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Le Surf : une Solution pour lutter contre la Violence des Jeunes ?

J’ai reçu récemment cet e-mail sous forme de question intitulée « Le surf, l’océan des solutions pour diminuer la violence ?‏ » de la part d’un internaute de Surf Prévention qui demande si le surf et l’océan peuvent être une solution contre la violence des jeunes. Je vais tenter de donner un début de réponse à ces interrogations, mais rien ne vous empêche de donner également votre avis dans les commentaires de cet article. Voici ce qu’il m’a écrit :

« Bonjour, je suis actuellement en fin de formation d’éducateur et je me lance dans la rédaction d’un écrit sur la violence des adolescents mineurs délinquants (je travaille dans un Centre éducatif renforcé des Pyrénées-Atlantiques). Nous accueillons des mineurs délinquants en séjours de rupture de 3 mois et la violence est une problématique majeure. Je m’interroge donc sur les accompagnements éducatifs que nous pourrions mettre en place afin d’amenuiser cette violence chez des jeunes qui sont en souffrance, les passages à l’acte étant une conséquence d’un mal être. Je me suis rendu compte à quel point ils étaient mal dans leur peau, angoissés par l’avenir, par leurs problèmes, ne sachant pas comment se poser et calmer leur énervement.

Pratiquant le surf quotidiennement, je sais à quel point l’océan et le surf sont des atouts dans la maîtrise du corps, peuvent amener un bien-être inimaginable. Pensez-vous, au regard de vos recherches et de votre écrit, qu’un accompagnement via l’océan et le surf peuvent contribuer à réduire cette violence chez les jeunes ? Étant étudiant, je ne peux malheureusement pas me payer votre ouvrage, bien que j’ai déjà lu le 1er et suit assidument votre blog. Je viens donc vers vous pour avoir des éclaircissements sur cette approche que je trouve plus qu’intéressante, la thérapie par le médicament n’étant pas un objectif prioritaire avec des adolescents.

Dans l’attente d’une réponse et d’éclaircissement de votre part, Surfistiquement. Sébastien. »

Réponse de Guillaume Barucq, auteur du livre « Surf Thérapie, se soigner au contact de l’océan » :

Cher Sébastien,

Merci de poser une question aussi intéressante que celle de la prévention de la violence par l’océan. De toutes les vertus que possède l’océan, s’il y en a bien une qui prédomine, c’est sa capacité à nous calmer. On peut observer le phénomène même chez l’homme le plus agressif et tourmenté. Les vertus sédatives de la mer sont d’ailleurs à l’origine de la thalassothérapie, à une époque où on emmenait se baigner les aliénés dans les eaux de la Grande Plage de Biarritz pour apaiser leurs tourments. L’océan pourrait – à mon sens – trouver une place dans la prise en charge de jeunes délinquants ayant des problèmes d’agressivité.

Avant toutes choses, il faut bien se rendre compte que la plupart de ces jeunes sont des personnes comme vous et moi, mais qui n’ont peut-être pas eu la chance de connaître la même enfance. C’est important de le préciser car certains de nos politiques aiment à nous faire croire aux « sauvageons », des jeunes qui seraient foncièrement mauvais et qu’il faudrait mater. Quand on s’intéresse à l’histoire de vie de ces jeunes, on se rend compte que leur existence n’a pas été un long fleuve tranquille : problèmes familiaux, problèmes d’argent, échec scolaire, difficultés d’insertion sociale, difficultés pour trouver un emploi… et la plupart d’entre eux évoluent dans un environnement où leur épanouissement est quasi impossible.

Le taux de délinquance n’est certainement pas le même dans la population des jeunes surfeurs de Biarritz que dans celle des jeunes d’un quartier sensible de banlieue d’une grande ville. D’un côté la vie facile, le soleil, l’air marin ; de l’autre galère, grisaille, pollution, environnement urbain hostile… C’est un peu ce qui se dit dans le clip de Calogero et Passi posté ci-dessous qui illustre bien cette problématique : « Face à la mer, j’aurais dû grandir… »

Certains jeunes ont en plus des problèmes psychiatriques et/ou d’addiction surajoutés qu’il faut savoir repérer et prendre en charge. Mieux vaut privilégier des activités en milieu naturel autant que faire se peut ; à commencer par une activité physique régulière qui est le meilleur dérivatif à la violence. Tous les sports n’ont pas les mêmes vertus apaisantes : je crois même que certains sports violents peuvent accroître l’agressivité. Plutôt que de proposer un stage de boxe ou de rugby, je proposerais donc à ces jeunes un stage de surf pour ses vertus relaxantes.

Le surf sert à faire comprendre que le sport n’est pas forcément une confrontation, un duel contre quelqu’un. On peut toujours essayer de se battre contre l’océan mais on se rend vite compte que c’est peine perdue car c’est toujours lui le plus fort. On apprend alors à évoluer en harmonie avec l’océan. En surf, il y a très peu de règles, pas de limites et le seul arbitre est l’océan. Tu peux toujours l’insulter, lui cracher dessus ou cogner dedans, ce sera toujours lui qui aura le dernier mot et qui imposera le respect.

Cela ferait donc le plus grand bien à ces jeunes de leur faire découvrir cette relation saine que l’on peut avoir avec l’environnement naturel qu’est l’océan. Pour certains, le premier contact avec le surf constituera un déclic, pour les autres le surf leur donnera un avant-goût de liberté. Car c’est surtout de liberté dont ces jeunes manquent. Ils se sentent enfermés dans leur vie et ont parfois l’impression qu’il n’y a pas d’issue vers un avenir plus prometteur. Les « remèdes » proposés contre la violence des jeunes sont contre-productifs quand on leur impose un enfermement. Pour éviter d’aggraver leur frustration, il faudrait au contraire arriver à leur offrir une liberté encadrée.

On peut espérer des bénéfices pour ces jeunes à condition de leur apprendre le surf avec ses valeurs positives, et ne pas les faire rentrer dans la logique de territorialisme et de localisme agressif de certains. Car ne nous voilons pas la face : chez les surfeurs aussi il y a des voyous, des délinquants, que ce soit à Hawaii, en Australie ou même sur les côtes européennes. Certains surfeurs racontent néanmoins qu’ils ont évité la délinquance grâce au surf. A Hawaii, où la violence chez les jeunes est préoccupante, le surf constitue l’une des seules échappatoires.

En résumé, je recommanderais à ces jeunes un programme de surf thérapie associant marche ou jogging dans le sable, nage et bodysurf dans les vagues et initiation au surf par des moniteurs capables de les tenir et de canaliser leur énergie. Il pourraient en retirer comme nous tous les bienfaits pour le corps et pour l’esprit d’une activité physique pratiquée au contact de l’océan que je décris dans le livre. On peut ajouter à cela le pouvoir de socialisation du surf qui est un facilitateur de rencontres et d’interactions entre les pratiquants. Je te conseille de te rapprocher de l’association Surf Insertion qui a le plus d’expérience dans ce domaine et qui travaille aussi bien avec les centres d’animation des quartiers qu’avec des centres d’éducation renforcés ou fermés : ils font découvrir chaque année le surf à des jeunes venant des cités, de zones rurales…où ils n’auraient jamais eu l’occasion de surfer.

Guillaume Barucq.

Lire aussi l’article le surf : une activité physique pour le plaisir.

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