Mis en cause pour son attentisme, interpellé par le père de la dernière victime Elio Canestri et par de nombreux jeunes qui ont manifesté sur l’île (photo), l’État s’est décidé à réagir en annonçant 8 initiatives pour « accélérer et étendre la mise en œuvre du plan de réduction du risque requin à La Réunion. » Parmi ces mesures, figure l’intensification de la pêche aux requins bouledogue et tigre.

requin reunion a qui le tour

Face à la situation de crise sans précédent que traverse l’île de La Réunion, la ministre des Outre-mer, George PAU-LANGEVIN, a annoncé ce vendredi 24 Avril 2015 dans un communiqué de presse retranscrit ci-dessous, 8 initiatives pour la réduction du risque requins qui implique l’Etat et 4 ministères (Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie ; Ministère de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche ; Ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports ; Ministère des Outre-mer), les collectivités locales, les associations et les professionnels de la mer.

A l’issue d’une réunion à Saint-Paul avec les différents acteurs et partenaires locaux de la politique de réduction du risque requin, la ministre a d’abord annoncé que le budget consacré aux actions financées par l’Etat dans le cadre du plan requin passerait de 650 000 € à 1 million d’euros par an, soit 6 millions d’euros sur la période 2015-2020.

La ministre a détaillé les huit initiatives qui seront mises en œuvre avec ces moyens supplémentaires :

1) Un effort accru pour sécuriser des sites de baignade et d’activités nautiques :

Aux côtés de la Région, qui a annoncé son intention de mobiliser des fonds européens, l’Etat accompagnera financièrement les communes dans leurs investissements comme les « vigies requin renforcées », les filets de protection, voire d’autres techniques si leur efficacité est démontrée. L’objectif est de mettre en place au plus vite, et en tout état de cause dès cette année, un site sécurisé à Saint-Paul, et d’accélérer la réalisation des projets de Saint-Pierre, de Saint-Leu et de Trois-Bassins.

2) Une augmentation maîtrisée des prélèvements des requins tigre et bouledogue :

L’Etat s’engage à augmenter de 50 % les sorties en mer dans le cadre de « Cap Requins », programme ciblé de pêche de requins tigre et bouledogue réalisée par des professionnels. Cette pêche sera autorisée par le préfet à l’intérieur de la Réserve naturelle marine. Elle ne correspond cependant en aucun cas à une éradication qui est irréaliste et contraire aux engagements de la France en faveur de la biodiversité.

3) La recherche de solutions durables pour commercialiser les requins pêchés :

L’augmentation des prélèvements de requins tigre et bouledogue permettra de multiplier les analyses afin que l’ANSES puisse disposer des éléments nécessaires pour conclure au plus vite sur la possibilité de consommation humaine de la chair de requin. Pour l’heure, l’interdiction de la consommation humaine doit demeurer jusqu’à ce que le risque sanitaire (risque de ciguatera soulevé par les autorités NDLR) soit levé.

4) La préservation des équilibres fragiles au sein de la Réserve Marine :

La Réserve naturelle marine, qui répond à trente années d’alertes sur la dégradation du milieu récifal de La Réunion, ne sera en aucun cas remise en cause. Des programmes de pêche sélective et encadrée de « Cap requins » seront étendus au sein de la Réserve naturelle marine, mais l’Etat demeurera ferme sur les conditions d’exercice de la pêche de plaisance sous-marine qui ne sera pas étendue.

5) L’intensification des efforts de connaissance scientifique :

L’Etat augmentera son soutien aux programmes de connaissance et d’expertise scientifique, notamment pour étendre le réseau de stations d’écoute et mieux suivre les mouvements de squales et pour mieux évaluer les stocks de requins aux abords de La Réunion.

6) Un soutien renforcé aux associations de prévention :

Un soutien financier accru sera apporté aux associations dont les initiatives participent à la réponse globale en matière de prévention et de réduction des risques comme, à titre d’exemple, le dispositif des « missions de surveillance et de prévention » porté par l’association Prévention Requin Réunion, ou encore l’action de la fondation Surfrider, sur la qualité de l’eau et des plages.

7) L’accélération de la mise en place du centre de ressources et d’appui :

Ce centre de ressources et d’appui, dont la vocation sera de coordonner la politique de réduction du risque requin, de communiquer en direction du public et d’assurer la gestion de crise, devra être opérationnel dès cette année. Des synergies entre cette structure et la Réserve naturelle marine seront recherchées afin de favoriser une approche globale.

8) La relance du tourisme à la Réunion :
La demande d’appui des professionnels réunionnais du tourisme a été prise en compte. La prochaine réunion du conseil de promotion du Tourisme consacré aux outre-mer, que je co-présiderai en juin prochain avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international, comportera des mesures visant à assurer une promotion renforcée de la destination.

