On n’est pas passé loin du drame aujourd’hui sur le spot du Port-Vieux à Biarritz. Dans une mer démontée, impraticable pour le surf, les nageurs irréductibles du club des Ours Blancs sont allés effectuer leur séance de natation quotidienne. Celle-ci a très mal tourné pour l’un d’entre eux alors qu’il se baignait à pleine marée haute. Cet homme de 49 ans, en pleine forme physique, a été emporté par le courant au niveau de l’un des endroits les plus dangereux de Biarritz : « Le Trou du Diable », une espèce d’excavation rocheuse au pied de la Villa Belza où les vagues viennent se fracasser dans cet entonnoir qui décuple leur puissance, comme le montrent les photos prises par Claude Thétaz, le nageur-photographe officiel des Ours Blancs.
Le nageur en détresse venait de subir récemment une chirurgie au niveau d’un genou qui lui interdisait le port de palmes. Il s’est quand même mis à l’eau avec des gants palmés pour se propulser. Derrière le plongeoir du Port-Vieux, le jus l’a donc attiré dans le pire endroit. Quand ses collègues des Ours Blancs se sont rendus compte de sa disparition, ils ont immédiatement appelé les secours sur l’initiative de Paul Daraignez le président du Club. Ils ont eux-mêmes essayé de sauver le malheureux en lui lançant une bouée et un filin. Mais les turbulences provoquées par les vagues énormes empêchaient le nageur de s’y accrocher.
La Police est arrivée sur les lieux juste avant les Pompiers avec notamment l’excellent nageur David Dubès, récent vainqueur de l’Open de surf de la Police Nationale qui était miraculeusement de service à ce moment-là. N’écoutant que son courage, David s’est jeté à l’eau en slip de bain pour sécuriser le nageur qui était au bord de l’épuisement. Il l’a sorti de la zone d’impact contre les rochers pour le ramener à un endroit où l’hélitreuillage serait possible. David a été rejoint dans l’eau par deux sapeurs-pompiers en combinaison.
Cédric du site Internet Surfingulls.com, témoin de la scène raconte l’intervention : « Alerté par les sirènes des pompiers et par l’hélicoptère qui tournait autour de la Côte des Basques, les badauds se sont pressés vers midi au pied de la Villa Belza qui surplombe la Côte des Basques. A cet endroit, un nageur parti nager depuis la plage du Port Vieux, s’est fait prendre par les puissantes déferlantes qui frappent en ce moment même la côte basque. Privé d’échappatoire, le nageur, pourtant en très bonne condition physique, s’est retrouvé coincé entre la falaise et les vagues, tentant des canards improbables pour éviter de se faire projeter contre les rochers. Dans ces conditions, et puisque le nageur ne possède aucune protection (ni casque ni combinaison mais un simple maillot de bain), l’intervention des secouristes devait se réaliser en un minimum de temps, d’autant que l’eau est à environ 15°C. L’hélicoptère se met alors en vol stationnaire au dessus de la brèche dans laquelle est coincé le nageur. A noter que les sauveteurs n’avaient pas pied et que leur seul objectif était de ne pas se faire fracasser contre les rochers. La manœuvre est délicate car l’espace est réduit. Les secouristes, guidés par les pompiers au sol, envoient alors une bouée de sauvetage attachée à un câble. Le nageur s’y glisse et remonte. Il semble saigner de la tête mais il est conscient. La bonne organisation des secouristes, et malgré un afflux majeur de passants venus assister à la scène et qui gènent la manoeuvre, permet de sortir rapidement le nageur en détresse. Le dernier secouriste à devoir être remonté se dirige au large et après plusieurs canards sous des mousses puissantes, se fait hélitreuiller à son tour au large du port vieux, face au rocher de la vierge. » Pour la petite histoire, notre surfeur-sauveteur aurait perdu son maillot dans l’océan en furie et se serait fait remonter nu par l’hélicoptère.
Le nageur a finalement a été récupéré choqué, en état d‘hypothermie avec plusieurs plaies profondes au niveau de la tête, au menton et au front, qui ont nécessité une suture aux Urgences de la Clinique Aguilera à Biarritz. Par chance, le nageur n’a pas perdu connaissance suite à ces traumatismes crâniens contre les rochers qui auraient pu entraîner la noyade et la mort.
Comme le souligne Cédric : « cette mésaventure nous prouve à nouveau qu’il ne faut pas sous estimer une seule seconde la puissance de l’océan. Malgré l’expérience du nageur, il aurait pu y laisser sa vie. L’histoire se termine bien. Elle aura nécessité tout même l’intervention de la Police, des pompiers terrestres, d’un hélicoptère et d’un jet ski parti du Port des Pêcheurs. »
Photographies : copyright Claude Thétaz.
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