Suite à la succession de collisions et d’accidents de surf sérieux sur le spot de Parlementia, le Président du surf club de Guethary, Gibus de Soultrait, a souhaité faire partager son ressenti, lui-même ayant été victime il y a quelques années d’une collision grave, et inviter à la vigilance quand il y a du monde sur un spot comme Parlementia :
« Le spot de Parlementia que se partagent Bidart et Guéthary n’est plus à présenter. La vague est connue depuis les premières heures du surf en France. Longboarders, shortboarders et autres gunners y sont désormais légion, sans parler des SUP possibles . En effet, le spot n’échappe plus à l’affluence que les prévisions météo drainent, auquel s’ajoute l’impact d’une webcam sur une maison privée. Fatalité de l’évolution des choses, l’océan est à tout le monde… OK, mais cela a pour conséquence qu’aujourd’hui Parlementia est devenu un spot dangereux à cause des collisions de plus en plus nombreuses qui s’y produisent. Et si on ne compte plus les pets entre planches et petits bobos corporels, on commence à s’inquiéter du nombre de surfeurs qui partent à l’hôpital.
Samedi 6 décembre 2012, notre ami Eric Bonnamy, fidèle de Parlementia avec son shortboard bleu, bon surfeur, a été victime d’une grave collision, engendrant la fracture de 4 vertèbres. Hospitalisé plusieurs jours, Eric aura droit à un corset pendant 45 jours et trois mois d’arrêt. Heureusement, dans son malheur, il n’aura pas de séquelles.
Ce matin du 6 décembre, il faisait gris avec des vagues aux alentours de 2,50 m mais irrégulières. Un surfer de passage avec un grand gun de 10′ démarra sur une vague, en droppant sur un autre surfeur plus à l’intérieur que lui. Backside, moyennement averti, le surfeur se concentre sur son take-off tout en partant de travers et dit ne pas avoir vu Eric qui remontait sur l’épaule…
Trop confiant, Eric n’a pas anticipé au point de crier et bien qu’il ait appuyé au maximum en faisant son canard, les dérives du gun doublé du poids du gars lui sont passées sur le dos. Douleur extrême. Appel au secours. Des surfeurs autour vinrent à son aide dont trois qui le ramenèrent au port. Là Eric retrouva le surfeur de la collision. Ensemble ils minimisèrent un peu les conséquences bien qu’Eric ne se sente pas bien. Finalement le gars l’aida à s’habiller et le laissa partir seul en voiture. Souffrant trop Eric alla directement à la clinique d’Aguilera… où les radios ont été sans appel.
Sans accuser outre mesure le surfeur en question, ne pas voir au take-off ce jour-là c’est tout simplement ne pas regarder, ou alors ne pas avoir le niveau pour à la fois tout voir et maîtriser son take-off et sa trajectoire, qui plus est en “braquant” quelqu’un. Puis deuzio, même si l’homme a pu être attentionné sur la plage, au lieu de rassurer Eric en lui disant que “ça ira” et de laisser les endorphines minimiser la douleur, il aurait dû appeler les pompiers et accompagner Éric jusqu’ à la clinique. Conduire avec des vertèbres cassées, on n’ose pas imaginer le risque d’un mauvais dos d’âne…
Cet accident survient alors que sur le même spot, un mois auparavant, la surfeuse locale Isabelle Jonqua a été victime d’une terrible collision avec un longboarder alors qu’elle remontait au large. Là aussi, chance pour Isabelle qui s’en est sortie avec de grosses commotions, mais ceux qui virent l’impact ne comprennent pas comment elle n’a pas fini avec la mâchoire cassée…
Ces accidents graves ne sont pas les premiers, ni les derniers, à Parlementia comme ailleurs. Cependant la vague de Parlementia, attirante du bord, facile d’accès par une rame sur le côté, concentre toutes les grandes planches possibles et tous les niveaux qui vont avec, du plus expert au plus moyen. Et donc il y a un moment où la densité de ces planches (dont le poids, la longueur et la difficulté à manier sont réels), en plus des vagues le plus souvent assez solides, transforme le spot en une zone de tous les dangers.
Contre cela, il ne s’agit pas de réglementer ou de décider pour les autres. Un panneau de règles et de sécurité est déjà présent sur la plage. Mais au-delà de ça, ces accidents rappellent sérieusement que chacun doit mesurer son plaisir, sa prise de risque à l’aune du danger qu’il encourt pour autrui. Chacun sa quête, son “appétit de vagues”, mais pas au prix de créer du danger quand il y a du monde. Trop de take-off à plusieurs et souvent sans attention des surfeurs pouvant être en-dessous. S’il est une coutume que le surfeur qui rame anticipe et cherche à se dégager du surfeur qui surfe, rappelons qu’au nom de la loi ce dernier est responsable (comme en ski pour le skieur en amont), devant être maître de sa trajectoire comme de son “véhicule”. En cas de collision, il est dans son tort.
A Parlementia comme ailleurs, plus que jamais l’extrême vigilance de chacun envers les autres est impérative (sur la vague comme en remontant ou quand on lâche sa planche), et si l’excuse doit être de mise quand par mégarde on n’a pas tout maîtriser, les rappels à l’ordre devant des comportements dangereux doivent aussi être signifiés (et acceptés) entre surfeurs, dans l’intérêt de tous. »
Gibus de Soultrait, Président de l’Urkirola Surf Club
Photo L.Richard.
Un élu de Biarritz gravement blessé dans un accident de surf http://t.co/0c01h3dlm9 via @sudouest
— Surf Prevention (@surfprevention) 9 Décembre 2014
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