Photo AFP / Richard Bouhet.

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10 Commentaires

  1. Simon dit :

    Encore une fois , 8 mesures de Prévention secondaire… Pas un centime pour rechercher la cause primaire, pas un centime pour régler les problèmes déja bien connus et reconnus à voix basse de pollution , de stations d’épuration débordées pour ne citer qu’elles.. pas un centime dans la mise en place d’une étude non pas sur les squales mais sur l’équilibre déréglé de l’écosystème récifal réunionnais. Bref on tourne en rond en nous lançant des paillettes qui ne règleront pas le problème à la source.

  2. SOLDEVILA dit :

    8 mesures, mais j’en attendais personnellement qu’une seule: ne rien faire. Laisser faire la nature.

    Il faudrait en revanche que les humains acceptent qu’on ne reviendra jamais comme avant à la Réunion. ça veut dire accepter les conditions de surf comme elles sont actuellement, sans lever l’arrêté prefectoral, car il protège une grande partie de la population. Le monde évolue, il faut accepter ça.

    Pécher des requins ne changera rien. On peut m’annoncer avoir pécher 500 requins en une nuit (et ça c’est impossible), c’est pas pour ça que je vais me mettre à l’eau le matin suivant si elle est pas claire. Donc inutle d’en pécher un ou deux de temps en temps. C’est comme ce dispositif « pèche après attaque »: ridicule.

    Mettre des filets: pareil. Je veux qu’on laisse les spots en l’état, c’est le dernier espace de liberté qu’il me reste sur cette terre, alors n’y touchez pas.

    La dernière attaque nous a fichu un sacré coup, car on se croyait invincible le matin. Cela dit on avait décidé de ne pas se mettre à l’eau ce dimanche, mais on aurait pu tout aussi bien y aller si on le sentait bien.

    Arrêter le surf, c’est juste pas possible pour moi, mais être encore plus exigeant sur les conditions de mise à l’eau, ça c’est ce qu’il faut faire (quoique le surfeur a la mémoire courte…). ça va diminuer le nombre de sessions, mais pas le plaisir de se mettre à l’eau, et parfois avoir des vagues d’une super qualité sans qu’elles soient énormes. Et surtout, ne jamais aller à l’eau en ayant peur, parce que là ça ne signifie rien.

  3. clo dit :

    Vous parlez de laisser faire la nature, de prélever, de filet etc etc..Mais il y a t il eut ne serait-ce qu’une étude sérieuse sur les causes et non les conséquences? Surement que la nature et l’air du temps n’y sont pour rien mais surtout la modification de la nature par les activités humaines.
    Toujours est-il c’est que ce que je vois de loin depuis mon ordinateur, c’est beaucoup beaucoup de « Si », un truc bien Français.
    Bon courage à tous les réunionnais pour lesquels la situation doit être difficile à vivre.

  4. hubb974 dit :

    une BD sympa à lire qui explique bien les causes des attaques
    https://labavedukrapo.wordpress.com/2015/04/20/requinsdelareunion/

  5. Droit de réponse dit :

    Et un droit de réponse à cette BD approximative et mensongère : http://reponse-au-krapo.tumblr.com/?og=1

    • Ddjodjo dit :

      c’est ce droit de réponse qui est archi faux !! dans cette BD, il y a les sources qui prouvent les faits en bas de la page..et dans ce droit de réponse, il n’existe aucune source

  6. Kennewick dit :

    Une note de Jean-David Moreau qui explique que des solutions existent pour concilier surf et environnement :

    http://www.sharevox.net/page/sfdZ0MMdCL

  7. François Rigaud dit :

    Bonjour,
    J’ai développé une solution technique qui permettrait de résoudre le problème.
    Permettez moi de me présenter, je m’appelle François Rigaud et je travaille au CNRS depuis 24 ans dans le domaine de la construction d’instruments. Réaliser des appareils « spéciaux » est ma spécialité.
    Ce projet de « clôture » utilise une nouvelle approche qui repose sur les travaux de Ivan Pavlov. En d’autres termes, l’utilisation de l’intelligence et de la capacité d’apprentissage des requins devrait permettre de créer de vastes zones ou ils s’excluraient eux même. L’ensemble s’apparente aux clôtures électriques installées dans les champs, où les bêtes après quelques décharges, évitent soigneusement le fil conducteur.L’étude du dispositif est suffisamment avancée pour définir un budget et des délais.

    L’ensemble est écologique, non létal il respecte l’écosystème et n’a pas d’impact environnemental.

    Il semble que ma proposition n’ai pas retenue beaucoup d’attention.
    Connaissez vous un interlocuteur susceptible d’être intéressé?

    Cordialement
    François Rigaud

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