tropicale. J’ai découvert le surf il y a de ça 6 ans grâce à un ami et depuis j’essaye de surfer régulièrement sur la côte nord et la côte sud Bretagne. Habitant à Rennes, pas toujours facile de se libérer pour profiter des sessions !! Cet été, je suis parti en surf trip au Portugal avec ma copine (Nazaré et Péniche avec une escale à l’aller à Capbreton). Dans mes passions, il y a également la photographie et notamment la photographie de surf.« 

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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1 commentaire

  1. Yann dit :

    Je suis infirmier et j’ai l’habitude de travailler en milieu isole ainsi que de partir en surf trip au milieu de nul part.

    Je rajouterais dans la trousse un malaria kit pour s’autotester en cas de fievre(contenant un ou plusieurs test, le serum pour le test, des lancettes pour prendre la goutte de sang,du coartem et du paracetamol) , pour les moustique j’utilise bracelet repuslsif et spray/roller et evite de porter des couleur sombre. j’ai rarement a me plaindre de piqure.
    L’aspivenin, la couverture de survie, le masque pour le bouche a bouche et l’elastoplaste peuvent aussi s’averer utiles.

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