Depuis lundi 22 février 2010, l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle teste des scanners corporels pour des vols en partance pour les Etats-Unis dans le but de renforcer la sécurité dans les avions dont les lacunes ont été mises en lumière par l’attentat manqué d’un jeune nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, sur le vol Amsterdam-Détroit de la Northwest Airlines le 25 décembre 2009.
Les voyageurs qui prennent fréquemment l’avion, comme les surfeurs qui partent régulièrement en surf trip, se posent des questions sur ces fameux scanners corporels. Je vais vous donner des éléments de réponse pour les deux questions qui nous taraudent le plus.
Les scanners corporels présentent-ils un risque pour la santé ?
D’après l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, les scanners corporels à rayons X « backscatter X-Ray », utilisés dans certains aéroports américains, ont un faible impact en termes de dosimétrie : la dose reçue par un passager au cours d’un contrôle est très faible. La dose efficace est inférieure au microsievert, largement inférieure à l’irradiation naturelle moyenne en France (2500 microsievert / an). L’exposition d’une personne pendant un contrôle équivaut à une ou deux minutes de vol à haute altitude, du fait de l’exposition au rayonnement cosmique. Il faut noter cependant que les rayonnements ionisants utilisés par ces scanners engendrent une exposition de la peau et des organes superficiels comme les seins, les testicules, la thyroïde ou le cristallin de l’oeil.
Ces doses paraissent extrêmement faibles voire négligeable mais le principe de précaution en matière de radioprotection implique de les éviter si leur utilisation ne se révèle pas être indispensable ou s’il existe des technologies alternatives : dans cette optique, l’IRSN recommande de préférer les scanners corporels à ondes « millimétriques » type Provision aux scanners à rayons X. Ces technologies permettraient une détection presque aussi performante sans utiliser les rayonnements ionisants (cf. avis de l’AFSSET, l’Agence française de sécurité sanitaires de l’environnement et du travail). C’est bien un scanner corporel à ondes millimétriques (type ondes radio) qui est expérimenté à l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle ; ce type de scanner ne présenterait a priori aucun danger pour la santé humaine.
On base le raisonnement sur le principe que moins les ondes sont énergétiques, moins elles sont dangereuses – a priori. Il faut savoir que nous sommes exposés en permanence au rayonnement électro-magnétique, mais que les ondes radio ont une énergie inférieure à celle de la lumière naturelle. Pas de raison de s’inquiéter donc.
Les scanners corporels permettent-ils de déshabiller les gens ?
Quand on passe dans un scanner corporel, les personnes qui analysent les images ne reçoivent pas une photographie de la personne nue (voir images obtenues avec le scanner Provision ci-dessus). Les images reçues par le contrôleur sur son écran d’ordinateur ne sont qu’une représentation en 3 dimensions des formes et des volumes du corps de la personne analysée. Un corps étranger, et notamment une arme, peuvent être devinés et déclencher une fouille manuelle.
Le scanner corporel évite la palpation manuelle justement pouvant être vécue comme intrusive. Il n’occulte pas totalement les questions concernant le respect de la vie privée. En effet, ce système permet de voir des formes et pourrait donc permettre d’apprécier la silhouette de la personne. Il semble que les scanners à ondes millimétriques offrent une image moins proche de la morphologie réelle de la personne que les « backscatter ».
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’est penchée sur la question et a émis des recommandations.