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François Lartigau : son Dernier Message aux Surfeurs

L’émotion est grande dans la communauté des surfeurs suite à l’annonce de la disparition de François Lartigau dit « Murphy », surfeur légendaire de Biarritz et Guéthary dont l’aura a largement dépassé les frontières de la Côte Basque. François Lartigau s’est éteint ce mardi 13 décembre 2016 à l’âge de 67 ans des suites d’un cancer.

Il a laissé un message écrit que je crois utile à partager en ces temps où l’ambiance se dégrade sur les spots de la Côte Basque. Il y évoque son spot de cœur de Parlementia où lui a été rendu un dernier hommage et donne une leçon de partage et de respect entre surfeurs :

« La dernière vague que je viens de prendre était longue, tordue, d’une force inouïe, incroyable ! Elle m’a beaucoup apporté et je savais que j’avais la force d’y aller… et ce jusqu’au bout.

Je ne voulais pas partir sans dire au revoir à tous les guerriers de ma tribu avec qui je partage les différentes magies de cet endroit. On peut l’appeler Parlementia, on peut l’appeler Guethary, de toute façon cette vague était là bien avant que l’homme ne parle.

C’est un cadeau qu’il faut savoir partager. Pas toujours facile mais si tout le monde y met du sien, en montrant l’exemple vous pourrez y arriver, c’est comme dans la vie.

Il faut apprendre à donner pour recevoir.

Les anciens doivent montrer l’exemple aux jeunes et les jeunes doivent respecter les anciens.

Prendre toutes les vagues ne sert à rien, en laisser aux autres est très important.

Il faut apprendre à surveiller les plus faibles, garder un œil sur ceux qui peuvent être en difficulté, leur donner des conseils. Si quelqu’un perd sa planche il faut aller la chercher pour lui.

Cet endroit reste très famille, mais il peut devenir aussi un endroit dangereux. Nous avons beaucoup de chance d’avoir un terrain de jeu pareil. Je suis un privilégié, j’ai pu l’exploiter sous toutes ses formes pendant plus de 53 ans.

Maintenant je laisse ma place au « take off » et je vous souhaite à tous, d’aimer cet endroit comme je l’ai aimé.

Profitez-en, partagez et soyez conscients du privilège que vous avez d’avoir une vague pareille dans votre jardin. »

—François Lartigau

Personnellement, j’ai toujours entendu parler de « Murphy » à la maison qui était de la même génération de « tontons surfeurs » que mon père. Je me souviendrai toujours de l’avoir vu pour la première fois glisser sans effort sur des petites vagues à la Côte des Basques : pas de figure inutile, pas de mouvement parasite, mais un sens aigu de la glisse et de la lecture de vague qui reste encore gravé dans ma mémoire 20 ans après. Depuis, nous nous croisions dans l’eau et même s’il me taquinait sur ma pratique du SUP, c’était toujours un plaisir de voir ce grand monsieur du surf.

Gibus de Soultrait se souvient de son ami : « dans les années 60 avec son frère Jean-Marie, Murphy (surnom tiré de la mascotte de Surfer Magazine qu’il dessinait à tout bout de champ) briguait les podiums jusqu’à décrocher un titre de champion de France en 1969. Il savourait aussi, aux Beaux Arts à Bayonne comme au bar du Steak House à Biarritz, la belle liberté qui soufflait sur la jeunesse d’alors depuis Mai 68. Il partageait les sessions avec les surfeurs (champions ou non) étrangers de passage et en tira l’envie le voyager. L’Australie fut sa terre d’élection pendant ces 70’s surf on the road et on the side. Un voyage rocambolesque dans un bateau de migrants le mena là-bas, avec une étape de quelques mois sur un spot magique encore méconnu du nom de Jeffreys Bay, en Afrique du Sud. Parmi les pionniers de Bali, il fit de l’île son évasion régulière, à l’époque où le beamon, le nasigoreng et la marche secrète à Uluwatu faisaient le rythme de la journée de surf. En Australie, il exerçait son talent artistique dans la déco des planches, et bien que backside dans ce paradis de droites qu’est la Gold Coast, il brillait en single fin dans les vagues. Début des années 80, il revint en France et participa à l’aventure des premières heures de Quiksilver à Saint-Jean-de-Luz avec ses dessins qui firent les t-shirts de la marque pendant plus deux décennies. La Côte des Basques, Parlementia, les Alcyons étaient ses spots favoris, refuges impérissables d’une vie affective un peu rock, “surfeur de père” de Sebastien puis de Camille et Martin qu’il a eus dans son cœur et chéris jusqu’au bout, avec une tendresse manifeste, sous la peau du guerrier parfois un peu fanfaron. »

Photo Greg RABEJAC.

Ses amis et ses proches lui ont rendu un dernier hommage dans l’eau le vendredi 30 décembre 2016 sur ce spot de Parlementia qu’il aimait tant (Photos Jasper Sanders et Maurice Rebeix).

Surfing Moments Teaser from Editions Atlantica on Vimeo.

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