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Algues Sargasses en Martinique : un surfeur témoigne

algues sargasses - capture d'écran Mad In Drone

Dans le même genre que les marées d’algues vertes en Bretagne, mais en encore plus envahissant, la Martinique est touchée ces dernières semaines par une invasion impressionnante d’algues brunes dites « algues sargasses ». Un surfeur sur place a voulu sensibiliser Surf Prevention à ce problème. Voici son témoignage ci-dessous.

Pour bien se rendre compte du phénomène, voir cette vue aérienne à 360° par Mad’In Drone.

« Je suis surfer et fais du stand-up paddle quotidiennement depuis 5 ans essentiellement en vague à Tartane. Je rame également lorsque les vagues sont absentes, sur le plat dans les îlets du François.

Les désagréments engendrés par cette invasion d’algues sargasses sont en premier lieu olfactif. Les algues échouées s’accumulent sur les fronts de mer et se décomposent. L’odeur de souffre et d’oeuf pourri est essentiellement perceptible à ce moment. Cette odeur vraiment insupportable ne se ressent pas en mer mais uniquement sur le littoral. L’exemple le plus marquant est le front de mer de la ville du Robert où l’on ne peut pratiquement pas respirer normalement.

Viennent ensuite les désagréments physiques perceptibles : A terre, la plupart des riverains ont des maux de tête, des irritations oculaires et de la toux, certains font des crise d’asthme. J’ai lu et entendu ce type de plaintes mais les ai également directement observées sur moi-même et dans mon entourage personnel comme professionnel. Dans l’eau, mes amis surfeurs et moi-même sommes d’accord sur le côté urticant des algues. (Je passerai sur le problème physique des algues lors de l’attente au line-up et lors du take-off …) L’odeur en mer n’est toutefois pas perceptible.

Il existe également des désagréments matériels : les télés, appareils électroménagers et électroniques tombent en panne. Les lambris en PVC des plafonds se tâchent de marques brunes.

En conclusion : l’environnement, les biens et les gens sont touchés… La question qui se pose est celle de la toxicité du sulfure d’hydrogène dégagé à forte dose sur les organismes à moyen et long terme au regard des dégâts sur les biens matériels. En effet, lorsque je vois les tâches sur le PVC, je n’ose imaginer l’impact sur mes poumons…

Selon l’ARS :  « Il résulte de ces premières investigations que certains dépôts d’algues en décomposition sont susceptibles de générer des concentrations de sulfure d’hydrogène suffisantes pour occasionner des risques pour la santé. »

Concernant l’explication de la présence des algues : les nappes d’algues viennent de l’est et touchent essentiellement la côte atlantique de l’Île de la Martinique. D’autres îles voisines sont touchées : au sud, Sainte Lucie et au Nord, la Guadeloupe, Saint Barth. L’origine serait une perturbation de courant marin.

Les spots de surf touchés : des nappes d’algues passent à proximité du spot principal de la petite plage (Anse Bonneville) mais ne s’y amoncellent pas, sans doute à cause de la configuration de la côte à cet endroit et des passages de courant et de vent. Les spots plus ouverts comme Anse l’étang, VVF, Cocoa et Luciole sont plus touchés. Pour le kitesurf et le windsurf, la pointe Faula est littéralement envahie. Les criques (les anses) du François, plus fermées, sont également envahies. Pour exemple, hier soir, je n’ai pas pu me mettre à l’eau en paddle pour aller ramer sur le plat ; la largeur et l’épaisseur d’algues accumulées empêchant toute mise à l’eau. En bas de chez moi : bande de 5 à 6 mètres de large et de plus d’un mètre d’épaisseur.

Selon l’ARS : « Il est ainsi déconseillé de fréquenter les plages sur lesquelles persistent des tas d’algues en décomposition et à fortiori de rester à proximité de ces algues, de manipuler sans précautions les algues en cours de putréfaction, ou même de les piétiner car cela serait susceptible de libérer des bouffées de sulfure d’hydrogène particulièrement nocives. Lorsque les opérations de ramassage seront en cours, pour des raisons de sécurité, des zones interdites au public seront balisées et devront impérativement être respectées. »

J’ai un doute quant à la notion de proximité, eu égard à la taille modeste de l’île et au volume d’algues échoués… En effet, tous les habitants « sentent » les algues.

Concernant le traitement, il semble titanesque à mettre en oeuvre au regard des moyens locaux. Et encore, je parle uniquement de logistique et non de politique…Il faut des moyens humains et techniques pour le ramassage qui semble être, en amont, l’essentiel du problème. En aval, en effet, le centre de traitement des déchets de la ville du ROBERT accueille les algues à traiter. Le débouché semble être l’engrais que l’on pourrait en tirer par transformation. Une subvention globale a été débloquée. Reste pour chaque commune à l’utiliser à bon escient.

Bonnes Vagues,

Cordialement, »

Christophe S.

Dernière minute : mardi 7 Octobre : l’armée appelée à intervenir pour procéder à l’enlèvement des algues : http://martinique.la1ere.fr/2014/10/07/algues-sargasses-l-armee-vient-au-secours-des-communes-196184.html

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