En voyant évoluer Roy Stewart sur les vagues, on se rend tout de suite compte qu’on a affaire à un surfeur original : barbe, cheveux longs, planche de surf extravagante, combinaison rouge… Roy ne se départit jamais de son casque Gath pour protéger son crâne de l’impact de ses lourdes planches de surf en bois.
On pourrait se dire que Roy est l’un de ces marginaux que l’on trouve parfois sur les spots de surf. En fait, Roy Stewart se présente plutôt comme un « aristocrate du surf ». Même s’il paraît un brin imbu de sa personne et de son concept de retour à « l’essence du surf », sa philosophie de vie est loin d’être inintéressante.
Pendant que la plupart des shapeurs s’échinent à fabriquer des planches de surf à la chaîne avec des marges dérisoires par rapport au travail fourni, Roy Stewart adopte la méthode inverse. Il peut passer 4 ans à shaper une seule planche mais il la vend au prix fort : il détient le record de la planche de surf la plus chère du monde mise à prix pour plus de 500.000 dollars ! Il lui suffit presque d’en vendre une seule pour surfer tranquille le restant de ses jours…
Le modèle Baron de 12 pieds (voir photo) avec sa dérive très particulière a une valeur de 528.000 dollars ! L’engin pèse quand même plus de 20 kilos (d’où l’intérêt de le surfer avec un casque).
Roy Stewart est décrit sur son site Internet comme une personnalité artistique majeure, un génie du design qui n’a de cesse d’appliquer les grands principes hydrodynamiques à sa quête perpétuelle du surf le plus pur. Il se pose constamment la question : « Qu’est-ce qui est essentiel au surf ? »
Roy Stewart ne jure que par le bois, qui est le matériau parfait pour fabriquer des planches. Pour lui, les planches shapées à base de mousse sont une hérésie. Il considère qu’après avoir surfé du bois, la mousse n’a plus aucun intérêt. Surfer des planches à base de pain de mousse serait aussi incongru que de jouer du violon en mousse. Roy Stewart utilise exclusivement du bois de Paulownia, le bois utilisé pour les planches alaia.
Les Planches Roy Stewart ont un faible ratio épaisseur sur longueur. Les planches ont généralement une surface de glisse importante, beaucoup de rocker à l’avant, un tail étroit et une dérive hors du commun. Chaque modèle a l’empreinte du maître mais il peut être personnalisé selon les désidératas du client.
Roy Steewart shape des planches pour les Rois du Surf, comme celles qu’utilisaient les Hawaiiens dans les temps immémoriaux. Il revendique des planches de surf les plus avancées au niveau hydrodynamique. « Quand une planche Roy Stewart glisse sur l’eau, le monde s’arrête. » Rien que ça. Il essaye d’apporter par son travail sur les planches qu’il shape la vitesse maximale, une impression de voler, une unité avec l’énergie de la vague et une efficience idéale.
Par son travail de shape, il essaye de rendre au surf son essence vitale, celle qui avait « plus de valeur aux yeux du Duke Kahanamoku que les médailles olympiques de natation qu’il avait remportées ». Stewart considère que le surf actuel a oublié les valeurs essentielles : « Ce n’est plus qu’un zoo, un cirque rempli de singes savants qui connaissent le prix de tout mais n’arrivent à comprendre la valeur de rien. »
Roy Stewart vit en Nouvelle-Zélande où il avait l’habitude de surfer dans la baie de Plenty (là où vient d’avoir lieu la marée noire du Rena).
Roy Stewart a sa vision de ce que devrait être le surf, ou plutôt de ce qu’il ne devrait pas être : « Le Surf Pur, c’est une chose Zen. Le seul but est de prendre des vagues. C’est une victoire de l’esprit sur l’ordinaire et le raisonnable. Le surf pur n’est pas raisonnable. Il est primitif . C’est un non-état de conscience libéré de toutes les distractions pseudo rationnelles, sociales et mentales qui sont habituellement utilisées pour justifier ou normaliser la glisse sur les vagues. La civilisation impose un contexte social au surf avec des règles, des compétitions, des écoles de pensée, de style, de statut, avec l’exigence d’une expression personnelle émotionnelle ainsi que la banale exigence d’avoir du ‘fun’. Toutes ces choses occultent l’envie primaire. Faire abstraction de tout cela permet de se retrouver dans un état où il n’y a pas de raison de surfer. C’est cela la clé : il n’y a pas besoin de de se trouver des raisons pour faire du surf. »
Quand il voit ce que le surf est devenu, il peste contre toutes les disciplines dérivées du surf (shortboard, longboard, alaia, SUP…) qui ont besoin de figures pour exister : « Enlevez toutes ces figures de surf qui servent à rapporter des points en compétition, et vous retrouverez le vrai surf. »
Roy Stewart considère que l’esprit du surf se perd dès le plus jeune âge : « Tous les enfants sont de purs surfeurs au départ. Les gamins ont cette innocence et cet enjouement naturels. Quand ils débutent, ils sont l’essence même de l’esprit du surf. Mais comme la plupart des enfants sont facilement influençables, ils suivent des modes, et ils ont besoin d’appartenir à un groupe. Cela fait d’eux des proies faciles pour les psychologues du marketing. Quasiment chaque attitude des surfeurs est analysée scientifiquement par des équipes de marketing qui les utilisent pour détourner les consciences pour faire du profit. Ces gamins suivent alors les ordres des marques. La plupart ne retrouvent jamais l’innocence de leurs débuts en surf. Il peuvent y arriver malgré tout en arrêtant d’être un « surfeur » et en se remettant à prendre simplement des vagues. » C’est ce qu’essaye de faire Roy Stewart dans sa recherche du surf le plus pur…
Plus d’infos : www.olosurfer.com et http://olosurfer-woodensurfboardsatpipeline.blogspot.com/
Source : Daily Stoke.
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