Tous les ans, c’est la même chose: des « injury wild card » (requalification automatique pour cause de blessure) sont décernées aux surfeurs du circuit qui n’ont pas réussi à se requalifier pour le World Tour suite à un traumatisme. Malheureusement, il n’y a que 2 places, et il y a souvent plus de 2 surfeurs blessés. Cela prête parfois à polémique sur le choix des surfeurs bénéficiant des wild cards. Pour l’année prochaine, c’est l’Australien Owen Wright et le Portugais Tiago Pires qui bénéficieront des 2 places qualificatives. Mais le surfeur irlandais Glenn Hall victime d’un grave « accident de travail » pendant le Volcom Fiji Pro a beaucoup « de mal à avaler » cette décision qui le met sur la touche et remet en cause sa carrière de surfeur professionnel et tous les sacrifices consentis pour parvenir dans l’élite. Voyons comment les 3 surfeurs se sont blessés pour essayer de savoir si l’ASP a fait les bons choix.

Glenn Hall, 31 ans, disputait le 6 juin 2013 la série n° 6 du Round 2 éliminatoire du Volcom Fiji Pro face à Jordy Smith. Le duel avait lieu sur le spot de Restaurants sur des vagues un peu ventées d’1m50. La fin de la série approchait et Glenn Hall avait besoin d’un bon score à 8.8/10 pour se qualifier. Il se dit alors qu’il devait faire un long tube pour tenter de scorer un 10. La vague idéale arrive mais il négocie mal son take-off, et le tube part sans lui… Il tombe alors en arrière sur le reef à fleur d’eau, et son dos se heurte à une patate de corail pendant que la vague le balaye sous l’eau. Son leash se coince dans le récif mais par chance la force de la vague fait casser le cordon et lui permet de remonter à la surface. S’il a évité la noyade, il se retrouve dans l’impossibilité de faire un mouvement avec son dos bloqué. Il réussit néanmoins à récupérer sa planche et à se sortir de la zone d’impact d’où le jet-ski le prendra en charge (photo). Il sera ensuite transporté en hélicoptère jusqu’à l’île de Namotu avant d’être rapatrié en avion sanitaire en Australie. Les radios révèleront des fractures de 3 vertèbres lombaires L2, L3 et L4 qui nécessiteront de longs mois de repos puis de la rééducation. En savoir plus sur cet accident.

Owen Wright, 23 ans, s’est également blessé en compétition. C’était fin mars 2013 pendant le Rip Curl Bells Beach Pro. Sur la première vague de sa série du round 2 face à Dusty Payne, il a surfé jusqu’à l’inside où il a tenté un floater mais il est mal retombé en layback. Une douleur intense irradiant dans la jambe a été immédiate. Il a quand même essayé de retourner prendre des vagues mais il n’arrivait plus à surfer correctement. Il avait tellement mal en sortant de l’eau qu’il n’arrivait même pas à enlever sa combinaison et que son amie a dû l’aider à s’habiller. Diagnostic: hernie discale lombaire. Après 3 mois sans amélioration et de douleurs permanentes, une IRM a montré que les choses étaient plus sérieuses que les médecins le pensaient initialement. Owen a alors décidé de mettre toutes les chances de guérison de son côté en travaillant avec le Dr Jeremy Sheppard au High Performance Centre pendant sa rééducation.

Tiago Pires, 33 ans, s’est blessé en free surf chez lui sur le spot de Santa Cruz au Portugal fin avril 2013. Il surfait de très belles droites tubulaires d’1m50 sur un beach break avec seulement deux potes quand il s’est fait mal au bout de 2 heures de session. Alors qu’il était en pleine confiance, il a tenté un late take-off direct dans le barrel, mais arrivé en bas de vague, son rail intérieur n’a pas accroché et il s’est pris la lèvre sur son genou avant. La douleur fut immédiate et il a vite compris que c’était sérieux en ressortant de l’eau en boitant bas. Il a glacé son genou pendant 48 h mais l’IRM a révélé une rupture du ligament latéral interne du genou, le ligament le plus souvent atteint en surf. Pour lui aussi, la récupération a été plus longue que prévue, et fin juillet une IRM de contrôle montrait un épanchement. Il a donc poursuivi la kinésithérapie avant de pouvoir resurfer avec une attelle de genou. Quand il a repris le surf, il se sentait gêné pour faire des manœuvres dans les petites vagues et il a préféré reporter son retour à la compétition pour revenir à 100%.

Tous 3 ont appris la nouvelle au même moment. Glenn Hall était désolé après cette annonce: « 6 mois après la date de mon accident, je suis assis là à consoler ma femme désemparée. Nous avons passé 6 mois à attendre impatiemment pour apprendre finalement que mon rêve d’être un surfeur du World Tour est terminé. La décision de me donner ou non une injury wild card était entre les mains de l’ASP. Les dés sont jetés. Ma femme pleure, je ne l’ai pas eue. »

Tout n’est néanmoins pas perdu pour Glenn qui peut toujours espérer qu’un surfeur qualifié…se blesse à son tour pour prendre sa place, comme il sera le premier remplaçant. Et vu l’augmentation des blessures chez les surfeurs pro, il y a toutes les chances pour qu’il participe au moins à quelques épreuves !

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2 Commentaires

  1. Tim dit :

    Les surfers blessés en compet’ devraient être prioritaire ! En plus, il apparait que Glenn est le seul à ne pas avoir eu de complications. Qu’elle est l’avis d’un medecin ? Quelle blessure serait la moins compromettante pour continuer une carrière de pro surfer ?

  2. LordMacGodish dit :

    C’est parce que Glenn ne fait pas beaucoup vendre…
    Alors que Wright en Australie et Tiago au Portugal oui

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