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Réouverture des plages sous haute surveillance à La Réunion

A l’heure où vous lirez ces lignes, les plages de Boucan-Canot et des Roches Noires auront probablement réouvert leurs eaux à la baignade. Les 4 attaques de requins survenues cette année ayant conduit aux décès d’Eddy Aubert, de Mathieu Schiller et à l’amputation d’Eric Dargent ont lancé un débat très passionné pour savoir quelles étaient les meilleures solutions à apporter pour prévenir les risques.

Premier constat : il n’y a pas de solution miracle. Chaque méthode a ses avantages et ses limites. Entre l’immobilisme des uns qui veulent « laisser faire la nature », le pragmatisme des autres qui veulent des mesures radicales immédiatement efficaces, la fin de non recevoir opposée par des associations environnementales prêtes à en découdre si on touche au museau d’un seul squale…on comprend aisément qu’il ne sera pas facile de faire bouger les choses. Mais pour le tourisme, les commerces de plage et les écoles de surf, le temps presse…

Qu’est-ce qui a changé depuis la dernière attaque ? Pas grand-chose si l’on excepte le prélèvement d’un petit requin bouledogue le 29.09.2011 à des fins d’analyses scientifiques. Des moyens de surveillance renforcée ont été mis en place. Nous allons faire un tour d’horizon des mesures qui pourraient être prises pour renforcer la sécurité.

La surveillance : cette méthode a déjà été éprouvée en Australie et en Afrique du Sud. La dernière attaque de requin en Afrique du Sud la semaine dernière nous a d’ailleurs montré à quel point leur système de surveillance était perfectionné (même s’il ne peut rien contre l’imprudence des gens…). Grâce à des Shark Spotters, les surfeurs et baigneurs sud-africains sont prévenus par une sirène, un drapeau spécifique et des alertes SMS sur leurs téléphones portables dès qu’un squale s’approche d’une plage surveillée par ce système. Un système de surveillance existe également en Australie. Mais à la différence de ces deux destinations, La Réunion n’offre pas le contraste du requin sombre sur du sable blanc de par la nature de ses eaux qui deviennent rapidement profondes. Néanmoins c’est bien la surveillance qui sera privilégiée pour cette réouverture des plages pendant les vacances scolaires : équipes de sauveteurs renforcées, survol des plages par hélicoptère, patrouilles en jet-skis et zodiac pour passer l’alerte dès que possible. Plusieurs bémols à cette surveillance renforcée : quelle sera son efficacité réelle quand on sait qu’un requin bouledogue nage en profondeur ? Avant une attaque, on ne voit malheureusement pas toujours l’aileron du requin décrire des cercles concentriques autour de sa proie comme dans les dessins animés… Ajoutons-y le coût, la pollution occasionnée et l’incertitude sur le maitien à long terme d’un tel dispositif et l’on comprendra que cette solution n’est pas la panacée.

les études scientifiques : indispensables, elles prendront du temps et ne devraient pas apporter de « solutions » avant plusieurs mois. Deux études scientifiques seront lancées : l’une portera sur une meilleure connaissance des requins dans la zone (voir le reportage sur la géolocalisation sous-marine des requins dans la vidéo Youtube ci-dessous), l’autre sur les moyens de prévention à mettre en œuvre. Ces études seront cofinancées par l’État et la Région. Les conclusions de ces travaux seront rendues publiques.

les Shark Shields collectifs : c’est l’une des mesures annoncées . Si le mode de fonctionnement de ces dispositifs est séduisant en théorie, leur efficacité totale en situation dans le milieu marin reste à démontrer suite aux différents incidents évoqués dans l’article de Renaud Daron sur le sujet.

Quels autres moyens possibles pour prévenir les attaques ?

les filets : souvent évoqués, ils présentent de nombreux désavantages. Non sélectifs, il piègent aussi bien les dauphins que les tortues marines ou les requins. Les requins peuvent toujours les contourner ou passer par-dessus. Il est même arrivé que des requins se retrouvent bloqués par des filets…du mauvais côté, côté plage ! Les fonds qui tombent à pic sur l’Ile de La Réunion privée de plateau continental, se prêtent fort peu à leur installation.

les drumlines : ces dispositifs sont beaucoup plus sélectifs pour capturer les espèces de requins potentiellement dangereux pour l’homme. Il s’agit d’une espèce de ballon relié à une ancre et à une ligne appâtée qui attire un requin qui passe dans les parages. Si le requin mord à l’hameçon il est piégé. Mais il est arrivé que le requin passe son chemin et aille attaquer un peu plus loin comme dans ce cas d’une attaque mortelle d’une jeune femme en 2006 à Amity Point en Australie où les drum lines n’avaient pas joué leur rôle.

On voit qu’aucun de ces différents moyens n’offre une sécurité totale et que leur présence peut même parfois rassurer faussement. Toutes ces solutions ne sont que des traitements palliatifs qui ne s’attaquent pas aux causes réelles ; surpêche au large, pollution des eaux de baignade, gestion de la réserve marine, emplacement du parc à poisson…autant de pistes suggérées par des spécialistes de la mer locaux comme facteurs potentiels de la modification soudaine du comportement des requins dans cette zone jusque-là épargnée par les attaques.

La meilleure prévention pour le moment consiste à connaître les différents facteurs de risques d’attaque et d’interdire la baignade quand le risque est trop élévé.

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